Ces prix Nobel de la paix qui ont changé le monde

Remis chaque année depuis 1901, le prix Nobel de la paix est régulièrement au cœur de toutes les passions et les controverses. Puisqu’il récompense « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix », son lauréat ne peut que marquer l’Histoire d’une pierre blanche. La preuve par 10.
Malala Yousafzai
John Tlumacki/The Boston Globe via Getty Images
Malala Yousafzai – prix Nobel de la paix 2014

L’histoire de cette adolescente – aujourd’hui âgée de 20 ans – a ému le monde entier. Dès son plus jeune âge, Malala Yousafzai, née au Pakistan dans une famille éduquée et militante, rêve de devenir médecin, alors que son père, poète et défenseur du droit à l’éducation, la pousse vers la politique. À 11 ans, la jeune fille se fait connaître en témoignant de sa vie d’enfant sous le régime des talibans, dans un blog publié sur la BBC. D’abord sous pseudonyme, sa véritable identité sera ensuite dévoilée mais mènera à un tragique événement. À la sortie de l’école, Malala est la cible d’une tentative d’assassinat. Une balle traverse sa tête et son cou mais, plongée dans le coma, l’adolescente en ressort saine et sauve. « Le jour où tout a changé fut le mardi 9 octobre », écrira-t-elle plus tard dans son autobiographie. La médiatisation de cette histoire permet alors à Malala de devenir un porte-drapeau pour le droit à l’école. Le 12 juillet 2013, alors qu’elle n’a que 16 ans, elle lance à l’ONU un appel à l’éducation pour tous les enfants. Un an plus tard, elle reçoit le prix Nobel de la paix, remis conjointement à Kailash Satyarthi qui s’est également battu contre l’oppression des enfants.

Barack Obama – prix Nobel de la paix 2009

Est-il nécessaire de présenter celui qui fut l’un des plus charismatiques présidents des États-Unis ? En 2009, seulement quelques mois après son élection, Barack Obama se voyait attribuer le prix Nobel de la paix. Non pas parce qu’il était le premier Afro-Américain à la Maison Blanche, mais « pour ses efforts extraordinaires en faveur du renforcement de la diplomatie et de la coopération internationales entre les peuples », selon les propres mots du jury à Oslo. À l’époque, certains avaient jugé cette récompense « prématurée ». (Jewel Samad/AFP)

Aung San Suu Kyi – prix Nobel de la paix 1991

Depuis plusieurs semaines, l’icône birmane est dans la tourmente. Certaines voix s’élèvent même pour qu’on retire son prix Nobel, reçu en 1991, à cette ex-madone de la démocratie. En 1988, Aung San Suu Kyi crée, avec les anciens généraux Aung Gyi et Tin Oo, un nouveau parti, La Ligue nationale pour la démocratie, pour faire tomber le régime du général Ne Win. Mais en juillet 1989, elle est arrêtée par la milice du gouvernement et assignée à résidence durant six ans. Pendant cette période, Aung San Suu Kyi continuera malgré tout son combat et recevra, en 1991, le prix Nobel de la paix, qu’elle ne pourra honorer qu’en 2012 à Oslo. Libérée en 2010, elle est enfin élue députée en 2012 et annonce, en 2013, qu’elle brigue la présidence de la République. Mais puisqu’elle est mariée à un étranger, la constitution birmane lui interdit de se présenter. Proche du président Htin Kyaw, elle est aujourd’hui à la tête de tous les ministères importants. Mais face aux accusations d’opérations militaires contre les Rohingyas en Birmanie, la communauté internationale se demande si la Dame de Rangoun est encore un modèle de paix…

Willy Brandt – prix Nobel de la paix 1971

Né en 1913 à Unkel en Allemagne, Willy Brandt fuit en Norvège face à la montée du nazisme. Il ne remet les pieds dans son pays d’origine qu’en 1945 et s’engage rapidement en politique. Son cursus honorum est fulgurant : député, maire de Berlin-Ouest, ministre des Affaires étrangères, il brigue la chancellerie à deux reprise, mais n’y sera élu qu’en 1969. Son prix Nobel en 1971 vient récompenser sa politique d’ouverture et de conciliation avec la RDA et l’Europe de l’est. Une initiative qui fut appelée « Ostpolitik ».

