Maladie d'Alzheimer : un vaccin et un traitement potentiels grâce à une nouvelle approche

Publié le par Alexandra Bresson

Une étude menée chez la souris a permis à des chercheurs de mettre au point un anticorps capable d’empêcher le dépôt de protéines nocives dans le cerveau, à l’origine de symptômes de la maladie d'Alzheimer. Celui-ci pourrait être utilisé en tant que traitement pour freiner son évolution mais aussi en tant que vaccin avant son apparition.

Actuellement, il n’existe pas de traitement médicamenteux permettant de guérir de la maladie d’Alzheimer, même si une prise en charge adaptée (hygiène de vie, activités cognitives, dispositions médico-sociales) peut ralentir sa progression et améliorer la vie du patient et de son entourage. L'un des enjeux de la recherche consiste donc à développer un traitement, de préférence avant l'apparition des symptômes, pour éviter que la maladie ne se déclare. La dernière avancée en date dans ce domaine a été annoncée par des chercheurs de l’Université de Leicester (Grande-Bretagne) et de Göttingen (Allemagne) qui travaillent actuellement sur un vaccin capable de réduire les symptômes de la maladie.

Ce vaccin à base de protéines n'a pour l'instant fait ses preuves que sur des souris atteintes de la maladie, mais l'étude publiée dans Molecular Psychiatry se veut encourageante pour une possible utilité chez l'Homme. L'équipe scientifique s'est intéressée à l'un des deux types particuliers de lésions présentes dans le cerveau des patients atteints de maladie d’Alzheimer : les dépôts amyloïdes associés à une protéine, le peptide ß amyloïde. Comme l'explique l'Inserm à ce sujet, la protéine ß amyloïde, naturellement présente dans le cerveau, s’accumule au cours des années et finit par former des dépôts amyloïdes aussi appelées « plaques séniles », toxiques pour les cellules nerveuses.

Un vaccin et un anticorps pour une étude

Les chercheurs ont élaboré un vaccin qui cible précisément cette protéine avant l’agglomération des plaques néfastes pour le cerveau. « Dans les essais cliniques, aucun des traitements potentiels qui dissolvent les plaques amyloïdes dans le cerveau n'a montré beaucoup de succès en termes de réduction des symptômes d’Alzheimer. Certains ont même montré des effets secondaires négatifs. Nous avons donc opté pour une approche différente en identifiant un anticorps chez la souris qui neutraliserait les formes tronquées (toxique) de bêta-amyloïde soluble, mais ne se lierait ni aux formes normales de la protéine ni aux plaques. », explique le Pr Thomas Bayer, principal auteur de l'étude.

Les chercheurs ont ensuite adapté cet anticorps nommé TAP01-04 afin qu'un système immunitaire humain ne le reconnaisse pas comme étranger et l'accepte. « Notre idée était que cette forme modifiée de bêta-amyloïde pourrait potentiellement être utilisée comme vaccin, pour encourager le système immunitaire à fabriquer des anticorps de type TAP01_04. », précisent les chercheurs. Lorsque l'équipe scientifique a testé la protéine bêta amyloïde modifiée chez la souris, elle a constaté que celles qui avaient reçu ce vaccin baptisé TAPAS, produisaient bien des anticorps de type TAP01. En outre, il s'avère que cet anticorps découvert peut également faire l'objet d'un traitement à part entière.

Un procédé capable de prévenir mais aussi traiter les symptômes de la maladie

Les deux techniques ont été utilisées chez des souris atteintes de la maladie d'Alzheimer, avant de procéder des techniques d'imagerie similaires à celles utilisées pour diagnostiquer la maladie chez l'Homme. Les résultats ont montré que l'anticorps et le vaccin aidaient à restaurer la fonction neuronale, à restaurer la perte de mémoire et, même si elle n'était pas directement ciblée, à réduire la formation de plaques bêta-amyloïdes dans le cerveau. « L'anticorps et le vaccin sont très différents des anticorps ou vaccins testés précédemment dans des essais cliniques, car ils ciblent une forme différente de la protéine. Cela les rend vraiment prometteurs pour lutter contre la maladie. », ajoute l'équipe scientifique.

Celle-ci conclut sur le fait que « cela ouvre la possibilité non seulement de traiter la maladie d'Alzheimer une fois les symptômes détectés, mais aussi de potentiellement vacciner contre la maladie avant que les symptômes n’apparaissent. » Les chercheurs souhaitent maintenant trouver un partenaire commercial pour obtenir un financement plus conséquent et ainsi lancer des essais cliniques chez l'Homme pour tester à la fois l'anticorps thérapeutique mais aussi le vaccin. A noter que d'après les dernières estimations de Santé Publique France, 1 200 000 personnes pourraient être touchées en France par la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée, dont 750 000 seraient diagnostiquées.

En vidéo : C'est dans l'actu : un nouveau traitement contre Alzheimer ?