
Une bourgade de 60 âmes construite autour d'une jolie petite église gothique et nichée au pied d'une colline perdue au fin fond de la Castille-Léon. Un village espagnol comme il en existe des milliers d'autres et qui serait resté dans l'anonymat si son maire n'avait pas entrepris d'en changer le nom. Il faut dire qu'il n'est pas facile à porter : Castrillo Matajudios, « Castrillo Tuez les juifs » dans sa traduction littérale.
Un nom que le village aurait adopté à la fin du XVe siècle quand il était alors de bon ton d'apparaître plus chrétien que chrétien dans une Espagne ou l'Inquisition était à son apogée. Sous l'impulsion des Rois Catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, Grenade tombe aux mains espagnoles, la reconquête de 700 ans sur les musulmans prend fin et les Maures et les juifs sont forcés de se convertir au christianisme, expulsés ou tués.
Si l'histoire de Castrillo fait débat, les historiens s'accordent sur un point : sa fondation date de 1035 lorsqu'une révolte contre l'impôt dans la localité de Castrojeriz tourne en pogrom, forçant un groupe de juifs à se réfugier dans le lieu-dit de Castrillo, où se trouve une colline, « mota » en espagnol. Castrillo devient alors Castrillo Mota de los Judios ou Castrillo Motajudios, suivant les versions. Le bourg prospère grâce a sa « juderia » et à la proximité du chemin de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pendant près de mille ans, changement de nom inclus, la vie est un long fleuve tranquille pour Castrillo.
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