Une étrange routine a envahi TikTok ces dernières semaines. Sur la plateforme, de plus en plus d’utilisatrices se filment en train de tester le sauna vaginal. À la manière d’une inhalation pour le rhume, les adeptes de cette pratique font infuser des plantes dans de l’eau bouillante et s’accroupissent, nues, au-dessus de ce mélange pendant plusieurs minutes pour offrir un bain de vapeur à leurs parties intimes. Cette technique aurait, selon ses fans, plusieurs bienfaits : elle permettrait de purifier, d’apaiser les crampes menstruelles, de régulariser les cycles, d’équilibrer les hormones et le pH, voire même d’améliorer la fertilité et de diminuer les sécheresses vaginales. Certaines ont même monté un business autour de cette tendance (vente de préparation d’herbes prêtes à l’emploi ou de bassines en plastique) et en font la promotion via l’application.  

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@springskin

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Ce n’est pas la première fois que le sauna vaginal (aussi appelé « yoni steam ») devient un phénomène en ligne. En 2015, l’actrice Gwyneth Paltrow, gourou lifestyle adepte des pratiques « bien-être » qui font débat, recommandait aux femmes cette technique qu’elle avait découverte dans un spa de Santa Monica. « Vous vous asseyez sur une sorte de mini-trône et un mélange de vapeur et d'infra-rouge nettoie votre utérus », écrivait-elle à l’époque sur son site Goop.  À l’époque déjà, la promotion de cette pratique fait bondir les gynécologues. Parce que ces bains de vapeur ne sont pas sans incidence pour notre intimité : « je déconseille vraiment cette pratique », souffle Nasrine Callet, gynécologue à l’institut Curie.  

« Le vagin n'est pas un organe stérile »

Selon l’experte, la vapeur dégagée est néfaste pour la flore intime. « Le mélange eau et chaleur n’est pas bon : les muqueuses à l'intérieur du vagin vont garder l'humidité, qui est un facteur de prolifération des mycoses et des champignons », explique-t-elle. Contrairement à ce qu’avancent les adeptes du yoni steam, le sauna peut dérégler la flore. « Ce dérèglement entraine d'autres désagréments, telles que des sécheresse vaginales, et va faciliter les infections », détaille Nasrine Callet.  

La gynécologue reconnaît l’effet « bien-être » de la chaleur sur les douleurs de règles (même si elles proviennent « de l’utérus, et pas du vagin »). Néanmoins, là encore, elle émet des réserves : « Le risque, c’est de se brûler avec une eau trop chaude. » Elle rappelle ainsi le cas de  cette canadienne de 62 ans, hospitalisée en 2019 pour des brûlures au deuxième degré au niveau du col de l’utérus et des parois vaginales. Souffrant d’un prolapsus génital (descente d’organes), cette sexagénaire pensait avoir trouvé la solution qui apaiserait ses douleurs. « Cette eau très chaude peut également aggraver la circulation pelvienne, ce qui favorise l’apparition de varices », ajoute la professionnelle.  

Nasrine Callet tient à souligner que le vagin est un organe « autonettoyant » et qu’il n’a besoin, en aucun cas, d’être purifié. « Une bonne hygiène intime, c’est un lavage de la vulve à l’eau, et c’est tout. Et on ne met rien à l’intérieur », insiste-t-elle. L’experte déplore l’injonction faite aux parties génitales des femmes, qui doivent être parfaites (comme l’a montré l’affaire  Maeva Ghennam) et pures. « Le vagin n’est pas un organe stérile. Tout comme la paroi de l'intestin, on a des bactéries bénéfiques », rassure la gynécologue.  

Pour l’heure, aucune étude n’a confirmé les bienfaits supposés du sauna vaginal.