Prostitution des mineurs : le gouvernement lance un plan de lutte ce lundi

  • Ce phénomène de prostitution des mineurs touche surtout des jeunes filles, âgées de 15 à 17 ans.
    Ce phénomène de prostitution des mineurs touche surtout des jeunes filles, âgées de 15 à 17 ans. DDM - JEAN MICHEL MAZET
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La rédaction avec AFP

l'essentiel Ce lundi 15 novembre, le gouvernement présentera un plan de lutte contre la prostitution des mineurs. Le phénomène touche particulièrement des filles de 14 à 17 ans, relevait le groupe de travail animé par la magistrate Catherine Champrenault en juillet dernier.

Ce lundi 15 novembre, le gouvernement doit présenter lundi un plan interministériel, doté de 14 millions d'euros, de lutte contre la prostitution des mineurs. Elle concerne entre 7 000 et 10 000 jeunes en France.

Ce plan, porté par le secrétaire d'État à l'Enfance Adrien Taquet, sera déployé en 2021 et 2022. Il vise à se donner les moyens d'appréhender un phénomène peu connu pour le comprendre, le prévenir et le combattre.

Impliquant plusieurs départements ministériels (Enfance, Intérieur, Justice, Education nationale, Numérique, Ville, Tourisme et Egalité Hommes-femmes), le plan compte quatre axes : "sensibiliser, informer et mieux connaître" le phénomène, "renforcer le repérage à tous les niveaux" des jeunes impliqués, "accompagner les mineurs en situation prostitutionnelle" et "poursuivre et réprimer plus efficacement" clients et proxénètes.

"Lover boy"

Ce phénomène de prostitution des mineurs touche surtout des jeunes filles, âgées de 15 à 17 ans, entrées dans la prostitution de plus en plus tôt, entre 14 et 15 ans pour plus de la moitié d'entre elles, relevait en juillet dernier le groupe de travail animé par la magistrate Catherine Champrenault dans son rapport qui a inspiré ce plan.

L'élément déclencheur peut être une fugue, pendant laquelle le jeune a besoin d'un hébergement et d'argent et fait de mauvaises rencontres. Parfois c'est un "lover boy", un petit ami qui prostitue sa copine. Ou des photos "nudes" publiées sur les réseaux sociaux qui le rende victime d'un chantage, relevait ce rapport. Parfois aveuglé par l'amour ou sous emprise, il ne se voit pas comme victime. Il a l'impression d'être maître de sa vie et de gagner de quoi être autonome.

"Beaucoup d'adolescentes disent avoir fait le choix de la prostitution et ne pas le subir. Elles emploient d'ailleurs souvent pour en parler les termes de 'michetonnage' ou 'd'escorting' qui, pour elles, ont une valeur plus positive. Elles exposent leur activité en utilisant le vocabulaire du monde du travail (bosser, contrat, recrutement, entretien d'embauche...)", relevait ainsi le groupe de travail Champrenault.

"Argent rapide"

"C'est pas de l'argent facile mais c'est de l'argent rapide. Il n'y a aucun moyen de faire autant d'argent en aussi peu de temps", témoigne Julie, 17 ans, dans le film "Entr'Actes en mode mineur", de l'association Itinéraires qui accompagne des jeunes prostitués à Lille. Issus de tous milieux sociaux, ces jeunes ont souvent en commun d'avoir été victimes ou confrontés à de la violence, notamment au sein de leur famille.

Inceste, maltraitance, violences conjugales, précarité, alcoolisme dans la famille ont entraîné chez eux des carences affectives, un manque d'estime personnelle, un attrait pour les conduites à risque, relevait le rapport. À côté de la prostitution traditionnelle de rue, s'est développée ces dernières années, et en particulier avec le confinement dû au Covid, une prostitution plus invisible et plus jeune, relève Geneviève Colas, coordinatrice du collectif Ensemble contre la traite d'êtres humains.

Des contacts pris sur des sites d'escort ou par des réseaux sociaux, des rendez-vous dans des locations AirBnb ou des hôtels appartenant à des chaînes, en périphérie des villes, sans présence humaine à la réception, relevait le rapport Champrenault, qui observe que l'essor de la "prostitution 2.0" complexifie les enquêtes.

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Les commentaires (2)
6hif Il y a 2 années Le 15/11/2021 à 11:43

Fort bien !
Mais ce sont des choses qui existaient déjà en 2017 malheureusement !
Donc ce genre de "plan de lutte" lancé six mois avant les élections n'est pour moi que de la poudre aux yeux et l'exploitation d'un populisme nauséabond !!

Duck31 Il y a 2 années Le 15/11/2021 à 08:09

On ne se pose même pas la question de la responsabilité éducative et civile des parents dans la dérive de leur progéniture.
Il est vrai que sous les coups de butoir de la face noire du féminisme et avec la complaisance des élus, les enfants ne sont plus que des désirs. Un désir se consomme et ne s'éduque pas.