L’épidémie de Covid-19 a fait bondir l’absentéisme

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    L’épidémie de Covid a fait bondir l’absentéisme iStockphoto - FG Trade
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Philippe Rioux
@technomedia

l'essentiel Deux études publiées ces dernières semaines montrent l’effet du Covid-19 sur l’absentéisme des salariés dans leur entreprise

Les effets de l’épidémie de Covid-19 sur le monde du travail ont été particulièrement importants, on le sait. Deux études récemment publiées montrent que l’épidémie a provoqué une forte hausse de l’absentéisme. « L’absentéisme affichait déjà une hausse depuis 2016. La crise sanitaire est venue accentuer ce phénomène. Le taux d’absentéisme a progressé de l’ordre de +20 % en 2020, passant de 4,18 % à 5,04 %. Plus d’un tiers des salariés ont posé au moins 1 arrêt dans l’année 2020 », explique le cabinet Gras Savoye Willis Towers Watson, qui réalise chaque année son étude sur la thématique de l’absentéisme à partir de l’observation de plus de 350 000 salariés issus de près de 700 entreprises (sur une période de 5 ans).

L’impact des arrêts dérogatoires

L’explication ? « Il semblerait que le dispositif d’indemnisation des arrêts dérogatoires pour motifs d’enfants non scolarisés, de personnes vulnérables ou encore de proches de personnes vulnérables, mis en place durant la crise sanitaire soit un facteur prépondérant de l’augmentation des arrêts maladie (+ 25 % en 2020) », explique le baromètre, qui note que « Les arrêts de plus d’une semaine et de moins de 3 mois représentent 61 % du nombre total d’arrêts en 2020 contre 52 % en 2019, conséquence en partie des arrêts dérogatoires lors du premier confinement. La bascule de ces arrêts dérogatoires en activité partielle au 1er mai a ramené l’absentéisme à un niveau normal, en hausse par rapport à celui de 2019. »

L’absentéisme renforcé par les conséquences de la crise du COVID-19
L’absentéisme renforcé par les conséquences de la crise du COVID-19 DDM - Philippe Rioux

Le baromètre met aussi en évidence des disparités liées au genre, à l’âge, à la situation géographique et au secteur professionnel des salariés qui ont été absents. Ainsi, le taux d’absentéisme s’élève à 4,52 % chez les hommes contre 6,08 % chez les femmes. En un an, il a augmenté de 23 % chez les hommes et de +17 % chez les femmes. 

« Les salariés de plus  de 50 ans sont les plus impactés avec un taux d’absentéisme s’élevant à 7,07 % en 2020 », souligne le cabinet qui note aussi que pour les 30-39 ans h dont souvent de jeunes parents – « l’absentéisme s’est dégradé de manière très significative (+24 %). »

L’Occitanie plutôt bonne élève

Le Grand Est (6,6 % en croissance de 25 %) et les Hauts-de-France (6,3 % en croissance de 22 %) sont les régions qui ont connu le taux d’absentéisme le plus élevé. L’Occitanie est à 5 % (+21 %), la Nouvelle-Aquitaine à 5,1 % (+16 %). Enfin « les non-cadres ont été deux fois plus impactés que les cadres », ces derniers ayant pu recourir au télétravail.

Dès lors pas étonnant que les secteurs les plus impactés soient ceux de la 1re et de la 2e lignes. « Les secteurs qui connaissent les plus forts taux d’absentéisme sont la santé (9,59 % en 2020, soit une augmentation de +26 %), ainsi que le transport et la logistique (7,97 %, soit une augmentation de +32 %), une tendance déjà présente en 2019. Le secteur des Hôtels, Cafés, Restaurants est le seul en baisse (5,01 % vs 5,19 % en 2019). 

L’absentéisme renforcé par les conséquences de la crise du COVID-19
L’absentéisme renforcé par les conséquences de la crise du COVID-19 DDM - Philippe Rioux

Cela s’explique par la fermeture obligatoire des établissements liée au contexte sanitaire. Les secteurs des Services et de la Communication & des technologies de l’information ont été les moins impactés par l’absentéisme augmentation de l’absentéisme de l’ordre de +12 %) » indique le cabinet qui note que les PME et les ETI sont plus concernées par l’absentéisme que les grandes entreprises.

Même tendance en 2021 ?

La hausse de l’absentéisme devrait se confirmer pour l’année 2021, même s’il reste encore le 4e trimestre. Selon Malakoff Humanis, qui mesure depuis mars 2020 l’impact de la crise sanitaire sur la santé des salariés via des enquêtes mensuelles, « le nombre de salariés en arrêt de travail a augmenté de 30 % entre janvier et mai 2021, passant de 10 % des salariés en janvier à 13 % en mai. »

« La Covid est la première cause d’arrêt tout au long de la période (46 % des arrêts : 12 % pour les cas diagnostiqués Covid et 34 % pour les arrêts dérogatoires). Le pic a été atteint en avril 2021 avec 52 % des arrêts liés à la Covid », précise l’étude. « En excluant les arrêts liés à la Covid, les principaux motifs d’arrêt maladie sont les accidents ou traumatismes (21 %) et les troubles psychologiques (dépression, anxiété, stress, épuisement professionnel…) qui représentent 19 % des arrêts. Viennent ensuite les maladies graves et les troubles musculosquelettiques (12 % chacun) » explique l’étude qui note qu’« en moyenne, 28 % des arrêts sur la période sont liés à des causes personnelles (maladie ordinaire, chirurgie, maladie grave ou chronique, troubles psychologiques…). Cette part a baissé, passant de 34 % en janvier à 24 % en mai, une baisse portée par la diminution des interventions chirurgicales, cause de 2 % des arrêts en mai contre 10 % en janvier. »

« Le nombre d’arrêts de travail par mois a augmenté de janvier à mai, passant de 1,7 à 2,2 arrêts en moyenne par salarié, engendrant des perturbations pour les entreprises », explique Malakoff Humanis, qui note aussi que chaque mois, de janvier à mai 2021, près d’un salarié sur dix (15 % pour les managers) a déclaré envisager de recourir à un arrêt maladie dans les mois à venir.
Enfin Malakoff humanis note une dégradation de la santé mentale. « Près d’un salarié sur dix évalue négativement sa santé mentale aujourd’hui. Et 41 % des personnes interrogées estiment que la crise sanitaire a eu un effet plutôt négatif sur leur santé mentale », 35 % des salariés déclarent être stressés, 24 % à bout de forces et 30 % éprouvent un sentiment d’insécurité professionnelle.

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Les commentaires (7)
le tigre Il y a 2 années Le 28/09/2021 à 11:48

Il ne faut plus indemniser les jours d'arrêts de travail bidon par des médecins indélicats (arrêts de travail de complaisance).
Il faut licencier tous ces salariés pour faute lourde et sanctionner sévèrement ces professionnels de la santé !!!!

jeanbrouille Il y a 2 années Le 28/09/2021 à 12:16

quand je lis votre message il y une chanson qui raisonne
Ein Heller und ein Batzen

Ptititi3146 Il y a 2 années Le 28/09/2021 à 11:13

Personne, même les journalistes, ne semblent connaître la définition exacte du mot absentéisme.
Une recherche dans un simple dictionnaire s impose.
Ca évitera les articles et commentaires malveillants

jeanbrouille Il y a 2 années Le 28/09/2021 à 10:09

oui en effet 12% de suspendus rien que dans le medical, si on rajoute les entreprises qui imposent le pass sanitaire inutile et les restaurants et café, ( là on a pas de chiffre précis)ca fait un paquet de monde à la rue...

Mais on pourrait les retrouver dans la rue.