Les élevages intensifs nourrissent la prochaine pandémie

Poulets confinés à Daillens après l'apparission de la grippe aviaire H5N8 en 2016. | Keystone / Laurent Gillieron
Poulets confinés à Daillens après l'apparission de la grippe aviaire H5N8 en 2016. | Keystone / Laurent Gillieron

En décembre 2020, 101'000 poulets ont commencé à s’effondrer et à mourir à cause du H5N8 — une souche récente de la grippe aviaire — dans une ferme géante à Astrakhan, dans le Sud de la Russie, dévoile le Guardian. Ce qui distingue ce cas, c’est que le virus H5N8 a pour la première fois sauté la barrière des espèces pour contaminer l’homme. 7 des 150 employés de la ferme testés étaient contaminés. Le cas est resté inaperçu, masqué par la crise Covid-19.

Pourquoi c’est inquiétant. Au moins huit différentes souches de grippes aviaires mortelles pour l’homme circulent dans les fermes industrielles et elles sont potentiellement plus graves que Sars-CoV-2. Bien qu’il n’y ait pas eu de nouvelles infections au H5N8 en 2021, des inquiétudes existent et se tournent vers la Chine. Où un autre variant, le H5N6, a infecté 48 personnes depuis qu’il a été identifié en 2014, dont plus de la moitié est décédée (au 1er octobre, l’OMS faisait état de 24 morts lui ayant été rapportées depuis 2014).

Un nouveau pique d’infections est en outre apparu ces dernières semaines. Ce qui suggère que cette souche mute plus rapidement et est extrêmement dangereuse. La plupart des cas sont liés à des fermes de volailles.

Un problème créé par l’homme. L’industrie de la viande et de la volaille, ainsi que les gouvernements, insistent sur le fait que, de manière générale, l’élevage intensif est extrêmement sûr et essentiel pour nourrir la population. Les preuves scientifiques démontrent cependant que les conditions de stress et l’entassement des animaux favorisent l’émergence et la dissémination des maladies infectieuses et peuvent faciliter la transmission à l’homme.

Cité dans l’article, Michael Greger, auteur du livre Bird Flu: a virus of our Own Hatching (Grippe aviaire: un virus éclos par nos soins), explique qu’«en terme d’évolution, élever de la volailles, des bovins et des cochons, intensivement, entassés, confinés dans des conditions totalement non naturelles est probablement la plus profonde altération de la relation homme-animal depuis 10'000 ans». C’est quand un virus sauvage s’infiltre dans un élevage que le danger est le plus accru. Les conditions sont idéales et servent de boîte de pétri au virus pour muter et se renforcer.

À lire dans le Guardian