7 073 victimes en 2020, dont 1 872 enfants, à travers 51 pays, 135 000 mines terrestres détruites la même année, plus de 26 millions de mines stockées par la Russie… la litanie de chiffres du dernier rapport de l’Observatoire des mines vient rappeler, vingt-deux ans après l’entrée en vigueur du traité d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel, l’impact toujours ravageur de ces armes à travers la planète. Le tout dans le contexte d’une année 2020 marquée notamment par la pandémie de coronavirus, venue ralentir les efforts de déminage.

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La menace des mines improvisées

Le nombre de tués ou de blessés causé par ces mines se maintient depuis 2015 à un niveau élevé – aux alentours de 7 000 victimes par an – après avoir atteint en 2013 le niveau historiquement bas de 3 456 victimes. Six années marquées notamment par les conflits au Yémen, en Ukraine, en Irak et surtout en Syrie et en Afghanistan où se concentre cette année plus de la moitié des victimes de mines antipersonnel.

« Mais cela reste difficile d’avoir une vision claire du nombre de victimes ; dans la réalité, on sait que les chiffres sont plutôt sous-estimés », note Anne Héry, directrice de plaidoyer à Handicap International, l’un des membres fondateurs de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel, à l’origine du rapport. Sur le continent européen, l’Ukraine a déploré 277 victimes de mines en 2020, le quatrième chiffre le plus élevé de la planète parmi les signataires du traité (la Syrie, comme la Chine, la Russie ou encore les États-Unis, n’en faisant pas partie).

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Depuis quelques années, gouvernements et organisations de déminage font aussi face à l’utilisation croissante de mines antipersonnel artisanales. « Certains États les qualifient d’engins explosifs improvisés, mais ces armes correspondent à la définition d’une mine par le traité d’Ottawa, c’est-à-dire un engin explosif activé par la victime », rappelle Anne Héry.

L’impact du coronavirus

À travers la planète, les efforts de déminage ont aussi dû composer avec la pandémie de coronavirus. Celle-ci a d’abord interrompu dans certains pays les efforts d’éducation sur le danger de mines, et obligé dans d’autres à passer bon gré mal gré à des formats en ligne : le Sud Soudan a ainsi tenté de réaliser ces séminaires de prévention sur Internet mais, le rapport note qu’« une connexion limitée a empêché certaines agences d’y assister ». Les mesures sanitaires, l’arrêt des transports et la saturation des systèmes de santé ont pu forcer d’autres pays à cesser temporairement leurs opérations de déminage, notamment en Angola, en Serbie, ou encore au Sénégal.

L’Observatoire des mines note tout de même le déminage de 146 km2 de terrain et la destruction de 135 000 mines terrestres, pendant l’année 2020. Une bonne nouvelle qui, ajoutée aux efforts entrepris depuis l’entrée en vigueur du traité en 1999, constitue un bilan extrêmement positif : « 55 millions de mines ont été détruites en vingt ans, et tout ça ce sont des mines qui ne tueront plus personne, il y a eu une énorme réduction de la menace », se réjouit Anne Héry, avant d’ajouter : « Mais il faut évidemment rester vigilant, ce n’est jamais complètement gagné. »