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Après avoir accusé de viol un haut responsable, une joueuse de tennis chinoise disparaît

Depuis les révélations de Peng Shuai à l’encontre d’un ancien vice-premier ministre, le sujet a été censuré sur le Web chinois et l’ex-championne de tennis n’a plus donné de nouvelles.

Par  (Shanghaï, correspondance)

Publié le 11 novembre 2021 à 02h34, modifié le 11 novembre 2021 à 07h12

Temps de Lecture 4 min.

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Peng Shuai lors du tournoi de Roland-Garros, à Paris, en mai 2018.

Une semaine après les révélations détaillées de la joueuse de tennis Peng Shuai, 35 ans, sur son viol par l’ancien vice-premier ministre chinois Zhang Gaoli, 75 ans, la jeune femme a disparu. La championne, qui avait notamment remporté Roland-Garros en double en 2014, a accusé, le 2 novembre, l’ex-dirigeant de l’avoir forcée à un rapport sexuel il y a trois ans.

Si la Chine a connu plusieurs scandales dans le cadre de la vague #MeToo, ces dernières années, la censure et le contrôle de la justice par le Parti communiste chinois (PCC) ont empêché le mouvement de prendre de l’ampleur. De telles accusations de viol touchent pour la première fois un dirigeant dont le rang est aussi élevé au sein du PCC. Mais le silence total de la jeune femme depuis que l’affaire a été rendue publique laisse craindre le pire à son sujet.

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Le long récit de Peng Shuai est resté vingt minutes environ sur Weibo (l’équivalent chinois de Twitter), assez pour que des milliers d’utilisateurs aient le temps de faire des captures d’écran pour les partager ensuite. Depuis, le compte de l’ancienne joueuse professionnelle n’a rien publié de nouveau. Les commentaires ont été désactivés, et le sujet est l’objet d’une censure étroite sur l’ensemble des réseaux sociaux chinois. Le jour de la révélation, même le mot « tennis » (wangqiu) a été banni par Weibo.

Un moment délicat pour le pouvoir

Affinés au fil des ans, les outils de la censure sont désormais capables de reconnaître des captures d’écran ou des images utilisées pour faire allusion à une situation ou à une personne. Sur le réseau social Douban, une responsable d’un groupe de discussion consacré aux droits des femmes a demandé aux membres de ne pas parler du sujet, pour éviter que le groupe soit fermé.

Lors d’une conférence de presse quotidienne, le 3 novembre, le porte-parole du ministère des affaires étrangères a refusé d’évoquer le sujet : « Je n’en ai pas entendu parler et ce n’est pas une question diplomatique. » L’affaire est tombée à un moment délicat pour le pouvoir, à moins d’une semaine du sixième plénum du Parti, qui rassemble jusqu’à jeudi 11 novembre plus de trois cents membres du comité central du Parti communiste. A un an du XXe congrès qui doit renouveler une partie de la direction de l’appareil et, selon toute vraisemblance, confirmer Xi Jinping à la tête du Parti et du pays, le plénum actuel revêt une importance stratégique.

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Dans son récit de plus de 1 500 sinogrammes, Peng Shuai raconte une relation trouble qui débute il y a sept ans, peu avant l’accession de Zhang Gaoli au poste de vice-premier ministre et au Comité permanent du bureau politique du PCC, pinacle du pouvoir rassemblant les sept plus hauts dirigeants. Après des années de silence, M. Zhang, tout juste retraité, la contacte à nouveau il y a trois ans pour une partie de tennis. L’après-midi, il l’invite chez lui alors que sa femme est à la maison, et la force à avoir un rapport sexuel. « J’avais très peur. Cette après-midi-là, j’ai d’abord refusé. Je n’arrêtais pas de pleurer, écrit-elle. En proie à la peur et au trouble (…), j’ai cédé et nous avons eu un rapport sexuel. » Pendant ce temps, la femme du dirigeant « monte la garde à l’extérieur ». Une relation reprend, mais Peng Shuai la décrit comme abusive, chargée de mensonges et d’évitements, jusqu’à une dispute la semaine précédant les révélations de la joueuse.

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