Une tribune signée par 285 femmes appelle à un #MeToo politique

À l’approche des élections de 2022, les signataires de la tribune publiée dans Le Monde veulent que les agresseurs sexuels soient écartés du monde politique.
Une tribune signe par 285 femmes appelle à un MeToo politique
Lafargue Raphael

Qu’est devenue « la grande cause du quinquennat » ? Le lundi 15 novembre 2021, 285 femmes du monde politique et universitaire, en majorité de gauche, posent la question dans une tribune publiée dans Le Monde et intitulée : « Pour un #MeToo politique : les agresseurs sexuels n’ont pas leur place aux élections de 2022. »

À quelques mois des élections présidentielles, leur constat est sans appel : « Trois candidats ou potentiellement candidats à l’Elysée sont déjà cités dans de nombreux témoignages d’agressions sexuelles », sans que cela n’entame leur ambition d’accès aux plus hautes fonctions. « C’est dire à quel point la condition des femmes et des victimes leur est indifférente ». Le tableau s’étend bien au-delà des échéances du printemps prochain : parmi les 577 député.e.s « certains sont des auteurs de violences sexistes et sexuelles », note la tribune, et partout, « au sein du Parlement, des mairies, des conseils départementaux et régionaux, des hommes mis en cause, parfois condamnés, pour viol, pour agression sexuelle, pour atteinte sexuelle sur mineur.e, pour violences conjugales sont élus. » 

Les signataires appellent donc à une « réponse d’ampleur aux violences sexuelles et sexistes commises par nos représentants » et exhortent les partis politiques à entendre la parole des femmes et à travailler à une « libération de l’écoute ». « Quand les directions et les commissions d’investiture écouteront-elles les élues, les collaboratrices, les militantes, les citoyennes qui dénoncent des insultes sexistes, des mains aux fesses, des “gros lourds tactiles” – doux euphémisme pour évoquer des agresseurs sexuels – de ceux qui font pression pour obtenir des faveurs sexuelles ? » Elles évoquent la double peine infligée aux victimes et insistent pour briser l’omerta : « Ces auteurs sont responsables de voter les lois, les politiques publiques, qui nous concernent toutes et tous. Comment tolérer que les droits des femmes soient encore rognés, bloqués par eux ? » Elles demandent aux cadres de partis politiques de signer un engagement en trois points, rédigé par les signataires et mis en ligne sur le site metoopolitique.fr, à ne pas investir, donner de parrainage ou embaucher une personne mise en cause dans une affaire de violences sexistes et sexuelles. 

Parmi les signataires, l’ancienne ministre socialiste des Droits des femmes Laurence Rossignol, l’adjointe socialiste à la mairie de Paris Audrey Pulvar, la porte-parole du PS Gabrielle Siry-Houari, la conseillère de Paris Alice Coffin, la candidate arrivée deuxième à la primaire écologiste Sandrine Rousseau, l’ancienne maire écologiste de Marseille Michèle Rubirola, la députée écologiste Delphine Batho, l’eurodéputée La France insoumise Manon Aubry ou la députée LFI Danièle Obono. Le 20 novembre, elles participeront aux marches organisées dans toute la France à l’appel du collectif #NousToutes pour dire stop aux violences sexistes et sexuelles. « À cette occasion et tout au long de cette année présidentielle, nous exigeons que le monde politique prenne enfin en compte le mouvement #MeToo. »