Alma Reville, l’épouse brillante qui se cachait derrière Alfred Hitchcock

Elle était l’âme-sœur d’Hitchcock, mais aussi sa meilleure associée. Alma Reville, véritable génie du cinéma, a travaillé toute sa vie pour l’œuvre de son mari.
Alma Reville lpouse brillante qui se cachait derrière Alfred Hitchcock
James Andanson/Sygma via Getty Images

Sans elle, Psychose ne serait certainement pas Psychose… Derrière ce chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, se cache la patte d’Alma Reville. C’est elle qui a convaincu le réalisateur de tuer l’héroïne dans les premières trente minutes du film, mais aussi de tourner en noir et blanc, pour éviter de choquer les spectateurs avec le rouge vif de l’hémoglobine. À la ville comme sur les plateaux de tournage, Alma et Hitch étaient complémentaires. « Imaginez Dieu tout en haut d’une montagne, occupé à couper des oranges en deux. Il en dévale des millions et sur ce nombre, il arrive qu’une moitié retrouve la part qui lui permet de redevenir une orange entière. Mon père et ma mère ont été cette orange-là », avait pour habitude de dire leur fille unique, Patricia. Autre signe du destin : Alfred est né le 13 août 1899, Alma le 14 août de la même année. On les croirait presque jumeaux. D’ailleurs, chacun termine les phrases de l’autre, et quand le réalisateur a une idée d’intrigue, c’est souvent son épouse qui la peaufine.

Pourtant, jamais le nom de cette dernière n’apparaît au générique en tant que co-scénariste. Alma est « une femme qui a volontairement préféré l’ombre de son imposant mari plutôt que la lumière des projecteurs d’Hollywood », écrivent Patricia Chaira et Dorothée Lépine, dans Les oubliées de l’Histoire, dans l’ombre des grands hommes (éditions Hors-collection), retraçant l’histoire de cet incroyable « partenariat professionnel et amoureux ».

Hitch, un grand timide

À l’origine, c’est Alma la mordue de cinéma. Elle a grandi sur les plateaux, où ses parents travaillent, puis est rapidement devenue une technicienne appréciée des salles de montage, dans lesquelles elle commence à travailler à 16 ans. Reconnue comme une pionnière dans ce domaine ultra-masculin, elle multiplie les casquettes, tour à tour monteuse, assistante réalisatrice et parfois même comédienne. En 1922, quand elle rencontre Alfred Hitchcock, elle est alors plus célèbre que lui dans le petit milieu londonien.

Alfred et Alma, en 1955Bettmann

Pour le montage de son tout premier film, Hitch décidé d’engager Alma : « C’est la seule manière qu’il avait trouvé de me parler tous les jours », dira-t-elle. Derrière son air grave, le réalisateur est un timide. Il attendra d’ailleurs cinq ans pour déclarer sa flamme à Alma et la demander en mariage. De l’Angleterre au Royaume-Uni, le couple, désormais uni, enchaîne les grands films : Rebecca, La Mort aux trousses, Sueurs froides… Alma est toujours là, du début à la fin de la production, pour conseiller son mari.

Un jour, elle tombe gravement malade. Hitchcock, désemparé, menace de se suicider si elle venait à mourir. Elle se rétablira rapidement, pour qu’ils tournent ensemble un dernier film, un dernier chef-d’œuvre, Frenzy. Le réalisateur des Oiseaux décédera finalement le premier, le 29 avril 1980, rejoint dans la tombe, deux ans plus tard, par sa moitié d’orange.

Les oubliées de l’Histoire, dans l’ombre des grands hommes, de Patricia Chaira et Dorothée Lépine, éditions Hors Collection