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Assassinat de Samuel Paty : le père du tueur se dit "satisfait" de son fils
Abuzayid Anzorov (en bas) et le blogueur
Capture d'écran

Assassinat de Samuel Paty : le père du tueur se dit "satisfait" de son fils

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Dans une interview accordée à un blogueur tchétchène, le père d'Abdoullakh Anzorov se félicite que « son fils soit parti en défendant l'honneur de tous les Tchétchènes et de tous les musulmans du monde ».

« Il est parti en défendant l'honneur de tous les Tchétchènes et de tous les musulmans du monde », se félicite le père d'Abdoullakh Anzorov, l'assassin de Samuel Paty, dans une interview accordée à un blogueur tchétchène en juin dernier et exhumée par Le Figaro ce jeudi 28 octobre. Marianne a pu consulter la retranscription de cet entretien dans le média russophone Kavkazr.

Abuzayid Anzorov, qui serait retourné vivre en Tchétchénie avec sa famille depuis l'attentat, explique être « satisfait » de l'acte commis par son fils, qui a été tué par la police peu après le meurtre du professeur d'histoire le 16 octobre 2020. Le père assure toutefois qu'il l'aurait empêché son fils s'il avait été au courant de son projet terroriste. « Je n'aurais pas eu le courage de décider de ce meurtre », explique-t-il, en glissant de manière énigmatique que Abdoullakh Anzorov n’aurait pas agi « spontanément ».

« Il n'a pas pu résister »

Abuzayid Anzorov raconte que tout a commencé lorsque son fils a pris connaissance, en octobre 2020, d'une vidéo « envoyée par l'imam d'une mosquée locale » qui dénonçait Samuel Paty pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression. Ce qui semble désigner la vidéo très largement diffusée sur les réseaux sociaux par Abdelhakim Sefrioui, activiste islamiste, mis en examen pour « complicité d'assassinat » pour avoir « facilité la définition du projet criminel » d'Anzorov.

« Abdoullakh a reçu cette vidéo », indique le père. « Il n'a pas pu résister, il a couru dans la cuisine vers sa mère et lui en a parlé. Sa mère a maudit ceux qui dessinent des dessins animés et a répondu que rien ne dépend de nous, que notre affaire est de prier », poursuit Abuzayid Anzorov.

Glorifié en Tchétchénie

Cette interview donne des éléments de contexte sur la manière dont a grandi Abdoullakh Anzorov, arrivé en France en 2007, où il bénéficiait avec sa famille du statut de réfugié. « Je l'ai élevé comme ceci : tu dois plus aimer Dieu que tes parents », explique le père qui raconte que son enfant a commencé à prier de lui-même à l'âge de 5 ans et à jeûner à 7 ans. Une éducation religieuse conforme « aux traditions et au comportement tchétchène »pour Abuzayid Anzorov qui décrit « un bon fils ».

En décembre dernier, les obsèques d'Abdoullakh Anzorov ont réuni plusieurs centaines de personnes en Tchétchénie, où certains responsables politiques comme le président du Parlement Magomed Daudov ont glorifié l'attentat commis. Ramzan Kadyrov, président de la République, avait désigné la France comme responsable du crime parce que le terroriste « a passé presque toute sa vie en France, s'y installant enfant avec ses parents, grandissant aux côtés des Français ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne