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Vin de Bourgogne : la hausse des prix pourrait atteindre 15 %

Une récolte amputée de moitié pour cause de gel, des stocks qui fondent, des coûts qui augmentent, une demande qui s'envole : l'année 2021 aura été mouvementée dans le vignoble bourguignon. Et à la veille de la vente des vins des Hospices de Beaune, ses plus gros acteurs envisagent d'augmenter leurs prix.

Le vignoble de Savigny-lès-Beaune. Le stock bourguignon est passé de deux ans environ, à la veille des vendanges, à 18 mois en moyenne aujourd'hui.
Le vignoble de Savigny-lès-Beaune. Le stock bourguignon est passé de deux ans environ, à la veille des vendanges, à 18 mois en moyenne aujourd'hui. (Massimo Santi/Shutterstock)

Par Monique Clémens

Publié le 17 nov. 2021 à 11:38Mis à jour le 17 nov. 2021 à 14:01

A la veille de la 161e vente des vins des Hospices de Beaune (Côte-d'Or), l'événement phare du vignoble bourguignon qui aura lieu ce 21 novembre, les maisons de vins font leurs comptes. La mauvaise récolte de 2021 aura bien un impact sur le prix des vins de Bourgogne qui ne se sont pourtant jamais aussi bien vendus : au 15 novembre, le volume des transactions 2020-2021 affiche une hausse de 12 % par rapport à l'année précédente, et de 9,3 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, avec une envolée à l'export de 21,8 % en volume, et de 26,4 % en valeur.

Mais du Chablisien au Mâconnais, à cause du gel d'avril et des mauvaises conditions météo de cetannus horribilis, la récolte atteint à peine la moitié du volume de celle de 2020, à 1,56 million d'hectolitres. « On s'attend à 700.000 ou 800.000 hectolitres avec les mêmes charges que d'habitude », confirme Albéric Bichot, le président de l'Union des maisons de vins de Grande Bourgogne (UMVGB).

Alors, pour atténuer les pertes, les vignerons bourguignons envisagent d'augmenter les prix. Car le stock est passé de deux ans environ, à la veille des vendanges, à 18 mois en moyenne aujourd'hui. Et selon le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), il s'écoule aujourd'hui au rythme de 1,2 mois de stock par mois. A ce rythme-là, « en novembre 2023, tous les vins seront vendus », estime Frédéric Drouhin, son président. Pas de quoi paniquer encore, mais tout le monde croise les doigts pour que la récolte 2022 soit bonne, voire très bonne, et redresse la barre.

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« On va lisser les prix »

La hausse pourrait atteindre 10 à 15 %. C'est ce que découvrent en ce moment les fournisseurs chez les producteurs et négociants. « Nous ne sommes pas dans un contexte où les prix peuvent être maintenus, avec la hausse des prix du carton, des capsules, du transport et des salaires, et cette récolte 2021 qui a usé les hommes et le matériel et coûté cher à produire », plaide le président du BIVB. « Mais elle donnera de très jolis vins, gourmands, élégants et précis », promet aussi le directeur général de la Maison Joseph Drouhin , à Beaune.

Les discussions en cours concernent autant les prix que l'allocation des vins. Chez Louis Jadot, qui emploie 170 personnes à Beaune et réalise 85 millions d'euros de chiffre d'affaires, Thibault Gagey s'attend à devoir gérer des ruptures. « On a un peu de stock dans les appellations villages, les premiers crus et les grands crus, mais ça va être compliqué pour les appellations régionales comme les bourgognes rouges, les pouilly-fuissé ou les chablis. On prend une grande partie de la hausse à notre charge et on va lisser les prix avec une hausse de 10 à 15 % selon les appellations, et peut-être de 5 à 10 % pour la récolte 2021. »

« A la bouteille près »

Chez Joseph Drouhin, où l'on table aussi sur 10 à 15 % de hausse, la stratégie est celle de « la transparence et de l'anticipation » pour ne perdre aucun client. En se retirant par exemple d'un tiers des magasins d'un gros distributeur en Asie pour tenir jusqu'en 2022, et en modulant la hausse des prix selon le niveau de gamme.

« Chez nous, il s'agira de gérer la pénurie par une allocation précise, à la bouteille près pour être sûrs de bien servir nos marchés historiques », indique pour sa part Erwan Faiveley, du Domaine Faiveley à Nuits-Saint-Georges. Pour le millésime 2020, il envisage d'augmenter de 10 % en moyenne, avec une variation de 0 à 50 % selon les vins et un ajustement au cas par cas.

La campagne d'achats n'a pas encore commencé chez le producteur et négociant Albert Bichot, à Beaune. La maison emploie 170 salariés, produit 3 millions de bouteilles de bourgogne par an et est le premier acheteur de la vente des Hospices de Beaune . Albéric Bichot, son président, sait déjà qu'il va devoir tenir deux ans avec 1,4 an de stock sans perdre de marchés, et donc forcément envisager quelques hausses. « Il est impossible de doubler les prix, il faudra trouver les bons accords, pour le bien de tous », avance-t-il prudemment.

Monique Clemens (Correspondante à Besançon)

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