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En Turquie, les fondations islamiques proches du pouvoir étendent leur emprise sur la haute fonction publique

Tügva, Turgev, et d’autres, dirigées par la famille ou des fidèles du chef de l’Etat, Recep Tayyip Erdogan, placent leurs membres au cœur des ministères.

Par  (Istanbul, correspondante)

Publié le 21 octobre 2021 à 03h12, modifié le 21 octobre 2021 à 04h32

Temps de Lecture 5 min.

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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est au cœur d’un scandale l’accusant de favoriser des fondations islamiques qui le soutiennent.

LETTRE D’ISTANBUL

Une fondation islamique liée à la famille du président Recep Tayyip Erdogan mise en cause par les révélations d’un lanceur d’alerte, voilà un tapage médiatique dont les islamo-conservateurs, en perte de vitesse dans les sondages, se seraient bien passés. Ressassé par les médias d’opposition et les internautes, le scandale expose Tügva, la fondation de la jeunesse turque, cofondée par Bilal Erdogan, 40 ans, le fils cadet du chef de l’Etat, qui siège à son conseil d’administration et à celui de plusieurs associations du même acabit.

Selon des documents fournis par un ancien cadre de l’organisation au journaliste Metin Cihan, qui les a publiés sur son compte Twitter, Tügva fait office de « Pôle emploi » pour des milliers de ses membres, admis en priorité dans les grands corps de l’Etat, du ministère de la défense à celui de la justice en passant par l’éducation. Sur un CV, la recommandation de cette fondation vaut davantage qu’un diplôme obtenu dans la plus prestigieuse des universités.

Décrite sur son site comme « la plus grande organisation de jeunesse de Turquie », Tügva possède 404 représentations à travers le pays et gère 58 foyers d’hébergement pour des étudiants garçons. Les foyers pour les filles sont administrés par Turgev, une fondation du même type. Fondée en 2013 officiellement pour favoriser l’émergence d’une « jeunesse morale et fidèle à l’Etat », Tügva a accès aux écoles, aux lycées et aux universités par le biais de partenariats signés avec le ministère de l’éducation nationale.

Ses adeptes animent des cours de morale, de religion, de civilisation. En cas de besoin, ils font passer des messages politiques, comme en 2017, quand ils ont milité pour le « oui » au référendum organisé par M. Erdogan pour élargir ses pouvoirs. L’opinion publique turque sait parfaitement que Tügva et ses sœurs – Turgev, Kadem, YIC, Ensar et d’autres – sont dirigées par des parents et des fidèles du chef de l’Etat, qui y pantouflent.

« La partie visible de l’iceberg »

Il est de notoriété publique que ces organisations, créées avec l’aide des confréries religieuses pour islamiser la société par le bas, jouissent de nombreux privilèges. Généreux, le gouvernement leur accorde des exemptions fiscales, des subventions, des locaux à loyers modérés dans les plus beaux bâtiments historiques du pays.

Ekrem Imamoglu, le maire d’Istanbul issu de l’opposition, en sait quelque chose. Il avait dénoncé ces pratiques peu après son élection en juin 2019, révélant l’ampleur des aides fournies aux fondations par ses prédécesseurs du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateurs). L’édile tente depuis d’y mettre un terme. Avec difficulté, comme le prouve l’incident qui l’a opposé récemment à Tügva, lorsque l’organisation a refusé de libérer un bâtiment à Büyükada, sur les îles du Prince, malgré une décision de justice.

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