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Les Berlinois votent pour l'expropriation des grands promoteurs immobiliers

Contre toute attente, 56,4 % des électeurs de la capitale s'étant déplacés dimanche ont voté en faveur de l'expropriation des sociétés immobilières détenant plus de 3.000 appartements. Ce référendum n'est pas juridiquement contraignant. Mais le choc qu'il a provoqué va peser sur les négociations de formation d'une nouvelle coalition menées par le SPD dans le Land de Berlin.

La mobilisation des partisans de l'initiative « Deutsche Wohnen & Co Enteignen » a payé.
La mobilisation des partisans de l'initiative « Deutsche Wohnen & Co Enteignen » a payé. (Stefan Boness/Ipon/SIPA)

Par Ninon Renaud

Publié le 27 sept. 2021 à 10:04Mis à jour le 27 sept. 2021 à 10:50

L'exaspération des Berlinois vis-à-vis de l'inflation des prix de leurs loyers est à la hauteur du choc provoqué par le résultat du référendum qui leur était soumis dimanche à l'occasion des élections régionales dans la ville-Etat . Contre toute attente, 56,4 % des électeurs de la capitale s'étant déplacés ont voté en faveur de l'expropriation des sociétés immobilières détenant plus de 3.000 appartements. C'est dix points de plus que ne l'anticipaient les sondages.

« Nous voulons chasser les spéculateurs et les requins de l'immobilier de cette ville », a déclaré, sous les acclamations des militants, Rouzbeh Taheri, porte-parole de l'association « Exproprier Deutsche Wohnen & Co » (« Deutschen Wohnen & Co Enteignung ») à l'origine de l'initiative. Ce référendum, qui a enregistré un taux de participation de 72 %, n'est pas juridiquement contraignant. Mais il pourrait signifier le transfert d'environ 240.000 appartements dans le domaine public, dont ceux du leader du marché berlinois, Deutsche Wohnen, qui en possède plus de 100.000 unités à Berlin.

Au nouveau gouvernement régional de se positionner

Alors que les loyers ont quasiment doublé en dix ans dans la capitale, la décision au printemps dernier de la Cour de Karlsruhe d'invalider le plafonnement des prix a accru l'amertume de la population, dont 84 % est locataire. « J'attends du prochain gouvernement régional, quelle que soit la forme qu'il prendra, qu'il inscrive dans son accord de coalition une feuille de route claire pour la rédaction d'une loi de socialisation [des logements] et qu'elle commence à la préparer immédiatement », a prévenu Rouzbeh Taheri.

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Après une soirée de suspens, le scrutin régional a vu le SPD en prendre la tête avec 21,4 % des voix sous la houlette de Franziska Giffey, devant les Verts (18,9 %). Cette proche du candidat à la chancellerie Olaf Scholz a déjà affirmé son refus d'exproprier les compagnies immobilières, promettant d'accélérer la construction de logements. La réponse à apporter à ce vote populaire influencera sans doute la formation de la coalition qu'elle parviendra à former.

Quel coût pour Berlin ?

L'attelage actuel du SPD avec les Verts et la gauche radicale (die Linke) pourrait se prolonger, mais d'autres coalitions plus au centre et proches du profil de Franziska Giffey sont aussi possibles. Même au sein de cette formation très à gauche, seule die Linke défend clairement le principe d'une expropriation et en fait une ligne rouge des négociations, tandis que les Verts et le SPD sont divisés.

Le paiement d'un transfert de propriété des logements « resocialisés » fait notamment polémique, alors que la ville de Berlin ne roule pas sur l'or. Les partisans du référendum soutiennent que le gouvernement peut assumer la charge de l'indemnisation des sociétés immobilières, alors que ses opposants soulignent que son coût, estimé entre 29 et 39 milliards d'euros, est trop élevé.

« Ce n'est pas un bon signal pour l'Allemagne en tant que lieu d'investissement », ajoute Roman Heidrich, directeur de l'évaluation résidentielle à l'agence immobilière JLL Allemagne interrogé par l'agence Bloomberg. « Très probablement, cela pourrait conduire à un arrêt immédiat de la plupart des investissements et des plans de modernisation », alors même que Berlin estime avoir besoin de 20.000 nouveaux logements par an pour absorber sa croissance.

Ninon Renaud (Correspondante à Berlin)

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