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Mireille Knoll apporte-t-elle la preuve par le pire qu’il faut ouvrir les yeux sur la réalité d’une France où les juifs sont les cibles d’une haine croissante? Le calendrier a son importance. Atteint au cœur par les attentats islamistes de 2015, le pays qui apprend, le 24 mars 2018, le meurtre de l’octogénaire a, ce jour-là, les yeux rivés sur un autre drame: la tuerie du supermarché de Trèbes (Aude) dans laquelle le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame a trouvé la mort pour avoir échangé sa place avec une femme retenue en otage par Redouane Lakdim, un jeune délinquant franco-marocain ayant fait allégeance à l’Etat islamique, tué ensuite par la police. L’émotion est à son comble.
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«Mireille Knoll a été assassinée parce qu’elle était juive», victime du même «obscurantisme barbare», assène Emmanuel Macron le jour même de la marche blanche organisée en mémoire de la vieille dame. Une accusation que les juges finiront par retenir deux ans plus tard, alors qu’une polémique entoure un autre meurtre d’une femme juive orthodoxe, Sarah Halimi, survenu en 2017, dont l’assassin, Kobili Traoré, a été déclaré irresponsable sur le plan pénal. Et maintenant? «Elle était un peu devenue la grand-mère de tous les Français, a répété à l’ouverture du procès l’avocat de la famille Knoll, Gilles-William Goldnadel. Peut-on oublier que Yacine Mihoub, l’un des deux meurtriers qu’elle avait connu enfant, avait écrit «Vive les frères Kouachi et Coulibaly» sur les murs de sa prison, et qu’il allait sur les sites islamistes antisémites? On est sur ce terrain-là: un petit antisémitisme crapuleux.»
Rencontre à Fleury-Mérogis
Car tout, dans l’itinéraire de ce voisin devenu délinquant et de son partenaire, rencontré en détention à Fleury-Mérogis, dit ce qu’une grande majorité de Français redoutent, au moment où se poursuit le procès des attentats du 13 novembre: le mélange entre petite criminalité et haine religieuse, les ravages des clichés les plus affreux propagés sur les juifs, la perte de repères problématique dans une République déboussolée.Lourd, très lourd fardeau pour une Cour d’assises qui doit juger les faits, au milieu des déclarations contradictoires des accusés. Et sur la base d’une ordonnance d’accusation en forme d’avertissement pour les jurés: «Il est particulièrement difficile de se fier aux seules déclarations des accusés, tant est relevée dans la procédure leur propension respective au mensonge.»