Mère Teresa – prix Nobel de la paix 1979

Malgré une image aujourd’hui entachée par quelques critiques, la sainte de Calcutta demeure un symbole de son époque. Religieuse chez les sœurs de Notre-Dame-de-Lorette, elle part en Inde en 1929, où elle devient enseignante, avant de consacrer entièrement sa vie aux pauvres et aux malades. Elle fait la classe aux enfants des rues, ouvre des écoles dans les bidonvilles et soigne les mourants. En 1950, entourée de plusieurs jeunes filles l’érigeant en modèle de bonté, Mère Teresa fonde la congrégation des missionnaires de la Charité, qui vit dans le plus simple dénuement. Forte de sa médiatisation, la religieuse qui côtoie tous les plus grands de ce monde, de Lady Di à Nancy Reagan, reçoit le prix Nobel en octobre 1979, qu’elle accepte « au nom des pauvres ».

Martin Luther King – prix Nobel de la paix 1964

Le destin de ce pasteur, lui-même fils et petit-fils de pasteur, bascule le 1er décembre 1955 quand Rosa Parks refuse de céder sa place à un blanc dans un autobus de Montgomery. Martin Luther King prend alors la tête d’un mouvement de soutien et lance un boycott de la compagnie de bus, qui durera un an et sera couronné par une victoire juridique. Il fonde ensuite, avec une dizaine de personnalités noires du sud des États-Unis, une organisation nationale, le SCLC, et lutte pour les droits civiques des noirs. Le 28 août 1963, à la tête de la marche de Washington pour le travail et la liberté, il prononce le célèbre « I have a dream ». Un symbole qui participera au choix du jury du Nobel de lui décerner un prix en 1964.

Bertha von Suttner – prix Nobel de la paix 1905

Bertha von Suttner – ou comtesse Kinsky von Chinic und Tettau ou encore, baronne von Suttner – est la septième récipiendaire du Nobel de la paix dans l’Histoire mais surtout la première femme à avoir cet honneur. Descendante d’une famille noble mais rapidement ruinée, elle se fait d’abord engager comme gouvernante, avant d’être, pendant une courte période, la secrétaire d’Alfred Nobel en personne, dont elle restera une proche amie. Mais ce n’est pas par « copinage » que Bertha von Suttner a reçu ce prix. Mariée à un écrivain désargenté, elle écrit de nombreux romans pacifistes et crée une « société de la paix de Venise » et une société pacifiste autrichienne. En 1899, elle participe même à la préparation de la première conférence de La Haye. C’est donc une vie dédiée aux droits des femmes et à la paix qu’a récompensé le Nobel.

Chirine Ebadi – prix Nobel de la paix 2003

Son prix Nobel, reçu en 2003, a donné un nouvel éclairage à son combat. En 1974, elle est la première femme à être nommée juge dans son pays, l’Iran. En proie à la révolution de 1979, elle est contrainte de quitter son poste mais continue de militer pour faire évoluer son pays et pour le droit des femmes. En 2001, deux ans avant cette récompense, elle fonde, à Téhéran, le centre des défenseurs des droits de l’Homme. Des initiatives qui en font tousser plus d'un dans son pays, d’autant plus quand elles sont l’œuvre d’une femme.

Nelson Mandela – prix Nobel de la paix 1993

Après avoir lutté de longues années contre l’apartheid, en tant qu’avocat ou à la tête du Congrès national africain, Nelson Mandela est arrêté, en 1962, par la police sud-africaine avant d’être condamné à la prison à vie. Durant toute sa captivité, il refuse de renoncer à la lutte anti-apartheid mais sera malgré tout libéré au bout de 27 ans. Pour clôturer ce long et silencieux combat, il reçoit le prix Nobel en 1993 et devient, l’année suivante, le premier président noir d’Afrique du Sud.

Yasser Arafat, Shimon Peres, Yitzhak Rabin – prix Nobel de la paix 1994

Ce n’est pas un homme mais bien trois qui reçoivent le prix Nobel de la paix en 1994. Trois lauréats – le président palestinien, Yasser Arafat, le premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, et son ministre des Affaires étrangères, Shimon Peres – qui « ont contribué à un processus historique », selon les propres mots du comité norvégien. Ce prix commun récompense en effet la longue réflexion des accords d’Oslo qui avaient pour but de mettre fin au conflit israélo-palestinien.