65% des terres productives sont dégradés en Afrique avec quatre millions d’hectares de forêts perdus chaque année. Ce qui représente 3% du Pib du continent. Pour protéger la biodiversité ainsi que les moyens d’existence des populations dans la lutte contre la dégradation des terres et des forêts, la Fao appelle, dans un rapport d’étude, à des efforts accrus en faveur de l’action climatique.

Par Khady SONKO – Il reste beaucoup d’efforts à faire pour exploiter pleinement l’énorme opportunité qu’a l’Afrique de remettre les terres en état de production durable, de protéger la biodiversité ainsi que les moyens d’existence des populations dans la lutte contre le changement climatique.
«Jusqu’à 65% des terres productives sont dégradés, tandis que la désertification touche 45% des terres en Afrique. Si la tendance générale est à la baisse, la perte nette de forêts continue d’augmenter en Afrique, avec quatre millions d’hectares de forêts qui disparaissent chaque année», révèle une nouvelle étude de l’Orga­nisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et l’Agence de développement de l’Union africaine-Nepad. Selon le rapport lancé hier, sur l’Etat de la restauration des forêts et des paysages en Afrique, les zones arides d’Afrique sont très vulnérables au changement climatique et leur restauration est une priorité pour l’adaptation et la mise en place de systèmes alimentaires résilients et durables.
La conversion et le défrichement des forêts, la surexploitation des ressources naturelles, l’urbanisation, la sécheresse sont entre autres, les facteurs de cette dégradation des terres et forêts.
«Malgré nos efforts, chaque année, davantage de forêts disparaissent, ce qui coûte au continent une perte de 3% de son Pib», a déclaré Abebe Haile-Gabriel. Le sous-Directeur général de la Fao et représentant régional pour l’Afrique dans l’avant-propos du rapport ajoute : «Les paysages forestiers dégradés intensifient les effets du changement climatique et constituent un obstacle à la construction de communautés résilientes et prospères, alors que 60% des Africains dépendent de leurs terres et de leurs forêts.»
La nécessité urgente d’inverser ces tendances négatives et dévastatrices a incité les dirigeants africains à s’engager dans la restauration des écosystèmes du continent. «A travers sa feuille de route pour le développement, l’Agenda 2063, le continent africain s’engage dans la restauration des écosystèmes à travers la protection, la restauration et la promotion de l’utilisation durable des écosystèmes terrestres, en gérant durablement les forêts et en luttant contre la désertification», a déclaré Dr Ibrahim Assane Mayaki. «Cet examen des approches actuelles et l’exploration des opportunités émergentes sont essentiels pour accélérer les efforts de restauration», indique le Directeur général de l’Agence de développement de l’Union africaine-Nepad, dans son avant-propos.

L’engagement local, clé du succès
Le rapport a identifié l’appropriation locale et l’engagement des parties prenantes comme des facteurs fondamentaux de réussite ainsi que le soutien politique de haut niveau et l’accès au financement.
«Les difficultés liées au financement à long terme, au régime foncier et aux droits de propriété constituent des défis majeurs, au même titre que l’insécurité et les conflits, le manque de capacités techniques et l’accès restreint en raison de la faiblesse des infrastructures», dévoile l’étude.
D’après celle-ci, la restauration des forêts et des paysages, qui va bien au-delà de la plantation d’arbres, est une approche globale visant à ramener les arbres et les forêts dans les paysages où ils ont été perdus. «La restauration présente de grands avantages pour la production alimentaire durable, le renforcement de la résilience et la réduction des risques de catastrophes», a affirmé Nora Berrahmouni, fonctionnaire principale chargée des forêts au Bureau régional de la Fao pour l’Afrique.
Pour améliorer les terres et les forêts, l’étude recommande aux pays africains et à leurs partenaires de continuer à intensifier leurs efforts de restauration des forêts et des paysages en tant que solution viable au changement climatique et mieux construire en réponse au Covid-19, tout en protégeant leur capital naturel.
Le rapport de la Fao se veut une situation de référence importante pour évaluer les progrès nécessaires et urgents au cours de la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030.
En effet, l‘Afrique compte un milliard d’hectares de terres arides, dont 393 millions d’hectares devant être restaurés dans les zones de la Grande muraille verte africaine, y compris 33 millions d’hectares à restaurer en Afrique du Nord, 162 millions d’hectares dans les pays du Sahara-Sahel et 198 millions d’hectares dans les pays du Kalahari-Namib.
«On estime que l’Afrique compte 132 millions d’hectares supplémentaires de terres cultivées dégradées, combinés au changement climatique, cela accroît la vulnérabilité de millions de personnes», déplore l’étude.
Selon la même source, environ 45% des terres africaines sont touchés par la désertification, dont 55% présentent un risque très élevé de désertification.
ksonko@lequotidien.sn