LETTRE D’ISTANBUL
Une fondation islamique liée à la famille du président Recep Tayyip Erdogan mise en cause par les révélations d’un lanceur d’alerte, voilà un tapage médiatique dont les islamo-conservateurs, en perte de vitesse dans les sondages, se seraient bien passés. Ressassé par les médias d’opposition et les internautes, le scandale expose Tügva, la fondation de la jeunesse turque, cofondée par Bilal Erdogan, 40 ans, le fils cadet du chef de l’Etat, qui siège à son conseil d’administration et à celui de plusieurs associations du même acabit.
Selon des documents fournis par un ancien cadre de l’organisation au journaliste Metin Cihan, qui les a publiés sur son compte Twitter, Tügva fait office de « Pôle emploi » pour des milliers de ses membres, admis en priorité dans les grands corps de l’Etat, du ministère de la défense à celui de la justice en passant par l’éducation. Sur un CV, la recommandation de cette fondation vaut davantage qu’un diplôme obtenu dans la plus prestigieuse des universités.
Décrite sur son site comme « la plus grande organisation de jeunesse de Turquie », Tügva possède 404 représentations à travers le pays et gère 58 foyers d’hébergement pour des étudiants garçons. Les foyers pour les filles sont administrés par Turgev, une fondation du même type. Fondée en 2013 officiellement pour favoriser l’émergence d’une « jeunesse morale et fidèle à l’Etat », Tügva a accès aux écoles, aux lycées et aux universités par le biais de partenariats signés avec le ministère de l’éducation nationale.
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