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Lutte contre le harcèlement scolaire : comment la Finlande a réussi à endiguer ce fléau

A l'occasion de la Journée nationale contre le harcèlement scolaire qui se tient vendredi, Nathalie Elimas, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports se trouve cette semaine en Finlande, modèle dans ce domaine.

Gabrielle De Verchère , Mis à jour le
Un enfant dans un couloir de l'école Pascal Lafaye a Rennes le 1 octobre 2021. (Image d'illustration)
Un enfant dans un couloir de l'école Pascal Lafaye a Rennes le 1 octobre 2021. (Image d'illustration) © Sipa

Alors que la Journée nationale contre le harcèlement scolaire se tient vendredi, le gouvernement veut se montrer proactif sur le sujet. Nathalie Elimas, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale, se trouve depuis mercredi en Finlande pour observer et s'inspirer du modèle éducatif finlandais, reconnu comme ayant l'un des plus performant et des plus égalitaire au monde par de nombreux rapports Pisa (Programme International pour le Suivi des Acquis des Élèves). Précurseur en la matière de lutte contre les agressions en milieu scolaire, le ministère de l'Education et de la Culture finlandais finance depuis 2008 Kiva, un ambitieux programme de prévention. Plus d'une décennie plus tard, la méthode, utilisée dans près de 2.500 écoles du pays, a fait ses preuves : 98% des élèves qui en ont bénéficié disent avoir vu leur situation s'améliorer. 

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Des jeux de rôle pour lutter contre le harcèlement

En réaction aux traumatismes causées par des fusillades commises en 2007 et 2008 par deux victimes de harcèlement scolaire, le gouvernement finlandais décide de réagir en investissant dans un programme de prévention : le programme Kiva, acronyme de "Kiusaamista Vastaan" qui signifie "contre le harcèlement" en finlandais. Ses deux conceptrices, Christina Salmivalli et Claire Garandeau, partent du principe que la satisfaction de l'agresseur vient de la dynamique du groupe et conçoivent un programme se concentrant sur le rôle joué par les témoins.

Dès la maternelle, des discussions, des travaux de groupe, des projections de courts-métrages et des jeux de rôle sont organisés dans les écoles. L'objectif : mettre successivement les élèves dans la peau des victimes et des agresseurs pour développer leur empathie et leur apprendre à manifester leur réprobation lorsqu'ils font face à une agression. 

"On parle ici beaucoup de la responsabilisation des enfants, note auprès du JDD Nathalie Elimas. C'est quelque chose qui est moins présent chez nous et qu'il faudrait, je pense, développer."

Kiva combine des mesures qui intègrent élèves, parents et enseignants. Dans les écoles, les surveillants portent des vestes fluorescentes facilement repérables et des posters sont affichés dans les couloirs pour montrer à tout le monde que le sujet est pris au sérieux.

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Et la méthode porte ses fruits. Selon les données publiées par 117 écoles, elle aurait permis de réduire significativement le nombre de cas signalés et d'améliorer l'ambiance générale d'apprentissage. Réduction du niveau de stress, amélioration de la confiance en soi et dans celles des autres et regain de motivation sont autant d'effets positifs rapportés par les écoles qui l'appliquent. 

Une méthode efficace chez les jeunes

Selon le rapport Karna Et Al de 2012, l'efficacité de la méthode Kiva varie néanmoins selon l'âge des individus. Destinée aux élèves de 7-15 ans, elle n'a quasiment plus d'effets sur les enfants âgés de plus de 13 ans. Le site Blueprints, qui fournit des informations sur l'efficacité des programmes de prévention, le classe ainsi parmi les programmes "prometteur" uniquement pour les élèves de la 2ème à la 6ème.

Pas de quoi refroidir les pays étrangers de plus en plus nombreux à l'adopter. Parmi eux, l'Italie, les Pays-Bas, les États-Unis, la Nouvelle Zélande, le Chili, l’Estonie ou encore la Belgique.

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Pourrait-elle bientôt s'appliquer dans les écoles françaises? Nathalie Elimas, en visite dans les écoles finlandaises, admet vouloir s'en inspirer : "Ma visite n'est pas terminée mais il y a déjà deux ou trois aspects sur lesquels je voudrais travailler en rentrant en France. Je trouve particulièrement intéressante la mise en place de cours qui permettent de développer les compétences sociales et émotionnelles chez les élèves."

Imaginé pour le système éducatif finlandais, très décentralisé, Kiva laisse les professeurs libres d’adapter la méthode à leur classe. "Le programme Kiva implique que les chefs d'établissement soient complètement indépendants et qu'ils puissent décider de leur programme", explique Jean-Pierre Bellon, le directeur du Centre ReSIS (Centre de Ressources et d'Etudes Systémiques contre les Intimidations Scolaires) joint par le JDD. Une différence de modèle qui rend, selon lui, cette méthode inapplicable en France. "Kiva, c'est extrêmement intéressant mais ce n'est pas du tout fait pour nous!". 

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