(Agence Ecofin) - Depuis 2020, un plaidoyer international appelle les pays riches à renoncer à une partie de leurs DTS émis par le FMI, au profit des pays pauvres. Trois mois après l’opération du FMI, le G20 indique que 45 milliards $ ont peut-être été mobilisés, loin des 100 milliards $ attendus.
Près de trois mois après l’émission des 650 milliards $ de DTS du FMI, destinés à faciliter la reprise mondiale post-Covid, la solidarité des pays riches envers les plus pauvres, peine à se démontrer. D’après les chiffres fournis par le G20, seulement 45% des fonds promis pour renforcer l’aide aux pays pauvres seraient mobilisés. Et même ces chiffres, très en deçà des objectifs initiaux, restent à confirmer.
Cette somme devait être mobilisée grâce à une stratégie consistant pour les pays riches à renoncer à une partie de leurs DTS, en faveur des pays pauvres, dans le cadre des 650 milliards $ émis par le FMI. L’objectif était de permettre aux pays en développement d’obtenir plus de financement que ce qui leur était mécaniquement dévolu conformément à leur quote-part, très faible par rapport aux pays riches, alors que leurs besoins sont plus importants.
A ce jour, peu de pays ont respecté leur part de cet engagement collectif, alors que les besoins des pays pauvres se font croissants et pressants, notamment en matière de vaccination ou de mise en place de mesures socio-économiques.
Le Canada, la France et le Royaume-Uni ont ainsi annoncé qu’ils réorienteraient 20% de leurs allocations de DTS vers les pays en voie de développement, ce qui représente un total de 14 milliards $. Le Japon, de son côté, a promis 4 milliards $ (soit seulement 10 % de son allocation). Les USA n’ont pas encore fait d’annonce publique. D’autres gros bénéficiaires comme la Chine, l’Inde ou la Russie non plus. On est donc bien loin du montant de 100 milliards $ claironné par de nombreux médias, et même des 45 milliards « mobilisés ».
Faut-il encore le rappeler, l’ensemble de l’Afrique n’a droit, à ce jour, qu’à 33 milliards $ (sur 650), conformément à sa quote-part au sein du FMI. C’est pourtant le continent qui devrait le plus bénéficier de cette initiative de soutien. De nombreux pays africains font en effet partie de ceux qui ont eu le moins de marge de manœuvre pour soutenir leurs économies face à la Covid ou pour accélérer leurs campagnes de vaccination. Conséquence de cette situation, seul un peu plus de 5% de la population du continent a été entièrement vaccinée à ce jour, alors que, selon le FMI, l’Afrique subsaharienne sera la région où la croissance sera la moins rapide, pour la première fois depuis plusieurs années.
Bien que le G20 semble s’en féliciter, les 45 milliards $ (hypothétiquement) mobilisés en trois mois contrastent avec l’urgence de la situation des pays en développement, dont la reprise économique est menacée par un manque de financement.
Moutiou Adjibi Nourou
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