Selon le musée du Prado, Léonard de Vinci n’aurait pas peint le Salvator Mundi

Selon le musée du Prado, Léonard de Vinci n’aurait pas peint le Salvator Mundi
Léonard de Vinci, Salvator Mundi (détail), vers 1500, huile sur bois, 65,6 x 45,4 cm ©Wikimedia Commons/Getty Images

Alors qu'il consacre actuellement une exposition à la copie de la Mona Lisa par Léonard de Vinci, le musée du Prado à Madrid déclasse le célèbre Salvator Mundi dans un récent ouvrage scientifique, l'attribuant à l'atelier du maître de la Renaissance.

Le Salvator Mundi n’a pas cessé de faire couler de l’encre. Récemment, le musée du Prado (Madrid) a ravivé le débat autour de l’authenticité de la toile la plus chère au monde, vendue chez Christie’s en 2017 pour 450 millions de dollars. Donné à Léonard de Vinci (1452-1519), le chef-d’œuvre représentant le Christ rédempteur, tenant un globe transparent dans sa main, a été déclassé dans le nouveau catalogue d’exposition du musée madrilène consacré à « Leonardo and the copy of the Mona Lisa. New approaches to the artist’s studio practices ». L’ouvrage scientifique qui traite de la copie de la Joconde qu’il conserve revient également sur les différentes versions des tableaux du maître de la Renaissance et classe le célèbre Salvator Mundi parmi les œuvres attribuées à l’atelier de Léonard.

Une histoire pleine de rebondissements

Absence de la rétrospective événement du musée du Louvre, (non-)présentation au Louvre Abu Dhabi, rumeurs et spéculations sur son lieu de conservation… Depuis son achat supposé par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, le tableau qui joue les Arlésiennes est au cœur de débats d’experts, bras de fer diplomatiques et autres querelles d’icônes. En classant dans l’index de son nouvel ouvrage le Salvator Mundi (désigné comme la version Cook du nom de son acheteur en 1900) parmi les œuvres « attribuées, atelier ou autorisées et supervisées par Léonard », le Prado donne « la réponse la plus critique d’un musée de premier plan depuis la vente de Christie’s », d’après le média culturel « The Art Newspaper ». Quelques mois après la diffusion sur France 5 du documentaire Salvator Mundi, la stupéfiante affaire du dernier Vinciréalisé par Antoine Vitkine, qui a étudié le sujet et avancé que le Louvre aurait eu la preuve que la toile n’était qu’une œuvre d’atelier, cette récente enquête n’arrange pas le cas du mystérieux tableau.

Léonard de Vinci, Salvator Mundi, entre 1506 et 1513, peinture à l'huile sur panneau de noyer, 45,6 x 65,6 cm.

Léonard de Vinci (attribué), Salvator Mundi, entre 1506 et 1513, peinture à l’huile sur panneau de noyer, 45,6 x 65,6 cm.

En avril dernier, un nouveau rebondissement est révélé dans la presse. Un ouvrage censuré de 2019 (coédité par Hazan et les éditions du Louvre et préfacé par Jean-Luc Martinez, alors président directeur de l’institution) expliquerait au contraire que le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) aurait démontré que le Salvator Mundi était effectivement une œuvre du maître. Malgré cette dernière révélation, la conservatrice du musée du Prado Ana Gonzales Mozo semble plutôt sceptique. « Certains spécialistes considèrent qu’il existait un prototype aujourd’hui perdu, tandis que d’autres pensent que la version Cook, très controversée, est l’original », écrit l’historienne de l’art dans le catalogue. Toutefois, elle explique également qu’un prototype réalisé par le maître aurait pu ne jamais exister.

Vue de l'exposition Léonard de Vinci avec la version Ganay du Salvator Mundi, 2019 © Musée du Louvre/Antoine Mongodin

Vue de l’exposition Léonard de Vinci avec la version Ganay du Salvator Mundi, 2019 © Musée du Louvre/Antoine Mongodin

Selon la conservatrice, parmi la vingtaine de versions du Salvator Mundi identifiées à ce jour, celle dite Ganay (1505-1515), conservée en mains privées mais présentée lors de la rétrospective du Louvre en 2019 et aujourd’hui dans l’exposition du Prado, serait la plus ancienne copie de l’original perdu et donc la plus proche du chef-d’œuvre de Léonard. D’après Ana Gonzales Mozo, l’artiste d’atelier qui a peint le Salvator Mundi Ganay serait également à l’origine de la première copie de la Joconde, conservée au Prado. Le catalogue présente aussi un essai de Vincent Delieuvin, conservateur et co-commissaire de la rétrospective du Louvre, qui mentionne le Salvator Mundi en soulignant « ses détails d’une qualité étonnamment médiocre » et espérant « une future exposition permanente de l’œuvre permettant de l’analyser à nouveau avec plus d’objectivité ».

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