A son procès pour abus sexuels, R. Kelly dépeint par la défense comme un «sex symbol» plutôt qu’un prédateur

Pendant un mois, les victimes et les témoins ont brossé le portrait d’un criminel pervers et organisé. Les avocats du chanteur n’ont plus que quelques heures pour porter leurs arguments.

La procureure fédéral Elizabeth Geddes pointe son doigt vers Kelly durant une audience à Brooklyn, le 22 septembre. REUTERS/Jane Rosenberg
La procureure fédéral Elizabeth Geddes pointe son doigt vers Kelly durant une audience à Brooklyn, le 22 septembre. REUTERS/Jane Rosenberg

    Remplacer la peur par l’idée du désir, la soumission par l’appétit, c’est la stratégie des défenseurs du chanteur R. Kelly. « Son label a commencé à le promouvoir comme un sex symbol, un playboy, alors il a commencé à vivre une vie de sex-symbol, de playboy », a plaidé mercredi l’avocat Deveraux Cannick. « Où est le crime là-dedans ? », a-t-il ajouté devant le jury, alors que la star déchue du R&B est jugée depuis le 18 août à New York pour extorsion, exploitation sexuelle de mineure, enlèvement, corruption et travail forcé, sur une période allant de 1994 à 2018.

    Durant le premier mois du procès devant le tribunal fédéral de Brooklyn, neuf femmes et deux hommes ont déclaré à la barre que R. Kelly avait abusé d’eux sexuellement, décrivant des viols, des prises de drogues forcées, des situations d’emprisonnement ou encore des faits de pédopornographie. L’accusation l’a dépeint en « prédateur » et en chef d’un « système » aidé par ses employés ou son entourage, pour se procurer des faveurs sexuelles.

    Depuis lundi, la parole est à la défense. Des témoins sont venus dire qu’ils n’avaient jamais vu Kelly abuser de femmes mais ils ont aussi reconnu qu’ils n’étaient pas présents la plupart du temps, quand le chanteur restait seul avec ses invitées.

    « Le sexe pervers, ce n’est pas un crime »

    Mercredi, sur un ton parfois moqueur, l’avocat a dépeint les victimes présumées comme des groupies avides d’argent. « Beaucoup de gens survivent grâce à R. Kelly », a ironisé Deveraux Cannick, en allusion à la série documentaire « Survivre à R. Kelly » (« Surviving R. Kelly ») qui avait remis en lumière les accusations d’abus sexuels contre le chanteur, mondialement connu pour son tube « I believe I can fly » et triple vainqueur des Grammy Awards en 1998.

    « Le sexe pervers, ce n’est pas un crime », a poursuivi l’avocat, assurant que R. Kelly « traitait ces femmes comme des reines ». Il est allé jusqu’à comparer le chanteur à Martin Luther King, disant que R. Kelly n’avait cherché qu’à « protester contre l’injustice », comme l’emblématique leader des droits civiques.

    S’il est reconnu coupable de toutes les charges qui le visent, le chanteur risque de dix ans de prison à la prison à vie. Les avocats du chanteur doivent faire ce jeudi leur plaidoirie finale, ils ne devraient pas appeler leur client à la barre pour témoigner. Ensuite, le jury composé de sept hommes et cinq femmes commencera à délibérer sur la culpabilité ou non de R. Kelly.