Secret de la confession : les prêtres ont «l’impérieuse obligation» d’alerter, selon Dupond-Moretti

Le garde des Sceaux ne s’était pas encore exprimé sur la polémique née des propos mercredi du président de la Conférence des évêques de France.

Eric de Moulins-Beaufort a par ailleurs été « invité », jeudi midi, par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Eric de Moulins-Beaufort a par ailleurs été « invité », jeudi midi, par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

    Les prêtres ont « l’impérieuse obligation » d’alerter les autorités quand leurs sont confessés des crimes, a estimé ce vendredi le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti à LCI. Une réponse aux propos controversés du président de la Conférence des évêques de France Eric de Moulins-Beaufort qui avait jugé le secret de la confession « plus fort que les lois de la République » dans la foulée de la publication du rapport Sauvé sur la pédocriminalité dans l’Eglise.

    «Si un prêtre reçoit dans le cadre de la confession, soit d’une victime, soit d’un auteur, la connaissance de l’existence de faits qui se déroulent (...) alors il a l’impérieuse obligation de mettre un terme à ces faits», a déclaré très précisément le garde des Sceaux. « Et si (le prêtre) ne le fait pas, il peut être condamné ? », l’a-t-on interrogé. « Il doit l’être, cela s’appelle non empêchement de crime ou de délit », a répondu Eric Dupond-Moretti.

    « J’ai demandé aux procureurs de la République d’enquêter même sur les faits prescrits, en vertu de la loi du 21 avril que j’ai portée et qui crée un nouveau mécanisme de prescription», annonce également le ministre dans une extrait d’entretien qui sera diffusé dans la soirée.

    Eric de Moulins-Beaufort a par ailleurs été « invité », jeudi midi, par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et à la demande d’Emmanuel Macron, pour « s’expliquer » au lendemain de ses propos controversés sur le secret de la confession.

    Rendez-vous à Beauvau

    Le rendez-vous permettra d’échanger « sur le sens du sacrement de la confession pour les catholiques et sur les fondements théologiques, spirituels et canoniques du secret de la confession », a-t-il souligné. Ce sera pour lui « l’occasion de rappeler qu’aujourd’hui, le secret de la confession, imposé aux prêtres par le droit canonique, n’est pas contraire au droit pénal français, comme le souligne la circulaire de la chancellerie du 11 août 2004 » (sur le secret professionnel des responsables religieux), affirme encore Eric de Moulins-Beaufort.



    « Le secret de la confession s’impose à nous et s’imposera à nous et, en ce sens-là, il est plus fort que les lois de la République parce qu’il ouvre un espace de parole, libre, qui se fait devant Dieu », avait-il dit mercredi matin sur franceinfo, au lendemain de la publication du rapport Sauvé sur la pédocriminalité au sein de l’Eglise catholique.

    « S’agissant du secret professionnel, il n’est pas absolu, comme d’ailleurs le secret médical en la matière et si le prêtre reçoit la confidence, soit par une victime soit par un auteur, de faits qui seraient prescrits ou passés alors il n’est pas tenu par le secret professionnel », a rétorqué Eric Dupond-Moretti.

    Près de 30 heures après, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a affirmé qu’il n’y avait « rien de plus fort que les lois de la République dans notre pays, (...) c’est très clair ».