Une semaine après l’attaque de Kunduz, l’Afghanistan est à nouveau ensanglanté. Au moins 33 personnes ont été tuées lors de la prière du vendredi dans un attentat-suicide contre une mosquée chiite de la ville de Kandahar, le berceau des talibans, ainsi défiés en plein cœur de leur fief traditionnel.

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« Nos premières informations montrent qu’il s’agit d’un kamikaze qui s’est fait exploser à l’intérieur de la mosquée », a indiqué à l’AFP un responsable local taliban, sous couvert d’anonymat, ajoutant qu’une enquête était ouverte.

Cette attaque survient exactement une semaine après un attentat-suicide contre une mosquée chiite de Kunduz (nord-est), revendiqué par Daech et qui a fait des dizaines de victimes. Si l’attentat de Kandahar était également revendiqué par Daech, ce serait la première fois que le groupe frappe dans cette ville.

Vague d’attentats

Selon des témoins, plusieurs explosions ont frappé la mosquée Fatemieh vendredi 15 octobre, dans le centre de Kandahar, la deuxième plus grande ville du pays, au moment de la grande prière hebdomadaire du vendredi. Un porte-parole de l’hôpital central de la ville a fait état d’au moins 33 morts et 74 blessés.

« Nous sommes attristés d’apprendre qu’une explosion a eu lieu dans une mosquée de la confrérie chiite (…) de la ville de Kandahar, dans laquelle un certain nombre de nos compatriotes ont été tués et blessés », a tweeté le porte-parole taliban du ministère de l’intérieur, Qari Sayed Khosti. « Des forces spéciales de l’Émirat islamique sont arrivées dans la zone pour déterminer la nature de l’incident et traduire les auteurs en justice », a-t-il ajouté.

Depuis leur arrivée au pouvoir le 15 août, les talibans, qui font du retour de la sécurité dans le pays après vingt ans de guerre leur priorité, sont confrontés à une vague d’attentats sanglants, menés par Daech. Sa branche locale, l’État islamique-Khorasan (EI-K), a ciblé ces dernières semaines les talibans et la minorité chiite afghane.

« Un défi lancé aux talibans »

Les talibans eux-mêmes s’en sont souvent pris dans le passé aux chiites, qui représentent entre 10 et 20 % de la population afghane (environ 40 millions d’habitants). Mais depuis leur arrivée au pouvoir, ils se sont dits déterminés à en garantir la sécurité.

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Cette attaque, en plein fief taliban, est « un défi lancé aux talibans qui prétendent détenir le contrôle du pays », analyse Abdul Sayed, chercheur spécialisé dans le suivi des groupes djihadistes afghans pour la plateforme ExTrac. « S’ils ne peuvent pas protéger Kandahar d’une attaque de l’EI-K, comment pourraient-ils protéger le reste du pays de l’EI-K ? », ajoute l’analyste, interrogé par l’AFP.