Claire, l’autre dernier amour de François Mitterrand, raconte enfin leur romance secrète

Dans Le Dernier Secret, à paraître chez Grasset, la reporter Solenn de Royer raconte la relation méconnue entre Mitterrand et une très jeune femme, Claire, de cinquante ans sa cadette. Une histoire passionnée qui dura huit ans, jusqu'à la mort du président. 
Claire lautre dernier amour de François Mitterrand raconte enfin leur romance secrète
Pool GAILLARDE/SIMON/Gamma-Rapho via Getty Images

Ce 16 mai 1995, le pays vit la fin d’une ère longue de quatorze ans. Derrière les fenêtres de l’Elysée, Mitterrand regarde la pluie tomber. Mélancolique, il l’est assurément, puisqu’il vit ses dernières heures dans ce palais qu’il croyait sien, mais qu’il devra laisser le lendemain à Jacques Chirac. Pour son dernier déjeuner dans le salon Starck, il n’a pas convié des amis de toujours, des collaborateurs ou des proches conseillers, mais une jeune femme, de cinquante ans sa cadette, qui s’avère être sa maîtresse depuis des années. Elle s’appelle Claire, a 29 ans, et fréquente le vieux président depuis 1988.
Le repas est bien triste. Mitterrand ne touche pas à son assiette et parle peu. Puis un maître d’hôtel entre, interrompt le moment : « Monsieur le président, veuillez m’excuser, Madame est seule, elle souhaite se joindre à vous. » Il n’a même pas terminé sa phrase que Danielle Mitterrand, l’épouse officielle, fait irruption et s’installe à la table. Voilà donc le tableau : un Casanova dont le grand âge n’a pas calmé les ardeurs, entouré de son épouse légitime et d’une autre de ses femmes. Car on le sait, il en a eu beaucoup. La scène, racontée par la grand reporter du Monde Solenn de Royer dans son livre Le Dernier Secret (Grasset), semble surréaliste. 

« Cinquante ans d’écart, c’est écrasant, mais, moi, je trouvais ça beau »

Moins d’un an plus tard, le 8 janvier 1996, François Mitterrand succombe à son interminable maladie. Claire l’a accompagné jusque dans les derniers instants, et pourtant, elle ne peut manifester sa peine qu’en se mêlant aux milliers de personnes qui affluent pour un hommage place de la Bastille. Elle n’est qu’une inconnue après tout. Déjà, le monde entier a les yeux rivés sur la seconde famille de l’ex-président : Anne et Mazarine Pingeot, qui, elles, assistent officiellement aux funérailles.

Avant d’être la maîtresse de Mitterrand, Claire en était la première fan. Élevée dans une famille bourgeoise de Limoges, elle se jette à corps perdu dans l’engagement socialiste, une fois arrivée à Paris. Dès 1984, elle suit le président dans ses déplacements comme une groupie, pour lui adresser parfois un mot ou seulement un sourire. Celui-ci finit par la remarquer. Quatre ans plus tard, une histoire entre eux se noue. Elle a 22 ans, lui en a 68. Claire ne parlera quasiment jamais de cette relation à son entourage. Un jour, elle se confie tout de même à une de ses meilleures amies. « Ça me dégoûte », lui rétorque simplement celle-ci. « Cinquante ans d’écart, c’est écrasant, mais, moi, je trouvais ça beau », confie pourtant Claire à Solenn de Royer aujourd’hui.

Parfois, Mitterrand vient la rejoindre dans son petit appartement de la rue du Four. Le plus souvent, c’est elle qui se faufile à l’Élysée : les gendarmes à l’entrée la connaissent et la laissent passer, sans poser de question. « Il l’appelle tous les jours, au moins deux fois. Le matin et le soir. (…) Rue du Four, le téléphone se trouve au pied du lit. Et le répondeur à cassette dans l’entrée. Elle attend que la sonnerie résonne plusieurs fois avant de répondre, ne veut pas se précipiter », écrit Solenn de Royer, qui a pu écouter quelques-unes des bandes de ce répondeur, précieux témoin de cette folle passion.

Claire veut parfois tout arrêter, surtout quand elle découvre dans la presse que son amant, pour lequel elle serait prête à tout sacrifier, a une autre maîtresse, en la personne d’Anne Pingeot. « Anne a été son grand amour », admet-elle aujourd’hui face à Solenn de Royer. Et quand il lui arrive de se montrer jalouse, Mitterrand lui reproche de faire des caprices, comme si elle n’était qu’une petite fille. L'auteure rapporte ce dialogue poignant entre le président et sa jeune maîtresse :

« Quittez-moi !, lâche-t-elle brusquement. 
-  Pourquoi moi ?, demande Mitterrand. 
- Parce que j’en suis incapable, moi. Il faut qu’on arrête. C’est trop difficile. 
- C’est bien d’avoir tenté l’impossible. »

La ronde des femmes

Jamais Claire n’avait raconté cette histoire, avant le livre de Solenn de Royer. Pourquoi s'est-elle décidé à enfin tout confier ? « Ça fait une dizaine d'années que j'ai rencontré cette femme, dans le cadre de mon activité journalistique. Nous avons sympathisé, un lien de confiance s'était créé, a expliqué l'auteure au micro de Léa Salamé sur France Inter, J'écrivais à l'époque un livre sur la fin du pouvoir et un jour, elle m'a livré son secret. » Durant sept ans, Solenne de Royer a été à son tour dépositaire de ce secret, sans savoir quoi en faire, avant de réussir à convaincre Claire de coucher tout cela sur le papier. « Au début elle était tout à fait opposée à l’idée d’un livre, encore plus d’un article dans la presse. Et puis ensuite, elle a réfléchi. » 

François Mitterrand était un homme de mystères, qui multipliait les liaisons. Il n’y a d’ailleurs pas eu que Claire ou Anne Pingeot, loin de là… On lui connaît par exemple une histoire avec une jeune et jolie journaliste suédoise, Christina Forsne. Un garçon serait d’ailleurs né de cette romance. La chanteuse Dalida aurait aussi fait partie de ses conquêtes. Marie de Hennezel, psychologue de renom, aurait quant à elle entretenu une relation platonique avec le président, pour lequel elle avait eu un coup de foudre. Alors, Claire était-elle vraiment son « dernier secret », comme le présente Solenn de Royer ? Peut-être y en a t-il d’autres, encore plus enfouis ?

Le Dernier Secret, de Solenn de Royer, Grasset, 416 pages, 22,50 euros, à paraître le 6 octobre