Le gouvernement Bolsonaro accusé de censurer le bac brésilien

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Le gouvernement du président Jair Bolsonaro est secoué par un scandale autour de l'Enem, l'équivalent brésilien du baccalauréat, avec des accusations de censure de questions dérangeantes, touchant notamment à l'histoire récente du pays.

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Jair Bolsonaro en 2018 - BW Press / Shutterstock

Loin de nier ces accusations, Jair Bolsonaro s’est au contraire félicité lundi du fait que les questions de l’Enem, l’équivalent brésilien du baccalauréat qui débute dimanche prochain, « commençaient à ressembler au gouvernement ».

Ces déclarations en marge d’une visite officielle à Dubai, aux Émirats Arabes Unis, ont provoqué un tollé et des député·es ont annoncé mardi leur intention de convoquer devant le Parlement le ministre de l’Éducation, Milton Ribeiro, pour qu’il fournisse des explications.

La semaine dernière, 37 fonctionnaires de l’Inep, institut public chargé d’organiser l’Enem, sésame pour l’entrée à l’université, ont démissionné.

Mais le scandale a vraiment éclaté dimanche, avec des témoignages de certains d’entre elles et eux dans un reportage de l’émission Fantastico, de TV Globo, la plus grande chaîne du pays, régulièrement critiquée par Jair Bolsonaro. En dehors de la « censure », ces fonctionnaires, qui n’ont pas souhaité témoigner à visage découvert, ont également relaté des « pressions insupportables » et du « harcèlement moral ».

L’un d’eux a également révélé qu’un de ses supérieurs avait réclamé le retrait de «  plus de 20 questions » de la première version de l’examen, qui en compte 180 au total dans diverses disciplines, la plupart à choix multiple. « C’étaient surtout des questions sur l’histoire récente du pays », a-t-elle expliqué, sans en révéler le contenu.

Suite à cette demande de modifier les questions, deux nouvelles versions de l’épreuve ont dû être rédigées, a précisé cette fonctionnaire. « C’est une grave erreur de rayer tout simplement des éléments d’une épreuve parce qu’on n’apprécie pas son contenu », a résumé un autre démissionnaire.

Jair Bolsonaro avait déjà critiqué une question de l’Enem portant sur un thème lié à la communauté LGBTI+ juste après son élection, en novembre 2018. «  Soyez tranquilles, il n’y aura plus de question comme ça l’an prochain, parce que nous allons prendre connaissance du contenu au préalable », avait-il annoncé à l’époque.

En janvier dernier, le président d’extrême droite avait également critiqué une question sur l’écart de salaire entre deux stars du football brésilien, Neymar, attaquant du Paris SG, et Marta, élue six fois meilleure joueuse du monde. « Il y a des questions ridicules, qui comparent les hommes et les femmes qui jouent au foot, pourquoi Marta gagne moins que Neymar. Ce n’est pas comparable, le foot féminin n’est pas encore une réalité au Brésil », avait-il lancé.

Cette année, plus de trois millions d’élèves sont inscrit·es à l’épreuve de l’Enem, prévue les 21 et 28 novembre.

Avec l’AFP