Toulouse : une fresque pornographique, "choquante" et "dégradante" dans la cantine des internes en médecine du CHU de Purpan
Une fresque pornographique très réaliste, a été accrochée il y a plusieurs semaines dans le réfectoire de l'internat de médecine, sur le site de Purpan à Toulouse. Des représentants syndicaux de l'hôpital réclament son retrait. Ils ont saisi la direction.
Des hommes en action avec d'autres hommes, des femmes parfois dominatrices, fouet dans la main ou dans des positions sexuelles de soumission, une femme à quatre pattes, nue et attachée par le cou avec des détritus devant elle... Les carabins de l'internat de médecine du CHU Purpan ont fait dans le trash, trois ans après le scandale provoqué par une première fresque, plus "soft", retirée dans les mêmes locaux, à la demande d'étudiantes. Celles-ci, choquées, estimaient que cette tradition des internes en médecine était "hors du temps", à l'heure de la libération de la parole des femmes, victimes de harcèlement ou d'agressions sexuelles.
En 2018, une fresque avait déjà fait scandale, dans les mêmes locaux du CHU de Purpan
Cette nouvelle fresque ultra-réaliste, représentant une quinzaine de personnes réelles et reconnaissables, est une parodie du célèbre tableau de Delacroix, "La liberté guidant le peuple". Elle a été accrochée "ces derniers mois" dans le réfectoire des internes en médecine, au CHU de Purpan, à Toulouse. Elle aurait été commandée par des internes en médecine.
Le syndicat Sud du CHU de Purpan, alerté par l'association "Osez le féminisme 31", a déposé, vendredi 22 octobre, une alerte pour "danger grave et imminent" auprès de la direction. La direction du CHU doit recevoir les membres du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) du CHU, mardi 26 octobre. "Nous allons demander le retrait immédiat de cette fresque choquante, dégradante, au cours de cette enquête administrative", explique Isabelle Prono, déléguée syndicale Sud et membre du CHSCT.
« La fresque est apparue il y a quelque temps, elle mesure au moins 3 mètres de long. Il s’agit d’un véritable harcèlement sexuel, et un « harcèlement d’ambiance ». Cela participe clairement à répandre la « culture du viol », c’est une banalisation des images pornographiques. On n’en a vraiment pas besoin » ajoute Isabelle Prono.
"Il faut interdire ce genre d'affichage pornographique"
"Je ne vois pas en quoi ce genre de fresque est « humoristique » et permettrait à des gens de se « détendre ». Ce genre d’image ne facilite pas les relations entre hommes et femmes, dans le même service. Nous demandons à la direction d’interdire clairement, par une note de service ou directement dans le règlement intérieur, les affichages pornographiques à l’intérieur de l’enceinte du CHU."
L’association Osez le féminisme 31, qui a été lanceur d’alerte dans le dossier, via l’une de ses adhérentes, s’associe à la démarche du syndicat Sud, et du CHSCT de l’hôpital. « Interdire ce type d’affichage pornographique ne nous semble pas être une demande excessive. Qui a besoin de voir, au déjeuner ou pendant sa pause, des fellations, des levrettes, des femmes et des hommes dans des positions dégradantes, estime Frédérique, membre de l'association. La pratique de l’humour carabin, qui remonte au 19e siècle dans les salles de garde des hôpitaux, visait à transcender, à renverser le sacré, la mort, en étant dans la subversion. Aujourd’hui, tout cela est excessivement sexualisé. Nous ne voyons pas où se trouve la subversion. »
La direction du CHU demande le retrait immédiat de la toile
Contactée par "La Dépêche", la direction du CHU explique qu'un courrier a été adressé au Président de l’association de l’Internat, lui demandant le "retrait immédiat de cette toile".
"Le CHU et les facultés de santé rappellent leur attachement le plus strict à la lutte contre toute forme d’atteinte à la dignité des personnes, ajoute la direction. Ils conduisent depuis plusieurs années une politique de prévention et de lutte contre le harcèlement et la discrimination."
Le président de l'association de l'internat du CHU de Purpan, contacté par "La Dépêche", n'a pas pu, pour l'heure, répondre à nos sollicitations.
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