L’audience générale du mercredi au Vatican est généralement un moment joyeux, où les fidèles peuvent écouter et voir le pape. Si l’audience de ce mercredi 6 octobre n’a pas dérogé à la règle, la voix du pape François s’est à un moment faite plus grave, son attitude plus concentrée, tandis que dans la salle Paul VI le silence régnait. Car pour le pape, « c’est le moment de la honte ».

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François réagissait ainsi publiquement à la parution, la veille, du rapport de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église), mettant en avant un nombre estimé à 330 000 victimes mineures en 70 ans, dont 216 000 du fait de prêtres ou religieux. « Malheureusement, le nombre [de victimes] en est considérable, s’est attristé le pape. Je désire exprimer aux victimes ma tristesse et ma douleur pour les traumatismes qu’elles ont subis. » Il a également assuré ces personnes violentées de sa prière.

La « responsabilité »de tous les catholiques

Surtout, le pape François a tenu à dire ses sentiments « [Je veux dire] ma honte, notre honte, ma honte pour la trop longue incapacité de l’Église à les mettre au centre de ses préoccupations », a-t-il ainsi assuré. « Je prie et nous prions tous ensemble : à toi Seigneur la gloire, à nous la honte. »

Le pape a ensuite poursuivi en encourageant à « faire des efforts afin que de semblables drames ne reproduisent pas ». Pour cela, il a exhorté les catholiques de France à « assumer leurs responsabilités pour garantir que l’Église soit une maison sûre pour tous ». Dans cette « épreuve dure mais salutaire », il a promis son « soutien paternel ».

Selon l’agence romaine spécialisée I.Media, le pape François a d’ailleurs pris un temps de prière en silence en amont de l’audience générale, avec quatre évêques français présents dans le cadre d’un pèlerinage : Mgr Laurent Dognin, évêque de Quimper et Léon (Finistère), Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon (Rhône) Mgr Yves Le Saux, évêque du Mans (Sarthe), et Mgr Pierre-Yves Michel, évêque de Valence (Drôme).

Seconde déclaration en deux jours

Cette prise de parole publique à propos du rapport de la Ciase avait été précédée mardi 5 octobre, jour de remise du long document, d’une première déclaration relayée par le Bureau de presse du Saint-Siège. « Ses pensées se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour leurs blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer », était-il affirmé. Le pape avait également souhaité que l’Église de France «puisse entreprendre la voie de la rédemption » après avoir «pris conscience de cette effroyable réalité ».

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Commandé par la Conférence des évêques de France (CEF) et la Conférence des religieux et religieuses en France (Corref), le rapport de la Ciase a été élaborée sous l’égide de son président, l’ancien vice-président du conseil d’État Jean-Marc Sauvé, après plus de deux ans et demi de travaux. Outre le nombre estimé de victimes, il met en avant les mécanismes qui ont permis la commission de tels faits et le silence qui les a entourés. Il fournit également une liste de 45 recommandations.