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David Hockney en 3 minutes

En bref

Mondialement connu pour ses Pool Paintings et surtout son Bigger Splash (1967), David Hockney (1937 – ) produit depuis les années 1950 une œuvre solaire et hédoniste à la croisée du pop art et de l’hyperréalisme. L’artiste anglais puise son inspiration aussi bien chez Vermeer, Fra Angelico que Matisse ou Picasso. Intéressé par tous les procédés de fabrication de l’image, il n’hésite pas à utiliser la technologie (fax, photocopieur ou iPad…) et à jouer de la perspective pour renouveler sa peinture. Il a également publié plusieurs ouvrages théoriques notamment sur la technique des maîtres anciens. C’est un des plus grands artistes figuratifs vivants.

Bern Schwartz, David Hockney devant l’œuvre « My Parents »
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Bern Schwartz, David Hockney devant l’œuvre « My Parents », 1977

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coll. National Portrait Gallery, Londres • © Scala, Florence

Il a dit

« À partir du moment où vous trichez par égard pour la beauté, vous savez que vous êtes un artiste. »

Sa vie

David Hockney est né en 1937 à Bradford, dans une famille modeste de cinq enfants. Dans cette ville industrielle du nord de l’Angleterre, il étudie les Beaux-Arts entre 1953 et 1956, avant d’intégrer le prestigieux Royal College of Art de Londres en 1959. Il est profondément marqué par la rétrospective Picasso, présentée à la Tate Gallery durant l’été 1960. « Picasso pouvait maîtriser tous les styles. La leçon que j’en tire, c’est que l’on doit les utiliser tous », en conclut-il.

En 1964, il quitte son Angleterre grise et puritaine, où l’homosexualité est encore illégale, pour le soleil de la Californie. Sa peinture s’imprègne de la lumière éblouissante de Los Angeles et de son mode de vie hédoniste. Hockney devient le chroniqueur de cette vie cool – un des mots-clés de l’époque. Il troque la peinture à l’huile et les pinceaux pour l’acrylique et le rouleau, et réalise, dès son arrivée, plusieurs tableaux inspirés du magazine homo-érotique Physique Pictorial. La série des Pool Paintings fera ensuite sa célébrité.

À partir de 1968, Hockney se lance dans une série magistrale de doubles portraits inspirés de ses proches, affirmant sa constante fascination pour la nature humaine. Ces œuvres sont également hantées par les maîtres qu’il admire : Vermeer, Balthus ou Hopper. Très vite, le sujet essentiel devient la relation psychologique qui unit les protagonistes.

Au début des années 1970, Hockney se retrouve, de son propre aveu, dans une impasse artistique et cherche un nouveau souffle. Il renoue avec la photographie, à laquelle il s’intéresse depuis les années 1960, et crée des « joiners », assemblage d’une multitude de clichés pris selon différents points de vue. Il réinterprète ainsi les leçons cubistes de Picasso, et compose des portraits ou des paysages réalisés à l’aide d’un appareil Polaroïd.

 Hockney approfondit sa réflexion sur la perspective classique et les moyens de s’en affranchir. Il intègre, au début des années 1980, la « perspective inversée » dans des paysages enveloppants : le point de fuite est derrière le spectateur et tout le tableau converge vers lui. S’inspirant des rouleaux de la peinture chinoise, l’artiste recrée les impressions successives d’un spectateur en mouvement. Le tableau synthétise alors l’ensemble de ces sensations.

En 1986, le peintre anglais décide d’utiliser une photocopieuse couleur laser. Il tente ainsi de lutter contre l’idée absurde de l’obsolescence supposée de la peinture, s’emparant des nouvelles technologies pour les mettre au service de son art. Il poursuit avec le fax (1989), l’ordinateur (1990), la palette graphique (2008), l’iPhone (2010), l’iPad (2011), et plus récemment la caméra haute résolution.

Ses œuvres clés

David Hockney, A Bigger Splash
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David Hockney, A Bigger Splash, 1967

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Acrylique sur toile • 242,50 × 243,90 × 3 cm • Coll. Tate, London • © David Hockney

A Bigger Splash,  1967

Sans doute son œuvre la plus iconique. Hockney livre ici une vision idéale de la Californie de la fin des années 1960. L’image s’inspire d’une publicité vue dans un magazine consacrée aux piscines…D’une grande rigueur géométrique, que seul le splash vient troubler, l’image confine à l’abstraction. Le plongeoir jaune du premier plan donne toutefois l’idée de profondeur. Le tableau est bordé d’un cadre clair à la manière d’un Polaroïd que l’artiste commence alors à utiliser.

Portrait d’un artiste (Piscine avec deux personnages)
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Portrait d’un artiste (Piscine avec deux personnages), 1972

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Acrylique sur toile • 214 × 305 cm • © David Hockney / Art gallery of New South Wales / Jenni Carter

Portrait d’un artiste (Piscine avec deux personnages), 1972

Ce tableau profondément sentimental, Hockney le peint peu avant sa rupture avec Peter Schlesinger. Ce dernier regarde un jeune homme en train de nager : l’artiste donne à son amant la place qu’il se réserve habituellement. L’œuvre est née de deux photographies prises par Hockney, l’une d’un nageur dans une piscine, l’autre de Peter, immobile, fixant le sol. Après une première version en 1971, qu’il abandonne, il revient à son sujet après une nouvelle série de photographies prises par le réalisateur Tony Richardson lors d’un séjour en France, qui lui permet de trouver une solution à son problème de perspective.

4 Pearlblossom Hwy, 11-18th April 1986, #1
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4 Pearlblossom Hwy, 11–18th April 1986, #1, 1986

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Photocollage • 119 × 163 cm • Coll. The J. Paul Getty Museum, Los Angeles • © David Hockney

Pearblossom Hwy., 11–18th April 1986, #1, 1986

« J’ai réalisé Pearblossom Hwy, lorsque Vanity Fair m’a demandé d’illustrer un article de mon ami Gregor Von Rezzori retraçant le voyage de Humbert Humbert à la recherche de Lolita. C’est mon dernier photocollage et, sans aucun doute, le plus pictural de tous ceux que j’ai exécutés. Il m’a fallu neuf jours pour prendre les photographies et deux semaines pour les assembler. Je le considère comme ma réponse panoramique à la perspective orientée vers un point unique. » Hockney a retenu ici la leçon du cubisme selon laquelle l’œil ne peut saisir un point focal unique.

David Hockney, Henry Geldzahler and Christopher Scott
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David Hockney, Henry Geldzahler and Christopher Scott, 1969

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Huile sur toile • 214 × 315 cm • © David Hockney / Photo Richard Schmidt

Henry Geldzahler and Christopher Scott, 1969

En 1968, Hockney se lance dans une série de doubles portraits de ses proches (amis, parents, collectionneurs…). Ces œuvres portent l’empreinte des maîtres qu’il admire : Vermeer, Balthus, Hopper… Ici, il représente assis Henry Geldzahler, historien et commissaire d’exposition, avec son petit ami Christopher Scott.

David Hockney, Garden
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David Hockney, Garden, 2015–2016

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acrylique • 121,9 × 182,8 cm • © David Hockney / Photo Richard Schmidt

Garden,  2015–2016

Dans une palette vive et lumineuse, Hockney peint sur le motif. Ici, son jardin de Santa Monica, depuis sa terrasse à la végétation luxuriante, qui n’est pas sans rappeler Matisse.

Arrow

A Bigger Splash (1973)

de Jack Hazan

Reprise en version restaurée le 6 octobre.

Par • le 4 octobre 2021
Retrouvez dans l’Encyclo : David Hockney Pop art

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