Kidane Zekarias Habtemariam a été condamné par contumace, en juin, à la prison à perpétuité pour huit chefs d'accusation concernant le trafic d'êtres humains. Les Pays-Bas l'ont inscrit, mardi, sur la liste des personnes les plus recherchées. Le trafiquant a retenu en otage, torturé, violé - et parfois tué - des milliers de migrants en Libye.
Les exilés qui ont croisé son chemin savent de quelle cruauté Kidane Zekarias Habtemariam est capable. Le passeur érythréen de 37 ans a été ajouté, mardi 19 octobre, à la liste des personnes les plus recherchées aux Pays-Bas. Il est accusé d’être à la tête d'un gang criminel en Libye qui maltraite et escroque des migrants cherchant à rejoindre l'Europe. Il est également soupçonné de blanchiment de l'argent gagné par son groupe.
L'avis de recherche décrit Kidane Zekarias Habtemariam comme "l'un des passeurs les plus notoires et les plus cruels au monde". "Ses victimes sont soumises à des coups violents, à des enlèvements, à des viols et/ou à des privations illégales de liberté", indique l'avis de recherche, précisant que son gang "cherche à gagner le plus d'argent possible sur le dos des migrants".
Arrêté en mars 2020 en Éthiopie après avoir été reconnu à Addis Abeba par un homme qu’il avait détenu en Libye, le tortionnaire avait été arrêté et emprisonné mais il était parvenu à s’échapper lors de son procès. Depuis ce jour, la justice a perdu sa trace.
D'après les informations collectées par Vice, le trafiquant aurait bénéficié de l’aide de policiers chargés de sa surveillance. "Selon plusieurs sources du bureau du procureur général d'Éthiopie, Kidane s'est rendu aux toilettes du tribunal fédéral d'Addis-Abeba avant la dernière audience du procès […] Il a quitté son uniforme orange de prisonnier, a enfilé des vêtements neufs qui avaient été laissés là et est simplement sorti", détaillait, en février, le média en ligne, précisant que les policiers chargés de le surveiller ont été arrêtés, "soupçonnés d'avoir facilité son évasion en échange de pots-de-vin".
En juin dernier, le trafiquant a été condamné par contumace à la prison à perpétuité, par un tribunal d'Addis Abeba. Quelques jours plus tôt, Tewelde Goitom, un autre trafiquant d’êtres humains érythréen, surnommé "Walid", avait été condamné à une peine de 18 ans de prison.
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Des milliers de personnes détenues à Bani Walid
Les deux hommes ont retenu, torturé - et parfois tué - des milliers de migrants dans des hangars de la ville de Bani Walid, située à environ 180 km au sud-est de Tripoli.
En avril 2020, l’Irish Times avait recueilli le témoignage d’un jeune homme ayant été détenu par Kidane Zekarias Habtemariam dans ce qu’il décrivait comme une "‘ville fantôme’, à cause du nombre de personnes qui y disparaissent sans laisser de trace".
Le jeune homme accusait le trafiquant d’ordonner et de commettre lui-même de graves sévices sur les détenus. "Un type a été battu avec des fils électriques. [Kidane] l'a battu au point qu'il était au bord de la mort. Il l'a battu avec ses propres mains. Heureusement, il a survécu", avançait le jeune homme interrogé par l’Irish Times.
Kidane Zekarias Habtemariam est recherché dans le cadre d'une "enquête internationale à grande échelle" menée par les Pays-Bas en coopération avec d'autres pays, dont l'Italie, ont précisé les autorités néerlandaises.
Le ministère public a lancé un appel aux Érythréens vivant aux Pays-Bas dans l'espoir d'obtenir des informations à son sujet.