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Espagne : le village « Tuez les juifs » veut changer de nom

Le village Castrillo Matajudios a adopté son nom à la fin du XVe siècle quand il était alors de bon ton d'apparaître plus chrétien que chrétien.

Le Monde

Publié le 18 avril 2014 à 09h54, modifié le 18 avril 2014 à 09h57

Temps de Lecture 2 min.

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La basilique San Isidoro de Leon dans le Nord de l'Espagne.

Une bourgade de 60 âmes construite autour d'une jolie petite église gothique et nichée au pied d'une colline perdue au fin fond de la Castille-Léon. Un village espagnol comme il en existe des milliers d'autres et qui serait resté dans l'anonymat si son maire n'avait pas entrepris d'en changer le nom. Il faut dire qu'il n'est pas facile à porter : Castrillo Matajudios, « Castrillo Tuez les juifs » dans sa traduction littérale.

Un nom que le village aurait adopté à la fin du XVe siècle quand il était alors de bon ton d'apparaître plus chrétien que chrétien dans une Espagne ou l'Inquisition était à son apogée. Sous l'impulsion des Rois Catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, Grenade tombe aux mains espagnoles, la reconquête de 700 ans sur les musulmans prend fin et les Maures et les juifs sont forcés de se convertir au christianisme, expulsés ou tués.

Si l'histoire de Castrillo fait débat, les historiens s'accordent sur un point : sa fondation date de 1035 lorsqu'une révolte contre l'impôt dans la localité de Castrojeriz tourne en pogrom, forçant un groupe de juifs à se réfugier dans le lieu-dit de Castrillo, où se trouve une colline, « mota » en espagnol. Castrillo devient alors Castrillo Mota de los Judios ou Castrillo Motajudios, suivant les versions. Le bourg prospère grâce a sa « juderia » et à la proximité du chemin de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pendant près de mille ans, changement de nom inclus, la vie est un long fleuve tranquille pour Castrillo.

Jusqu'à ce qu'en 2009 la mairie se décide à demander une étude et des excavations sur la colline où les juifs se sont installés au XIe siècle pour rendre possible la visite des vestiges et, ainsi, en faire un atout touristique. Les résultats de ces travaux seront présentés samedi 19 avril aux habitants du village par un archéologue. Lesquels habitants se prononceront par référendum le 25 mai sur le fait de revenir ou non au nom initial de Castrillo Matajudios. L'issue du vote est, aux dires du maire, incertaine.

PREMIÈRE TENTATIVE EN 1966

Ce ne serait cependant pas la première fois que le bourg échoue dans sa tentative d'adopter un toponyme plus discret. En 1966, un projet avait déjà vu le jour, visant à donner au village le nom de son plus illustre enfant, Antonio de Cabezon, organiste de Philippe II, l'arrière-petit-fils des Rois Catholiques. Castrillo se serait alors appelé Castrillo de Cabezon (cabezon veut aussi dire « grosse tête » en espagnol), un qualificatif peu flatteur certes, mais plus facile à porter que l'appellation actuelle.

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