De nombreuses villes habitées vont être grignotées par la montée des mers si les objectifs climatiques ne sont pas atteints. Ces modélisations permettent de le constater visuellement.

Les études environnementales sont souvent associées à des modélisations, c’est-à-dire des projections dans le futur à partir de données passées et actuelles extrapolées. Parfois, ces simulations de l’avenir demeurent elles-mêmes au stade de données ou de graphiques, de cartes. Elles sont cruciales, mais il peut alors être difficile de visualiser l’avenir dépeint en chiffres et en courbes. Certains travaux viennent donc apporter des représentations visuellement concrètes — en faisant même parfois appel à des artistes, comme une étude récente qui imagine la Terre en 2500.

Une nouvelle publication, diffusée ce 11 octobre 2021 dans Environmental Research Letters, se penche sur la montée des mers provoquée par le changement climatique d’origine humaine, et plus précisément sur l’impact de cette élévation sur les lieux habités. On sait déjà que le réchauffement va mettre en danger de nombreuses villes, mais ce travail de recherche, réalisé par un collectif de scientifiques et de journalistes appelé Climate Central, est basé sur une collection inédite de données et s’accompagne d’illustrations édifiantes.

Des niveaux d’exposition sans précédent à la montée des eaux

« Nous montrons ici que, dans le cadre de scénarios d’émissions élevées entraînant un réchauffement de 4 degrés Celsius et une élévation du niveau moyen mondial de la mer de 8,9 mètres dans une période de 200 à 2000 ans, 50 grandes villes, principalement en Asie, devraient affronter des niveaux d’exposition [à la montée des eaux] sans précédent (…) voire faire face à des pertes partielles ou quasi totales de leur superficie », déplorent les auteurs de cette nouvelle étude.

Le réchauffement planétaire — causé par les activités humaines — provoque directement la montée des mers. Ainsi, depuis 1800, la planète a gagné un peu plus de 1 degré, et en parallèle, le niveau des mers a monté de 20 centimètres. Mais à mesure que le réchauffement progresse, cette augmentation pourrait être de plusieurs mètres.

Ce groupe de scientifiques a donc modélisé les conséquences des différents degrés de réchauffement sur les mers, en appliquant les données à une carte Google Maps que vous pouvez explorer. Elle permet de constater à quel point les côtes sont « grignotées » par les eaux à mesure que le nombre de degrés augmente. Ce grignotage repousse la frontière maximale de la marée haute sur les terres fermes. Donc, concrètement, cela veut dire que l’eau des mers atteint des endroits qui n’étaient pas touchés avant.

La France n’est pas épargnée. Voici, ci-dessous, un exemple dans le nord de la France.

En rouge, à droite, la partie grignotée par les eaux. // Source : Climate Central (capture d'écran Numerama)

En rouge, à droite, la partie grignotée par les eaux.

Source : Climate Central (capture d'écran Numerama)

Mais Climate Central délivre des modélisations plus frappantes encore, visuellement parlant, via Google Earth.

Voici à quoi pourraient ressembler quatre lieux, situés en France, si le réchauffement planétaire se poursuit jusqu’à au moins 3 degrés. Les simulations ci-dessous sont interactives : faites glisser le curseur du milieu pour voir le même endroit avant ou sans réchauffement à +3 degrés.

Bordeaux (cathédrale)

Augmentation de 1,5 degré Augmentation de 3 degrés

Bordeaux (monument aux Girondins)

Augmentation de 1,5 degré Augmentation de 3 degrés

Nice

Augmentation de 1,5 degré Augmentation de 3 degrés

Anglet (plage des cavaliers)

Augmentation de 1,5 degré Augmentation de 3 degrés

Climate Central a conduit ce type de modélisations Google Earth pour de nombreuses villes à travers le monde. Vous pouvez toutes aller les consulter sur la page Picturing.

Au total, la frontière avec la marée haute pourrait empiéter sur des terres aujourd’hui occupées par au moins 15 % de la population mondiale actuelle — soit un milliard de personnes. En revanche, « la réalisation des objectifs les plus ambitieux de l’accord de Paris sur le climat réduira probablement l’exposition de moitié environ » et pourrait éviter que les villes côtières doivent faire face à la mise en place d’adaptations pour se défendre contre la montée des eaux.


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