Un campement de migrants à Calais. Crédit : EPA
Un campement de migrants à Calais. Crédit : EPA

Le patron de l'Ofii, envoyé en tant que médiateur par le gouvernement à Calais, a indiqué, mardi, qu'un hébergement sera "systématiquement" proposé aux exilés lors des démantèlements de campements. Il a également proposé que les migrants puissent récupérer leurs affaires avant ces opérations. ces mesures devraient entrer en vigueur "dès la fin de la semaine". Les associations ont dénoncé des mesures "indécentes".

Cela devait être une piste pour sortir de la crise qui oppose l’État et les associations d'aide aux migrants à Calais. Le gouvernement a annoncé, mardi 2 novembre, s’engager à proposer "systématiquement" un hébergement aux migrants contraints de quitter leurs campements lors des évacuations.

"On va proposer systématiquement un hébergement, qui sera essentiellement dans le Pas-de-Calais, dans les Hauts-de-France, mais pas à Calais", a confié à l'AFP Didier Leschi, le patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), envoyé à Calais pour jouer le rôle de médiateur.

Des mesures "indécentes"

Pour tenir son engagement, l'État va devoir "augmenter son parc d'hébergement" de "plusieurs centaines de places", a-t-il souligné.

Didier Leschi a, par ailleurs, proposé de "laisser la possibilité aux personnes de récupérer leurs effets personnels avant les opérations de mise à l'abri". Concrètement, un délai "d'environ 45 minutes" sera désormais laissé aux migrants pour réunir leurs affaires : "Il n'y aura plus d'évacuation par surprise", promet le médiateur, assurant par ailleurs qu'une maraude de l'Ofii "passera avant chaque évacuation" pour effectuer un diagnostic social (identifier les personnes vulnérables comme les femmes enceintes et les personnes malades et les diriger vers les centres adéquats). Ces propositions pourraient entrer en vigueur dès "la fin de semaine", a-t-il estimé.

Le patron de l'Ofii avait déjà proposé ces mêmes idées la semaine dernière. Les acteurs locaux avaient déploré une visite "électoraliste", tandis que les grévistes de la faim avaient estimé que Didier Leschi n'apportait "pas de solutions".

À l'issue d'une nouvelle rencontre, ce mardi, les membres associatifs ont dénoncé des mesures "indécentes", a rapporté un journaliste de RFI présent sur place.

Dans un communiqué publié après la visite du directeur de l'Ofii, les associations d'aide aux migrants dans la région ont réitéré leurs demandes : "La fin du harcèlement quotidien, et donc la fin des expulsions".

"Nous, associations et grévistes de la faim, ne souhaitons pas que les personnes vivent dans les conditions indignes d’un campement et n’avons de cesse de demander une vraie politique d’accueil." Selon les militants, "le médiateur n'a fait aucun pas vers les grévistes" et en appelle donc au chef de l'État. "Monsieur le Président de la République, n’y a-t-il personne avec suffisamment de courage politique pour décider d'une pause de cinq mois dans les violations quotidiennes des droits fondamentaux dans notre pays ?"

"L'État ne peut pas laisser s'organiser sciemment une base de départ clandestine vers l'Angleterre"

Depuis le 11 octobre, trois militants, dont un aumônier du Secours catholique de 72 ans, sont en grève de la faim contre le traitement imposé aux migrants. Ils réclament la fin des expulsions, la fin des confiscations des affaires des migrants, ainsi que l’ouverture d’un dialogue entre État et associations.

Les évacuations de camps sont quasi-quotidiennes dans cette ville-frontière avec le Royaume-Uni.

Le directeur général de l'Ofii avait été envoyé pour une "mission de contact et de médiation" auprès des grévistes mais aussi pour s’assurer qu’une nouvelle "jungle" ne voie pas le jour à Calais, cinq ans après le démantèlement du gigantesque bidonville qui avait abriter jusqu’à 10 000 personnes.

>> À (re)lire : À Calais, cinq ans après la "jungle", le quotidien des migrants se dégrade mais le rêve d'Angleterre persiste

"Cette crainte est liée à l'ampleur des flux : depuis le début de l'année, il y a presque 40 000 personnes qui sont arrivées" sur le littoral nord, explique Didier Leschi.

"L'État ne peut pas laisser s'organiser sciemment une base de départ clandestine vers l'Angleterre, alors que les gens risquent, en plus, leur vie en traversant la Manche", a-t-il ajouté.

 

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