Violences conjugales : Darmanin et Schiappa expérimentent la «plainte chez autrui»

Pour améliorer la prise en charge des victimes, le gouvernement souhaite envoyer des brigades mobiles recueillir les plaintes.

La plainte évolue, après la plainte en ligne promise lors du Beauvau de la sécurité, le gouvernement lancent l'expérimentation de la plainte chez autrui. LP/Arnaud Journois
La plainte évolue, après la plainte en ligne promise lors du Beauvau de la sécurité, le gouvernement lancent l'expérimentation de la plainte chez autrui. LP/Arnaud Journois

    Il est parfois difficile de se rendre dans un commissariat après des violences conjugales. Peur du jugement, d’être mal reçu ou tourné en ridicule… Et si c’était le commissariat qui se déplaçait pour recueillir la parole des victimes ?

    Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la ministre déléguée Marlène Schiappa ont annoncé mettre en place à la fin de l’année et de façon temporaire « la plainte chez autrui », pour améliorer la prise en charge des victimes.

    L’expérimentation permettra « dans certains départements que les policiers et gendarmes se déplacent » pour recueillir des plaintes, a indiqué le ministre de l’Intérieur devant la commission des lois de l’Assemblée nationale.

    Améliorer l’accueil des victimes

    « Si vous êtes une femme violentée et que vous avez choisi d’être chez votre assistante sociale, votre amie, votre maman, à la mairie et que vous avez peur du commissariat (l’accueil qu’on peut vous apporter, le regard des autres, la difficulté de rentrer dans un commissariat, ce n’est jamais évident) », alors les forces de l’ordre pourront se déplacer, a-t-il poursuivi.

    La liste des départements concernés par l’expérimentation sera déterminée « dans les prochains jours », a précisé le ministère de l’Intérieur.

    L’accueil des victimes de violences conjugales peut « s’améliorer très certainement », a ajouté Gérald Darmanin, interrogé sur le sujet après une manifestation, dimanche devant le commissariat de Montpellier, pour dénoncer la mauvaise prise en charge des victimes d’agressions sexuelles.

    Le dépôt de plainte à l’hôpital, mis en place dans le cadre du Grenelle des violences conjugales, est déjà expérimenté et doit être prochainement étendu à l’ensemble du territoire.



    Par ailleurs, suite au Beauvau de la sécurité, la plainte va progressivement se dématérialiser « Je souhaite que la plainte en ligne soit mise en œuvre dès 2023 », a annoncé Emmanuel Macron mercredi 15 septembre 2021.

    La plainte se dématérialise

    Pour l’instant, seuls « certains vols, la dégradation volontaire de véhicule, le vol de deux-roues non immatriculés, le graffiti, les cambriolages et l’utilisation frauduleuse des moyens de paiement » semblent concernés. Dans ce cas, les démarches pourront se faire entièrement à domicile.

    Le gouvernement réfléchit tout de même à une utilisation plus large : « La plainte en ligne peut également permettre de fixer un rendez-vous à la victime », lorsqu’il est nécessaire. Dans le cadre d’infractions sexuelles, par exemple.



    Pour ce type d’agression, comme pour les violences conjugales, de nombreuses femmes éprouvent des difficultés à pousser les portes du commissariat. On estime que seulement 10 % des victimes de viol osent porter plainte.