LES PLUS LUS
Publicité
Publicité

Après quatre ans de prison en Turquie, Fabien Azoulay est libre

Fabien Azoulay
Fabien Azoulay a été libéré de la prison de la Santé. © DR
Kahina Sekkai

Fabien Azoulay, le Français incarcéré pendant quatre années en Turquie après avoir été condamné pour achat d'une substance dont il ignorait l'illégalité, a quitté la prison de la Santé.

Quatre ans après son interpellation, enfin la liberté pour Fabien Azoulay. Le Français de 43 ans, transféré à Paris en août dernier après quatre ans de prison en Turquie , a quitté ce mardi la prison de la Santé : «C'est pour Fabien la fin d'un long calvaire et pour nous une victoire émouvante», ont salué dans un communiqué ses avocats, Carole-Olivia Montenot et François Zimeray. «Quatre années d'une détention injuste et brutale qui le marqueront à vie. Ce dénouement doit tout à l'obstination de ses soutiens, à la rigueur juridique et à la diplomatie. Convaincus de son innocence, nous n'avons jamais cédé à la tentation de découragement. Pour Fabien, c'est un nouveau départ.»

Publicité

L'entrepreneur avait été condamné à 16 ans et 8 mois de prison (en appel, 20 ans en première instance) pour avoir acheté, lors d'un séjour en Turquie, du GBL, un produit dont il ignorait qu’il venait d’être rendu illégal quelques mois plus tôt par les autorités turques. «Il l’a fait en toute bonne foi, au grand jour, sans prendre la moindre précaution puisqu’il n’avait pas le moindre sentiment de faire quelque chose d’irrégulier. Il l’a commandé à son nom, l’a réglé avec sa carte de crédit et s’est fait livrer dans sa chambre d’hôtel. Lorsque ce produit lui fut livré, les policiers turcs l’ont arrêté et cela a été le début du cauchemar», nous avait expliqué en avril dernier François Zimeray.

La suite après cette publicité

À lire : Le terrible calvaire de Fabien, Français emprisonné en Turquie

La suite après cette publicité

Un long travail diplomatique

L'avocat, ancien ambassadeur français au Danemark, alertait alors sur les conditions du quadragénaire dans le centre pénitentiaire de Giresun, situé à 900 kilomètres d'Istanbul, où il ne pouvait recevoir les appels de ses proches qu'une fois par semaine. «Il n’y a que les visites consulaires, de temps en temps, mais pas celles de ses proches, de sa famille. Il y a un vrai désert affectif. C’est une circonstance qui rend encore plus dure sa détention», avait précisé son avocat. Dans des courriers qu’il adressait à ses proches et dont nous avions pu prendre connaissance, Fabien Azoulay racontait son quotidien dans les prisons turques, évoque ses codétenus violents, certains radicalisés, qui le contraignaient à faire la prière, certains tentant de le convertir de force à l’islam. «Un type s’est fait trancher la gorge par un groupe de quatre Syriens. Je dormais quand c’est arrivé, mais les cris des détenus m’ont réveillé, la vue du sang partout était effrayante, pire que dans un film d’horreur», écrivait Fabien Azoulay en août 2018 à son amie Floriane. «J’ai appris par la suite que le détenu qui est décédé avait fait des avances à l’un des Syriens et qu’au nom d’Allah, il devait payer de sa vie son homosexualité.»

«Malgré les doses de cheval de somnifères que je prends, je n’arrive plus à dormir. (…) Ce type s’est fait trancher la gorge pendant son sommeil, ils se sont mis à quatre pour le tuer. Je ne sais pas si tu imagines mon état mental, c’est impossible de me détacher de tout ça, c’est impossible de voir de belles images quand tu es confronté à de telles horreurs.» À son ami Arnaud, il confiait quelques mois plus tard : «Ça fait déjà un an et demi que je suis ici, je n’arrive toujours pas à faire le deuil de ma liberté, je ne sais pas si j’y arriverai un jour. Ca me ronge de l’intérieur.» «J’ai envie de hurler mais les lois de la prison sont trop dures, elles ne pardonnent pas la moindre incartade. J’ai essayé de lutter, mais tout ce que j’ai réussi à faire, c’est me faire gifler dix fois.»

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Ses avocats étaient en contact avec les autorités françaises et le cas de Fabien Azoulay était remonté jusqu'à l'Élysée, Emmanuel Macron abordant même le sujet avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan en juin dernier, à l'occasion du sommet de l'Otan à Bruxelles. «Les conditions d’un transfèrement rapide avancent et je l’espère nous permettront d’aboutir dans les meilleurs délais. La discussion de ce matin produit des résultats d’ores et déjà utiles», avait alors écrit le président français. Un espoir confirmé deux mois plus tard, puisque Fabien Azoulay avait pu rentrer en France en août et sa défense avait immédiatement engagé les procédures pour demander un aménagement de peine, qui a permis ce mardi sa remise en liberté.

Contenus sponsorisés

Publicité