A 16h05 ce vendredi, le train des primeurs Perpignan-Rungis a repris du service

Depuis ce vendredi, le train des primeurs circule enfin à nouveau entre Perpignan et Rungis. Il s’agit de réduire l’empreinte carbone des fruits et légumes produits dans le sud de la France, en Espagne et au Maroc et massivement consommés en Ile-de-France.

Le train des primeurs, reliant Perpignan à Rungis, a repris du service en présence de Premier ministre Jean Castex et du ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. AFP/Raymond Roig
Le train des primeurs, reliant Perpignan à Rungis, a repris du service en présence de Premier ministre Jean Castex et du ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. AFP/Raymond Roig

    À 16h05 ce vendredi 22 octobre, le petit train dit des primeurs a quitté le quai du terminal ferroviaire de Perpignan-Saint Charles pour rejoindre Rungis où il était attendu ce samedi à 3h08, mettant ainsi un terme au silence des locomotives pour transporter les fruits et légumes de Méditerranée (France, Espagne, Maroc) vers le Bassin parisien.

    « Le cap, ce cap-là est bon. Il est clair. Les Français sont de plus en plus regardants sur la manière dont les aliments sont produits et sur la façon dont ils sont acheminés », argumente le Premier ministre Jean Castex, arrivé sur place pour superviser le départ des wagons. L’ancien maire de Prades avait fait du redémarrage de ce train des primeurs une affaire personnelle en relançant dès juillet 2020 le processus, considéré comme plus vertueux que les camions sur la route.

    La nouvelle proposition contient cinq convois par semaine de douze wagons remis en état, modernisés, repeints en blanc à partir de l’existant. L’opérateur de transport PrimEver a répondu à l’appel d’intérêt lancé en début d’année. Et les grossistes de Saint Charles fournissent les denrées, essentiellement en cette période de l’année, des fruits arrivés du Maroc et des légumes d’Espagne, en attendant la pousse des salades roussillonnaises à partir de la mi-novembre.

    Redevenir compétitif

    « Nous sommes heureux de renouer avec le ferroviaire, mais ce n’est qu’une première étape. Nous sommes encore loin de l’époque où c’était trois ou quatre trains de trente wagons qui partaient chaque soir de Saint-Charles. Et l’avenir de cette ligne repose sur le transport combiné rail-route », estime Denis Ginard, président du syndicat des importateurs et exportateurs de Saint-Charles, qui réclament donc plus de trains et plus de destinations vers l’Europe du Nord.

    « En 2019, au moment de la mise en sommeil de cette ligne, nous étions dans un cercle vicieux. En fret fruits et légumes, le train était plus cher de 30 % sur l’offre routière. Et de nombreux sillons de circulation de nuit étaient perturbés par la grande vague de travaux d’infrastructures que nous avions lancés. Mais en puisant dans les fonds dédiés au fret, 170 millions d’euros chaque année, nous intervenons en faisant baisser les tarifs de péage. Le fret redevient ainsi compétitif. L’offre pour les primeurs en provenance du sud vers la région parisienne comprend également dans un avenir très proche (en décembre 2021) du transport combiné-rail-route au départ du Boulou pour Genevilliers », indique Jean-Baptiste Djebbari, le ministre des Transports, qui estime à 26 000 le nombre de camions retirés des autoroutes chaque année lorsque ces deux sillons ferroviaires complémentaires seront opérationnels le 6 décembre.

    En attendant, Rungis prépare déjà sa propre révolution du fret. « Dans quinze jours, nous lançons l’appel d’offres pour construire une nouvelle gare ferroviaire de transport combiné au cœur même de notre établissement. C’est un chantier énorme avec des grues pour lever les conteneurs et de nouveaux quais. Ce sont des investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros pour une mise en service que l’on espère en 2026 », a annoncé ce jeudi à Perpignan Stéphane Layani, président de la Semmaris qui gère le MIN de Rungis.