BB crèmes, anticernes, mascaras : trop de substances problématiques, alerte une association

Publié le par Alexandra Bresson

L'association Wecf France a publié une enquête sur trois catégories de cosmétiques féminins très en vogue actuellement. Ses résultats appellent à la prudence, surtout pour les femmes enceintes, car la présence d'ingrédients problématiques pour la santé à l'instar des perturbateurs endocriniens était très courante chez de nombreuses marques.

Après les produits solaires pour enfants et cosmétiques pour bébés, l'association Wecf France, l'antenne française de Women Engage for a Common Future, s'est penchée sur la composition des cosmétiques féminins. Plus précisément, elle a porté son attention sur trois catégories de maquillage utilisées au quotidien par de nombreuses femmes, y compris enceintes, ou ayant des projets de grossesse : BB crèmes, anticernes et mascaras. Des produits en outre susceptibles d'être utilisés ensembles. « Malgré une réglementation conséquente, ne contiennent-ils pas des ingrédients pouvant représenter un risque potentiel pour la santé, notamment des femmes enceintes, plus vulnérables ? », interroge-t-elle dans son rapport rendu public.

Son analyse a porté sur l’étiquetage de 47 produits de maquillage : 17 BB crèmes (Blemish Balm ou baume anti-imperfections), 15 anticernes et 15 mascaras. Ce choix a été guidé par le contexte de Covid-19 entraînant le port du masque généralisé : destinés au haut du visage, ces cosmétiques ont vu leurs ventes progresser, à l'inverse du rouge à lèvres par exemple. « Contrairement aux produits solaires enfants examinés en 2020, qui répondent en partie à un impératif de protection contre les risques de cancer de la peau liés à l’exposition au soleil, ils sont a priori des produits à visée purement cosmétique, et non pas associés à un quelconque critère de protection de la santé », note l'organisme.

La composition des BB crèmes est à examiner de près

Raison de plus selon lui pour s’assurer qu’ils ne contiennent pas d’ingrédients préoccupants ou suspectés de présenter des risques pour la santé ou les écosystèmes. Et ce d'autant plus qu'en période préconceptionnelle et au cours de la grossesse, l’exposition courante à des substances chimiques préoccupantes pour la santé, dont des perturbateurs endocriniens potentiels, peut être particulièrement problématique : des conséquences pour la santé de l’enfant à naître ne sont pas à exclure. Les auteurs ont examiné les étiquettes à la recherche d’ingrédients suspectés de propriétés de perturbation endocrinienne, de nanoparticules, d’allergènes et autres types d’ingrédients problématiques.

Ils ont ainsi identifié 37 substances problématiques sur les 47 produits de l'enquête : 13 très préoccupantes, 9 préoccupantes et 15 assez préoccupantes. Ces résultats montrent bien que malgré le cadre législatif conséquent qui régit les cosmétiques en France et au sein de l'Union européenne, des failles semblent bien perdurer. Les BB crèmes représente la famille de cosmétiques la plus problématique car sur les 17 examinées, 6 contiennent au moins 10 substances problématiques tandis que 10 BB crèmes contiennent au moins 5 substances très préoccupantes ou préoccupantes. Une seule BB Crème bio (BB crème peau parfaite de Jonzac) ne contient aucune substance très préoccupante ou préoccupante.

Les produits bios s'en sortent mieux

Sur les 15 anticernes de l'enquête, 5 références contiennent au moins 5 substances problématiques, 2 références contiennent 5 substances très préoccupantes et 3 références contiennent au moins 5 substances très préoccupantes ou préoccupantes. La famille des mascaras est celle qui contient le moins de substances problématiques, puisque aucun des 15 mascaras examinés n'en contient plus de 4. Seuls 6 mascarascontiennent au moins 3 substances très préoccupantesou préoccupantes tandis que 3 références n'en contiennent aucune : Avène couvrance mascara haute tolérance teinte brun, Eye Care Mascara Haute Tolérance yeux sensibles teinte noire et Zao - Mascara Aloe Vera teinte noire.

L'enquête montre ainsi que parmi les 13 substances très préoccupantes identifiées, 7 sont des perturbateurs endocriniens  : benzyl salicylate, BHT, butylphenyl methylpropional, ethylhexyl methoxycinnamate, ethylparabène, méthylparabène, octocrylène. En outre, 31 produits sur 47 contiennent au moins un ingrédient très préoccupant, et 19 produits contiennent au moins 5 substances problématiques.Enfin, 36 produits sur 47 contiennent des ingrédients de la famille des plastiques : nylon, polyacrylates, silicones... interdits uniquement en cosmétique bio. Les produits bios de l'enquête s’en sortent mieux, étant principalement concernés par la problématiquedu dioxyde de titane (préoccupant) et des allergènes de parfums assez préoccupants.

Renforcer la réglementation pour une meilleure protection

Le dioxyde de titane non nanoparticulaire apparaît d'ailleurs dans 16 BB crèmes, 9 mascaras et tous les anticernes. « Se pourrait-il que certains d’entre eux contiennent en réalité du dioxyde de titane nanoparticulaire ? La DGCCRF signale régulièrement des défauts d’étiquetage des ingrédients nanoparticulaires lors de ses contrôles de cosmétiques. », fait savoir l'association. Parmi ses principales demandes, celle-ci souhaite l'interdiction des ingrédients qu'elle a classés très préoccupants dont les perturbateurs endocriniens. « Nous demandons que soit accélérée la réglementation par l’UE des 28 perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés utilisés en cosmétique et identifiés par elle comme prioritaires. Depuis un an, les progrès n’ont pas été suffisants. », atteste-t-elle.

A destination des fabricants, elle réitère sa demande de mettre en place un logo d’avertissement pour les femmes enceintes, similaire à celui existant pour l’alcool, sur les produits cosmétiques contenant des ingrédients suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. S'ajoute à cela le fait qu'elle souhaite plus généralement que « l’étiquetage soit rendu plus lisible et compréhensible pour les consommateur·ices. Enfin, elle souhaite que soient renforcés les travaux de recherche et d’expertise de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ) et de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) « pour identifier les risques liés à l’usage des produits cosmétiques contenant des ingrédients problématiques, spécifiquement pour les femmes enceintes. » Il en va de même pour les contrôles de l'ANSM et de la DGCCRF sur la composition des produits.