« Ça va emmerder encore un peu plus les fachos » : la résistante Madeleine Riffaud reçoit un prix de la BD

Madeleine Riffaud.

Madeleine Riffaud. JD MORVAN

Le prix René-Goscinny du meilleur scénariste a été attribué à Jean-David Morvan et Madeleine Riffaud pour l’album « Madeleine, résistante ».

Quelle vie ! Ex-résistante, reporter de guerre et poétesse, voilà que Madeleine Riffaud reçoit à 97 ans, une récompense inattendue : le prix René-Goscinny du meilleur scénariste, qui lui a été attribué ainsi qu’à Jean-David Morvan, qui a recueilli ses propos, ce mardi 23 novembre pour l’album « Madeleine, résistante », publié fin août aux éditions Dupuis.

« Je n’en reviens pas, a-t-elle réagi. Qui aurait cru que je vivrais ça maintenant ? Même si j’en ai un peu marre qu’on dise mon âge à tout bout de champ. Dans tous les cas, je suis bien contente car ça va emmerder encore un peu plus les fachos (et tous leurs copains sans cerveau) qui s’amusent à écrire des slogans pro nazis sur mon exposition au parc des Buttes-Chaumont ! »

Publicité

Elle ajoute : « Et une pensée à Lucie et Raymond Aubrac, qui m’ont poussée à témoigner à une époque où je croyais que je n’en avais plus rien à foutre » C’est en 1994, à l’occasion des 50 ans de la Libération de Paris, que les époux Aubrac réussissent à la convaincre. « Cette BD, c’est la continuité du travail qu’ils m’ont demandé d’accomplir et qui me tient en vie. NOUS NE SOMMES PAS DES MARTYRS, NOUS SOMMES DES COMBATTANTS. NOUS NE SOMMES PAS DE VICTIMES, NOUS SOMMES DES RÉSISTANTS ! »

A lire aussi

« Effroyable témoignage »

« Madeleine, résistante », premier tome des Mémoires de guerre de Madeleine Riffaud, revient sur son entrée en résistance à l’âge de 17 ans. Elle est alors profondément marquée par l’humiliant « coup de pied au cul » assené par un gradé nazi devant ses hommes, puis par le viol d’un milicien, « salaud intégral ». Agissant sous le nom de code « Rainer », son destin exceptionnel lui vaudra la torture et une condamnation à mort par la Gestapo. Notre camarade Renaud Février était très enthousiaste à sa sortie :

« Formidable, ce témoignage poignant d’une jeunesse en lutte contre l’occupant et contre la mort, l’est incontestablement. Le duo Jean David Morvan - Dominique Bertail réussit en effet à mettre en scène les jeunes années de Madeleine avec une terrible justesse. La bichromie de blanc et bleu, glaciale, est magnifique et donne à ce premier tome d’un triptyque à venir toute sa force, au service de cet effroyable témoignage. »

LIRE AUSSI > Madeleine Riffaud, 93 ans, résistante et poétesse : « Ne me transformez surtout pas en victime ! »

Le prix René-Goscinny du jeune scénariste, dont c’est la première édition, a récompensé une autre BD évoquant la résistance : « Des vivants » de Louise Moaty et Raphaël Meltz (éditions 2024).

Sur le sujet BibliObs

Sujets associés à l'article

Annuler