Annulation d'autorisation environnementale pour un entrepôt Amazon, interdiction d'extension d'une base de loisir en pleine forêt de Romainville, projet de surf park en Loire-Atlantique au point mort... Ces derniers mois, face aux mobilisations citoyennes ou par décision judicaire, de nombreux projets ont été suspendus voire abandonnés pour des raisons environnementales. Tour d'horizon. 

Les entrepôts Amazon face à la fronde 


Le géant de l’e-commerce, qui prévoit de doubler ses entrepôts dans l’Hexagone, fait face à une véritable fronde sur le terrain. Le 9 novembre, le tribunal administratif de Nîmes a annulé l’autorisation environnementale pour un projet de centre de tri des colis de 38 000 m2. Celui-ci doit voir le jour à proximité du Pont du Gard, l’un des sites touristiques les plus anciens et visités de France, classé à l’Unesco. Les juges ont estimé que "malgré la création probable de six cents emplois équivalents temps plein et les retombées économiques (…), celui-ci ne répondait pas à une raison impérative d’intérêt majeur". Ce revers pour Amazon intervient deux semaines après l’abandon d’un projet de centre logistique près de Nantes, à Montbert (Loire-Atlantique), en raison des retards liés à "l’accumulation de contraintes techniques et juridiques."



Les "Jardins à défendre" d’Aubervilliers font de la résistance



En Seine Saint Denis (93), les jardins ouvriers presque centenaires d’Aubervilliers devaient être détruits pour y construire la future piscine des Jeux Olympiques et son solarium. C’était sans compter la détermination de citoyens prêts à défendre leurs 4 000 m² de terres. Pour protéger dix-neuf parcelles menacées (sur 273), des jardiniers se sont rassemblés en collectif. Ils ont créé une Jad ("Jardins à défendre") et fait appel à toutes les bonnes volontés pour les aider à sauvegarder leurs terres. Le collectif a également porté l’affaire devant les tribunaux. Ils ont remporté une bataille le 20 septembre dernier. Alors que par les rouleaux-compresseurs et les bulldozers avaient commencé à détruire des parcelles, la justice a ordonné la suspension des travaux. Toutefois, le bras de fer n’est pas terminé : la mairie a fait appel de cette décision.
[Mise à jour le 23 novembre] La cour d’appel de Paris a levé mardi 23 novembre la suspension du permis de construire permettant "la reprise des travaux". La procédure judiciaire n’est pas terminée car elle doit être jugée "au fond" en décembre prochain. 




À Romainville, la forêt est sanctuarisée 



La base de loisir de Romainville ne pourra plus s’étendre sur la forêt. Les associations locales ont signé en juin 2021 un contrat d’Obligations réelles environnementales (ORE) avec la région Ile-de-France et la commune de Seine-Saint-Denis afin d’en sanctuariser 20 hectares. Le projet de l’Ile de loisir de la Corniche des forts est en cours depuis plusieurs années et rencontre une vive opposition locale, soucieuse de préserver ce refuge de la biodiversité. Le projet risquait de détruire en partie cette forêt un peu spéciale, poussée sur une ancienne carrière de gypse et interdite d’accès en raison des risques d’effondrement. Des aménagements de loisirs ont déjà entamé en partie la forêt, mais l’obtention de la protection par le contrat ORE devrait permettre de mieux protéger les espèces animales et végétales.



En Loire-Atlantique, un surf park à l’agonie 


C’est un projet qui a fait des vagues. Présentée en 2018, la construction d’un surf park à Saint-Père en Retz (Loire-Atlantique)  a divisé élus, population et surfeurs. Si le projet a été mis en pause dans le cadre du Covid-19,  il semble plus que jamais compromis : l’un des deux porteurs du projet, Thibault Coutançais, a quitté le navire. La structure, qui devait détruire 20 hectares de terres agricoles, est accusée d’artificialiser les sols et est pointée du doigt pour sa consommation en eau (plus de 11 000 m3  par an). Elle est d’autant plus critiquée qu’elle est située à 10 kilomètres de vagues naturelles. Le collectif Terres Communes a particulièrement manifesté son opposition en organisant des rassemblements et des occupations du territoire. 



La privatisation du campus d’AgroParisTech suspendu 


La mobilisation a payé. Alors que l’État avait retenu le promoteur immobilier Atarea Cogedim pour racheter le domaine de Grignon, berceau de l’agronomie française et campus des ingénieurs d’AgroParisTech, il a finalement fait machine arrière le 15 novembre pour "tenir compte du temps de concertation nécessaire". L’annonce de la vente avait provoqué la colère de nombreux étudiants, élus et associations qui craignaient que le domaine, qui s’étend sur des centaines d’hectares de forêts et de terres agricoles, soit bétonné. Si le gouvernement n’a pas clairement justifié la suspension du projet pour des raisons environnementales, les failles de procédure sont mises en avant. Un espoir pour l’association Grignon 2 000 qui porte un projet alternatif.  
La rédaction
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