Dans les régions d’Idlib et des environs d’Alep échappant au contrôle de Damas, dans le nord-ouest de la Syrie, les femmes ne jouissent pas de leur “liberté individuelle”, écrit le média syrien indépendant Enab Baladi.

Les raisons de ces “restrictions injustifiées” imposées aux femmes dans ces régions ? Une “approche étroite de l’islam sur les questions des femmes”, ainsi que “des traditions et des normes teintées de patriarcat”.

Police des mœurs

Dans la région d’Idlib, majoritairement contrôlée par les salafistes du Hayat Tahrir Al-Cham (HTS) – ex-branche syrienne d’Al-Qaida –, les femmes se plaignent “des mesures extrêmement restrictives imposées aux femmes dans les lieux publics” par la hisba, la police des mœurs du HTS, “au nom de la charia”.

Ces dispositions interdisent le mélange entre les sexes [lorsque les femmes] ne sont pas accompagnées par un ‘mahram’ [un gardien] à l’école, dans les lieux de travail et dans les espaces du quotidien comme les marchés.”

“Les femmes portant du maquillage ou vêtues de tenues attirant l’œil sont poursuivies”, ajoute Enab Baladi. Il y a quelques semaines, le “gouvernement du salut”, qui administre depuis 2017 les régions contrôlées par le HTS, a lancé une campagne d’affichage intitulée “Gardiens de la vertu”. Sur ces panneaux, on pouvait lire des “versets coraniques”, ainsi que des appels aux femmes à “ne pas porter de maquillage” et à “adopter les vêtements islamiques”.

Tollé sur les réseaux sociaux contre ces restrictions vestimentaires et la dilapidation de fonds publics pour ces campagnes “alors que le secteur de la santé de la région se dégrade à cause du Covid-19”.

“Faire plus d’efforts”

Dans les environs d’Alep, contrôlés par les rebelles pro-Turcs réunis sous la bannière de l’Armée nationale syrienne, l’émancipation des femmes reste un sujet brûlant. Les femmes vivant dans ces régions “doivent faire plus d’efforts lorsqu’il s’agit d’une décision personnelle”, explique à Enab Baladi la responsable d’une association militant pour les droits des femmes implantée dans la région.

En août dernier, raconte le média syrien, un dignitaire religieux de haut rang a créé la controverse en critiquant vertement les Syriennes travaillant dans des organisations humanitaires “qui diffusent des idées sur ce qu’elles appellent l’émancipation de la femme ou les questions du genre” et “répandent des idées de décadence morale et d’homosexualité contraires aux lois morales islamiques et aux valeurs de la société religieuse syrienne”.

Le sermon d’Oussama Al-Rifaï a divisé les réseaux sociaux, explique Enab Baladi, entre partisans et contempteurs condamnant “une incitation à la violence et au patriarcat” et une volonté de “privation des droits” des femmes.