Lagardère prends garde à toi !

45 % : C’est la part du capital de Lagardère que détiendra Vivendi à l’issue du rachat de la participation d’Amber Capital pour 610 millions d’euros. ©AFP - ERIC PIERMONT
45 % : C’est la part du capital de Lagardère que détiendra Vivendi à l’issue du rachat de la participation d’Amber Capital pour 610 millions d’euros. ©AFP - ERIC PIERMONT
45 % : C’est la part du capital de Lagardère que détiendra Vivendi à l’issue du rachat de la participation d’Amber Capital pour 610 millions d’euros. ©AFP - ERIC PIERMONT
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Arnaud Lagardère qui a hérité du groupe constitué par son père en 2003, est aujourd'hui dans une situation critique : son principal actionnaire, Vincent Bolloré, arrivé au capital il y a un an, devrait prendre le contrôle de la société d'ici 2022.

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Le succès des uns est-il la défaite des autres ? Alors non, pas forcément, il y a des situations dans la vie où l’échec n’est pas la conséquence de vases communicants. Et cependant, les acquisitions successives de Bolloré qui ont été plus que commentées dans le domaine des médias, constitue l’arbre qui cache la forêt : la forêt des échecs d’Arnaud Lagardère. En quelques années, l'important groupe de communication, le groupe Lagardère, s’est progressivement rétréci. Le loft s’est mué en studette et rien n’indique qu’aujourd’hui ce mouvement soit réversible. 

Pour nous raconter l’histoire de cette succession ratée, nous nous sommes tournés vers Martine Orange, journaliste à Médiapart et Philippe Bailly, président de NPA Conseil, société spécialisée dans l’économie des médias et du numérique. 

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La liquidation d’un empire 

Arnaud Lagardère, arrivé à la tête du groupe légué par son père en 2003, est aujourd’hui dans une situation critique : Vincent Bolloré a annoncé en septembre son intention de déposer une Offre Publique d’Achat (OPA) pour racheter l’intégralité du groupe d’ici 2022. Il s’agit pour de nombreux observateurs, de la fin de l’empire Lagardère, signant l’échec définitif de la gestion d’Arnaud Lagardère. 

C’est l’histoire d’un échec parce que c’était quand même un groupe qui avait une grande importance. Il avait des positions importantes dans l’aéronautique, puisqu’il était le premier actionnaire d’EADS à un moment ; et dans l’édition, notamment avec Hachette. Et on voit cet empire s’effondrer complètement aujourd’hui. » Martine Orange, journaliste à Médiapart 

Mais alors comment expliquer cette décision de Vincent Bolloré, de racheter les parts du fonds d'investissement Amber Capital, pour détenir 45% du capital de Lagardère  ? Le manque de communication d’Arnaud Lagardère envers ses principaux actionnaires et anciens amis de son père, Bernard Arnault et Vincent Bolloré, n'est peut-être pas étranger à cette situation. 

Mais sans doute n'a-t-il pas été totalement transparent sur l’information qui était donnée aux uns, aux autres. Ce qui fait qu’à un moment Bernard Arnault s’est retrouvé tout en haut du groupe, Vincent Bolloré (…) s’est senti écarté du véhicule décisionnel. Et à partir de là, la suite s’est organisée davantage entre Bernard Arnault et Vincent Bolloré. » Philippe Bailly, consultant spécialisé dans les médias et le numérique 

Une succession d'erreurs stratégiques 

Arnaud Lagardère enchaîne les erreurs stratégiques dès son arrivée à la direction du groupe en 2003. De nombreux observateurs considèrent que l’une de ses erreurs les plus emblématiques du dirigeant, est sa décision de vendre ses participations au sein du groupe aéronautique EADS en 2013, alors même que la structure s’avère particulièrement rentable. Et par la suite, ses investissements dans le sport, ne sont pas à la hauteur de ses attentes : 

Il a créé une écurie d’athlètes et de sportifs Lagardère. Et les projets ou les axes, les uns après les autres ont échoué. Jusqu’au moment où ce qu’il en restait, la structure de gestion de droits sportifs a été cédée avec une moins-value colossale par rapport au coût auquel elle avait été achetée et par rapport aux investissements qui avaient été réalisés dans l’intervalle. Philippe Bailly, consultant spécialisé dans les médias et le numérique 

Et dans le secteur des médias dont Arnaud Lagardère avait fait son secteur de prédilection, les résultats sont tout aussi décevants. Le groupe s’est progressivement rétréci pour n’occuper plus qu’une position mineure dans le paysage médiatique français, et ce déclin se dessine lorsqu’Arnaud Lagardère décide de ne pas racheter le groupe Canal, alors en grand difficulté. 

Arnaud Lagardère n’a pas fait l’opération. Et là c’est un autre signe de fin d’ambition, celle-là dans l’audiovisuel.  Après le groupe n’a plus été qu’un acteur secondaire avec des chaînes thématiques, avec Gulli (…), mais ça n’était plus un gros acteur audiovisuel. » Philippe Bailly, consultant spécialisé dans les médias et le numérique 

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