Covid-19 : cartographie de la 5ème vague

Durant le deuxième confinement, en janvier dernier. ©Getty - Kiran Ridley / Contributeur
Durant le deuxième confinement, en janvier dernier. ©Getty - Kiran Ridley / Contributeur
Durant le deuxième confinement, en janvier dernier. ©Getty - Kiran Ridley / Contributeur
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Alors que l'Autriche a décidé de reconfiner l'intégralité de sa population vendredi dernier, les regards en France sont rivés sur la progression de la courbe épidémique du Covid-19. Les Enjeux dressent une carte de la situation sanitaire dans les hôpitaux et les centres de vaccination français.

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Pour le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, la France est touchée par une cinquième vague de contaminations dues au coronavirus depuis mi-octobre. Alors que nos voisins à l'est font face à des taux d'incidence galopants, la France est-elle mieux préparée au reflux épidépique ? Quelles fractures territoriales persistent en France et en Europe aux abords d'un troisième hiver épidémique ?

Épaulés par Anne Sénéquier, médecin et co-directrice de l’Observatoire de la Santé mondiale à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), les Enjeux territoriaux tracent une carte mentale de la France vue à travers ses centres de vaccination et ses services hospitaliers.

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Une cinquième vague imprévisible

Une pandémie n'est pas uniforme dans le temps et dans l'espace, elle se manifeste plutôt par vagues régionales, comme cela a été le cas depuis l'apparition du Covid-19. Le relâchement des gestes barrière depuis cet été et les taux de vaccination inégaux auraient contribué au rebond épidémique que l'Europe traverse actuellement : 

Il y a un gradient est-ouest sur le taux de vaccination avec une Europe de l'Est finalement assez peu vaccinée. En Bulgarie, moins de 20 % de la population est vaccinée. Dans la prédominance de l'Europe dans cette nouvelle vague de Covid-19, on a quelque chose qui est parti de l'Europe de l'Est, et qui, petit à petit, par capillarité, par les flux de population, se transmet à l'Europe du Nord, de l'Ouest et qui petit à petit commence à redescendre vers le sud, sur les pays que l'on disait épargnés ces dernières semaines, tels l'Espagne et l'Italie. Anne Sénéquier

Pour autant, difficile de lier directement la proximité à des zones frontalières ou la persistance de fractures vaccinales pour expliquer la prévalence du virus :

Aujourd'hui, les taux d'incidence les plus importants, c'est l'Ardèche, les Bouches-du-Rhône, les Landes et le Haut-Rhin.On pourrait se dire que c'est corrélé à la vaccination, mais finalement pas tant que ça, puisque les taux de vaccination les plus importants aujourd'hui, on les retrouve plutôt sur sur la côte atlantique et finalement, ça n'empêche pas à ce département des Landes d'être très impacté.

Ce n'est pas juste une cause, une conséquence, mais c'est l'accumulation de facteurs de risques, que ce soit le taux d'incidence, la densité de population, l'âge moyen du département, puisqu'on s'en souvient, le virus a touché plus particulièrement les personnes au-delà de 65 ans et les personnes vulnérables. Anne Sénéquier

Une situation qui invite à la vigilance, en ce qui concerne les gestes barrière, mais aussi  à persévérer sur l'administration de premières doses, alors que dans les services de réanimation, la majorité des patients atteintes de Covid-19 n'est pas vaccinée. Anne Sénéquier conseille aussi de prendre l'habitude d'aérer les espaces clos.

La mémoire du chlordécone en héritage  

Dans les DOM-TOM, le taux de vaccination reste faible; il stagne ainsi à 33 % en Guadeloupe. Une situation liée au traumatisme du chlordécone , dont l'utilisation constitue un traumatisme pour nombre de Français d'outre-mer, selon Anne Sénéquier

Ce qui s'est passé dans les DOM-TOM, c'est qu'à un moment donné, il y a eu une politique agricole nationale qui a favorisé l'utilisation du chlordécone, un pesticide utilisé pour la culture de bananeraies et poussé vraiment par le gouvernement et le ministère de l'Agriculture. À l'époque, on s'est rendus compte que c'était un agent très pathogène, et ça a été utilisé jusqu'à il y a assez peu de temps. (..) Il y a aujourd'hui une défiance qui s'inscrit aujourd'hui, dans les DOM-TOM, dans une défiance vis-à-vis, de toute question sanitaire. Aujourd'hui, finalement, on paie les erreurs de cette politique passée. 

Je pense qu'il faut comprendre et être justement sur le terrain pour aujourd'hui être dans une pédagogie. (..) Il va falloir arriver peut-être déjà à évoquer cette histoire-là, puisqu' au niveau de la communication de l'exécutif, on n'en a jamais entendu parler. Peut-être qu'il faudrait commencer à reconnaître ce genre d'erreur pour pouvoir avoir l'attention de la population. Anne Sénéquier

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