La folle libido de cette tortue a sauvé son espèce

Diego a plus de 100 ans, est sexuellement très actif, et a engendré à lui seul la naissance de 800 bébés. Cette tortue géante des Galápagos est devenue la mascotte d’un programme environnemental de réinsertion réussi.

De Paul Chigioni
Photographies de © James Gibbs / Galapagos Conservancy
Une tortue endémique de l'île de Pinzón dans l'archipel des Galápagos.
Une tortue endémique de l'île de Pinzón dans l'archipel des Galápagos.
PHOTOGRAPHIE DE © James Gibbs / Galapagos Conservancy

Sa réputation a fait le tour du monde. Diego, la tortue géante des Galápagos d’environ 80 kg, 90 cm de haut et 1,50 m de long n’est pas célèbre que pour sa taille ; il existe plus gros que lui. C’est sa ferveur sexuelle à l’image de sa nombreuse descendance qui lui a valu d'inscrire son nom dans l’histoire : il est le géniteur d'environ 800 bébés tortues.

Après une vie bien remplie qui durerait depuis déjà plus de 100 ans, l’heure de la retraite a sonné pour le bon vieux Diego. En mars 2020, il sera relâché avec une quinzaine de ses congénères sur l’île Española dans l'archipel des Galápagos, dont il est originaire. 

C’est le choix fait par la Giant Tortoise Restoration Initiative après le succès du programme de reproduction basé sur une autre île, celle de Santa Cruz. Il y a plus de cinquante ans, seules 15 tortues géantes de son espèce Chelonoidis hoodensis étaient vivantes sur l’Española. Désormais, on en compte 2000.

« Sur base des résultats du dernier recensement effectué fin 2019 et de toutes les données disponibles depuis 1960, nous avons développé des modèles mathématiques avec différents scénarios possibles. Dans l'ensemble, la conclusion a été que l'île dispose de conditions suffisantes pour maintenir une population stable de tortues pour les cent prochaines années », a déclaré publiquement le Giant Tortoise Restoration Initiative, en charge de la protection des tortues géantes.

 

RIEN NE SERT DE COURIR ; IL FAUT PARTIR À POINT

À l’image de la tortue endémique de l’Española, beaucoup d’autres espèces de tortues des Galápagos sont désormais en sécurité. Pour de nombreux animaux, la reproduction en captivité est difficile. Mais nos amis à carapaces ne sont pas si compliqués.

« Leur régime alimentaire est simple et les besoins en matière d'habitat aussi - principalement de l'eau, de l'ombre et un sol pour nicher. De plus, les jeunes tortues sont déjà complètement indépendantes lors de l’éclosion. Cela rend la capture beaucoup plus facile qu'avec d'autres espèces comme les oiseaux et les mammifères pour lesquels il y a un moment d’apprentissage du comportement social transmis par le parent à la progéniture », explique James Gibbs, directeur de recherche au Giant Tortoise Restoration Initiative.

Des tortues juvéniles de l'île Española sont libérées sur l'île de Santa Fe.
PHOTOGRAPHIE DE © Maud Quinzin / Galapagos Conservancy

Grâce à la mise en place de ce programme à long terme, toutes les conditions de sauvegarde de la tortue ont pu être réunies. Elles ne sont plus significativement la cible de l'homme qui la chassait, ni des rats qui raffolent de leurs œufs. Quant aux chèvres, la rivale jurée de la tortue, les rangers se sont assurés de contrôler leur population.

 

DES TORTUES GÉANTES PAS SI ROBUSTES

Il faut dire que sur les quinze espèces recensées de tortues géantes des Galápagos, deux ont disparu. C’est le cas de la tortue de l’île de Floreana qui a été chassée en masse par les premiers colons au 18e et 19e siècle pour sa nourriture. 

Une denrée prisée mais pas autant que la chair de baleine. Que ce soit pour lâcher du lest ou pour faire de la place sur leurs bateaux pour stocker l'huile de baleine, les marins ont largué un grand nombre de tortues d'autres îles à Banks Bay, au pied du volcan Wolf. 

« L’île de Floreana a perdu son espèce, mais nous avons récemment découvert que des individus partageant des gènes de l'espèce avaient été déplacés vers Banks Bay, il y a entre 150 et 200 ans. Aujourd’hui, nous sauvons ces tortues et les élevons en captivité afin de les relâcher sur l'île Floreana dans 4 ou 5 ans », annonce James Gibbs.

Pour toutes ces tortues qui vont retourner chez elles, comme Diego, une mise en quarantaine s’impose. Elles ont la fâcheuse tendance d’emporter avec elles des graines de plantes qui pourraient s’avérer invasives dans leur nouvel habitat.

Une aptitude qui leur permettra, en dispersant les graines locales, de réparer à leur rythme leur nouvel habitat. Ainsi, avec la restauration des tortues, vient la restauration des écosystèmes.

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