Cette Varoise milite pour l'humusation après la mort: la transformation du corps en humus

Esther Martinez, ambassadrice de "Métamorphose pour mourir… Puis donner la vie!", défend, depuis son domicile varois, un traitement écologique du trépas.

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Romain Alcaraz Publié le 30/10/2021 à 09:30, mis à jour le 30/10/2021 à 09:30
Esther Martinez dans sa maison écolo duCannet-des-Maures: Photo R.A.

"Une manière de restituer à la terre ce qu’elle nous a donné." Voilà comment Esther Martinez, ambassadrice de la fondation "Métamorphose pour mourir… Puis donner la vie!", décrit l’humusation.

Un procédé encore méconnu de traitement des dépouilles mortuaires: la transformation des corps en compost. "C’est un raccourci, mais: oui, au final, c’est bien de cela dont il s’agit", concède celle qui milite, en France comme à l’étranger, pour que soit reconnue et autorisée cette méthode.

Car aujourd’hui, en France comme dans de nombreux pays, l’humusation est interdite.

"La loi ne permet aujourd’hui que deux sortes de funérailles: l’inhumation et la crémation. Ce que nous demandons, c’est d’ajouter l’humusation. Nous ne voulons forcer personne, mais nous souhaitons avoir le choix."

Douze mois pour 1,5m3 d’humus

En quoi consiste exactement le processus? "C’est un procédé scientifique très précis, qui sera encadré par des humusateurs", détaille Esther Martinez.

D’abord, le défunt est amené dans un linceul biodégradable sur un lit végétal, composé de broyat de copeaux de bois, des feuilles…

Un même mélange recouvre la dépouille. "Il faut surveiller l’humidité, le taux d’acidité… En trois mois, il n’y a plus du tout de matière organique." Mais ce n’est pas fini.

"Au bout de ce trimestre, il faut retirer les os, les dents, les prothèses etc. Ensuite, on recouvre à nouveau, et au bout d’un an après la mort, le corps est devenu de l’humus."

On estime qu’un corps humain peut produire 1,5mètre cube de compost.

"Nous pensons qu’à l’issue du processus, il faut proposer aux familles un jardin où planter un arbre, qui sera nourri par l’être cher."

Une barrière psychologique

Reste qu’il n’est pas encore possible de vérifier ce qui reste une théorie, puisque le procédé n’est pas autorisé en France (1).

Mais la barrière la plus difficile à franchir pour l’humusation reste psychologique. La mort demeure un tabou qu’il est difficile de combattre, tant il renvoie à une peur ancestrale commune à de nombreux êtres humains.

C’est au contraire de manière très sereine qu’Esther Martinez parle de son choix, qu’elle espère voir respecté.

"J’ai 76 ans, je n’ai aucune envie de mourir. Mais je serai terriblement déçue de savoir que l’humusation n’est pas autorisée pour répondre à mes dernières volontés."

Des dernières volontés clairement établies, acceptées par son entourage, mais dont le respect n’est pas garanti.

Alors, pour faire progresser les mentalités, faire bouger les lignes, Esther use de sa force de conviction.

"Je prends mon bâton de pèlerin et j’essaie de convaincre." Prises de parole, conférences… "Je tape à toutes les portes. Et, souvent, ça répond!"

Un combat long et difficile pour faire de la mort un geste écolo: passer de trépas à vie en somme!


1. Un procédé qui se rapproche de celui prôné par l’association "Métamorphose pour mourir… Puis donner la vie!" est autorisé dans l’État de Washington, aux États-Unis.

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Var-Matin

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