La santé mentale des jeunes mise en péril par la crise sanitaire

La fermeture des écoles et les cours à distance lors de la pandémie ont aggravé les troubles dépressifs chez les jeunes, alerte Claire Hédon, la Défenseure des Droits.

« La santé mentale est une des conditions de l’apprentissage et de la réussite scolaire », souligne la Défenseure des Droits.

« La santé mentale est une des conditions de l’apprentissage et de la réussite scolaire », souligne la Défenseure des Droits. LODI FRANCK/SIPA / LODI FRANCK/SIPA

La Défenseure des Droits Claire Hédon alerte sur « l’urgence » à protéger la santé mentale des jeunes mise à mal par la crise sanitaire, avec une augmentation des troubles dépressifs et une insuffisante prise en charge psychiatrique, dans un rapport intitulé « Santé mentale des enfants : le droit au bien être » [PDF] et rendu public ce mercredi 17 novembre.

A lire aussi

« Il a été démontré que le premier confinement a conduit à une hausse générale des syndromes dépressifs et même à un doublement chez les 15-24 ans (10 % d’entre eux présentaient un syndrome dépressif en 2019, contre plus de 20 % en 2020) », relève-t-on dans ce document qui constate une hausse des « troubles anxieux » et « phobies sociales ».

Publicité

Publié à l’occasion de la Journée internationale des Droits de l’Enfant, samedi 20 novembre, le rapport s’appuie sur les réclamations reçues par les Défenseurs des Droits et des Enfants (3 000 chaque année), ainsi que la consultation d’enfants et de professionnels (médecins et infirmières scolaires, enseignants et éducateurs, psychiatres, pédiatres…).

La fermeture des établissements scolaires et l’enseignement à distance ont aggravé « les risques d’addiction » aux écrans, a relevé le Défenseur des Enfants Eric Delemar lors d’une conférence de presse ce mardi.

Les professionnels « nous ont interpellés sur les difficultés des rythmes circadiens, des troubles alimentaires, du sommeil des enfants, qui étaient épuisés dans les écoles, qui souffrent de problèmes d’attention. Les professeurs ont du mal à les mobiliser sur des projets », a-t-il poursuivi.

Une « priorité publique »

« Les demandes de consultations en pédopsychiatrie ont augmenté, les retards ont augmenté », a déclaré Claire Hédon aux journalistes, jugeant que la santé mentale de l’enfant devait devenir une « priorité publique ».

Publicité

A lire aussi

« Tout le monde de la pédopsychiatrie alerte sur le manque de moyens, on ne peut pas avoir six mois ou un an de délai d’attente pour avoir rendez-vous avec un psy », relève Claire Hédon, soulignant le manque de pédopsychiatres, de psychologues dans les centres médico-psychologiques (CMP) et les centres médicaux psycho-pédagogiques (CMPP), qui permettent une prise en charge publique.

Or « une prise en charge très rapide d’un enfant en situation difficile » peut résoudre les difficultés « en quelques séances », alors que « si on laisse traîner », les conséquences peuvent être graves sur le long terme, y compris « à l’âge adulte », relève-t-elle, réclamant une « étude longitudinale sur les effets à long terme de la crise sanitaire sur la santé mentale » des jeunes.

« La santé mentale est une des conditions de l’apprentissage et de la réussite scolaire », souligne Claire Hédon, prévenant qu’« un enfant qui ne va pas bien deviendra un adulte qui va mal » et qui vivra dans « une société qui va mal ».

Des jeunes livrés à eux-mêmes

Les enfants et jeunes ont eu l’impression de ne pas être écoutés ni consultés pendant cette crise sanitaire, a observé le Défenseur des Enfants. « Ils retournaient au lycée pour passer des évaluations, mais quand il s’agissait d’apprendre, ils étaient seuls à la maison, livrés à eux-mêmes », a-t-il observé, remarquant que nombre d’entre eux n’envisageaient plus de poursuivre leurs études.

Publicité

Les collégiens se sont plaints que « tout était axé sur les gestes barrière » et « se faisaient disputer quand le masque était mal mis » : « Cette pression a éloigné les enfants des apprentissages. »

A lire aussi

Quant à se faire soigner, c’est impossible pour un enfant si ses parents n’en ont pas l’initiative, a-t-il dit, regrettant le manque d’espace de parole pour les enfants.

Sur le harcèlement scolaire également, source de nombreuses réclamations auprès du Défenseur des Droits, les enfants ne sont pas assez écoutés : « Ce qui nous frappe à chaque fois, c’est le temps de réaction de l’institution scolaire pour réagir. On n’a pas su écouter l’enfant à temps, au bon moment, on s’étonne qu’il n’ait pas parlé, mais qu’est-ce qu’on a prévu pour recueillir la parole de l’enfant ? », déplore Claire Hédon.

Le rapport formule 29 recommandations plus générales, notamment permettre à chaque enfant d’accéder à des dispositifs d’accueil du jeune enfant, développer le « soutien à la parentalité », ouvrir des « maisons des adolescents » dans chaque département.

Sur le sujet Covid-19

Sujets associés à l'article

Annuler