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Allemagne : il tue l'employé d'une station-service qui lui demandait de porter un masque
Le suspect a expliqué à la police qu'il se sentait "acculé" par les mesures sanitaires.
THOMAS FREY / DPA / AFP

Allemagne : il tue l'employé d'une station-service qui lui demandait de porter un masque

Fait divers

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Le meurtre d'un employé de station-service, abattu par un client qui refusait de porter un masque sanitaire, suscite de vives réactions en Allemagne où une forte mouvance opposée aux restrictions sanitaires est mobilisée. Le suspect a déclaré se sentir « acculé » par les mesures prises pour endiguer la pandémie de Covid-19.

C'est un meurtre sordide qui secoue l'Allemagne. Un homme a abattu l'employé d'une station-service, un étudiant de 20 ans, qui refusait de l'encaisser parce que ce client refusait de porter un masque sanitaire, samedi 18 septembre. Le suspect, un homme de 49 ans qui voulait acheter un pack de bière, a d'abord quitté les lieux avant de revenir une heure et demie plus tard. Il a alors sorti un revolver et a tiré sur l'étudiant, qui est mort sur le coup, a précisé la police.

L'homme s'est présenté le lendemain dans un poste de police local en Rhénanie-Palatinat, dans l'ouest du pays, il se trouve depuis en détention provisoire. Il a déclaré à la police qu'il se sentait « acculé » par les mesures relatives à la pandémie de Covid-19, qu'il percevait comme une « atteinte croissante à ses droits » et qu'il n'avait vu « aucune autre issue », a déclaré le procureur Kai Fuhrmann.

« Libres penseurs »

Des enquêteurs ont ensuite perquisitionné son appartement dans lequel ils ont retrouvé l'arme du crime ainsi que d'autres armes à feu et munitions. Le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas a mis en cause sur Twitter la mouvance autoproclamée des « Libres penseurs » (Querdenker), un mouvement radicalement opposé aux restrictions sanitaires.

« Les Libres penseurs célèbrent l'acte sur Internet. La haine et le harcèlement de ces personnes incorrigibles divisent notre communauté et tuent des gens. Ils n'ont pas leur place dans notre société », a accusé le ministre. La police n'a cependant pas précisé si l'auteur des coups de feu se considérait comme membre de cette mouvance.

Celle-ci fédère des membres de l'extrême gauche, des adeptes des théories du complot, des détracteurs de la vaccination ainsi que des partisans de l'extrême droite. Ils ont, depuis le début de la pandémie, régulièrement organisé des manifestations à travers l'Allemagne ayant rassemblé des dizaines de milliers de personnes dont plusieurs ont dégénéré en violences.

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« Agressivité croissante »

Les services du renseignement intérieur allemand ont annoncé en avril qu'ils plaçaient des membres des Querdenker sous surveillance, les soupçonnant d'avoir des liens avec l'extrémisme de droite. « L'escalade des fantasmes conspirationnistes d'extrême droite parmi les citoyens agressifs et enclins à la violence est évidente depuis des mois », a estimé Stephan Kramer, responsable des services de renseignement de l'État de Thuringe, dans l'est du pays, au groupe de médias allemand RND. « Des citoyens qui étaient auparavant considérés comme non violents sont de plus en plus nombreux à péter les plombs, à se rassembler et à se révolter. L'agressivité croissante se ressent partout dans la vie quotidienne », a-t-il ajouté.

Alors que les élections législatives doivent avoir lieu en Allemagne ce dimanche 26 septembre, le favori des sondages, le social-démocrate Olaf Scholz, s'est dit sur Twitter "très choqué que quelqu'un ait été tué parce qu'il voulait se protéger et protéger les autres. En tant que société, nous devons nous opposer résolument à la haine. L'auteur de l'infraction doit être sévèrement puni".

La candidate écologiste à la chancellerie, Annalena Baerbock, a déclaré être "choquée par le terrible meurtre d'un jeune homme qui ne demandait qu'à suivre les règles en vigueur, à être prudent et à faire preuve de solidarité".

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne