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Nobel de la paix: Dmitri Mouratov dédie son prix à ses collaborateurs assassinés pour leur travail

Le journaliste russe Dmitri Mouratov
Le journaliste russe Dmitri Mouratov © Alexander Zemlianichenko/AP/SIPA
La Rédaction, avec AFP , Mis à jour le

Dmitri Mouratov a jugé que le prix Nobel de la paix "n'est pas (son) mérite personnel", listant les noms des six journalistes et contributeurs de son journal assassinés, dont Anna Politkovskaïa.

Le journaliste russe Dmitri Mouratov a annoncé vendredi dédier son prix Nobel de la Paix au journal dont il est le rédacteur en chef, Novaïa Gazeta, et à ses collaborateurs assassinés pour leur travail et leurs enquêtes. Son adjoint, Kirill Martynov, a lui salué un soutien "extrêmement important dans les circonstances actuelles", les médias indépendants et l'opposition étant sous la pression croissante du pouvoir qui a qualifié certains titres d'"agent de l'étranger" et interdits des organisations critiques du Kremlin.

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Une partie de la somme reçue sera versée à un fonds caritatif aidant les enfants qui souffrent de maladies rares

Dmitri Mouratov a jugé que ce Nobel "n'est pas (son) mérite personnel". "C'est celui de ceux qui sont morts en défendant le droit des gens à la liberté d'expression", a-t-il dit cité par l'agence de presse TASS, listant les noms des six journalistes et contributeurs au journal assassinés, dont Anna Politkovskaïa. "Puisqu'ils ne sont pas avec nous, (le Comité Nobel) a visiblement décidé que je le dise (...) Voilà la vérité, c'est pour eux", a-t-il ajouté.

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M. Mouratov a précisé ne pas avoir pu décrocher le téléphone lorsqu'il a reçu l'appel du Comité Nobel car il travaillait. Ce prix "est arrivé au moment juste", alors que "de multiples et puissantes forces en Russie veulent qu'il n'y ait plus de presse dans le pays, mais seulement de la propagande", a affirmé son adjoint, M. Martynov. Selon lui, le Nobel permettra de protéger davantage Novaïa Gazeta d'une éventuelle fermeture sur décision des autorités.

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Son journal a précisé qu'une partie de la somme reçue pour son prix Nobel de la Paix sera versée à un fonds caritatif aidant les enfants qui souffrent de maladies rares. Cette organisation, Kroug Dobra ("Le cercle de la bonté") a été fondée à l'initiative du président Vladimir Poutine en janvier.

Le Kremlin a salué le "courage" et le "talent" de Dmitri Mouratov, qui "travaille en continu en suivant ses idéaux, en les conservant". Du côté des partisans de l'opposant incarcéré Alexeï Navalny, certains ne cachaient pas leur déception que leur champion, qui a failli mourir empoisonné en août 2020, n'a pas eu le prix. Rouslan Chaveddinov, un dirigeant du mouvement anti-corruption de M. Navalny, a estimé ainsi que le comité Nobel aurait dû récompenser celui "qui a survécu à une tentative d'assassinat et est désormais l'otage de ses tueurs".

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Créée en 1993, Novaïa Gazeta reste régulièrement la cible d'intimidations et d'attaques. Ces dernières années, ce journal a publié des enquêtes sur les agissements de groupes paramilitaires russes ou encore les persécutions des minorités sexuelles en Tchétchénie.

L'annonce du prix Nobel intervient au lendemain de la commémoration de l'assassinat de la journaliste la plus célèbre de Novaïa Gazeta, Anna Politkovskaïa , abattue par balles dans sa cage d'escalier le 7 octobre 2006. Comme pour plusieurs autres assassinats à caractère politique en Russie, les exécutants du crime ont été lourdement condamnés par la justice, mais le ou les commanditaires, n'ont jamais été identifiés. Ils bénéficient depuis jeudi de la prescription pénale.

Les autres contributeurs de Novaïa Gazeta tués furent Igor Domnikov en 2000, un assassinat commandité par un hommes d'affaires visé dans une enquête journalistique. Selon Novaïa Gazeta, Iouri Chtchekotchikhine, qui écrivait notamment sur la corruption et la Tchétchénie, est lui mort empoisonné en 2003 mais les autorités ont classé le dossier estimant qu'il n'y avait aucune preuve qu'un crime avait été commis. 

L'avocat Stanislav Markelov et la pigiste de Novaïa Gazeta Anastassia Babourova ont eux été tués par balles en pleine rue par un militant d'extrême droite en 2009.

Enfin, Natalia Estemirova, proche d'Anna Politkovskaïa, a été enlevée et tuée en 2009 aussi. Elle représentait l'ONG de défense des droits humains Memorial en Tchétchénie et contribuait au journal, dénonçant les exactions commises par les autorités locales, sous contrôle de Ramzan Kadyrov, dans sa guerre sanglante contre des combattants indépendantistes puis jihadistes.

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