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Aquilino Morelle démissionne, un coup rude pour François Hollande et Manuel Valls

+ VIDEO - Le conseiller politique du chef de l’Etat a démissionné après les révélations de Mediapart. Pour François Hollande, cette affaire tombe au pire moment et pollue la nouvelle étape du quinquennat avec l’arrivée de Manuel Valls à Matignon. « Il a pris la seule décision qui convenait », a tranché le président.

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Aquilino Morelle

Par Pierre-Alain Furbury

Publié le 18 avr. 2014 à 08:22

Cette fois, François Hollande a fait vite. Quelques heures à peine. Vite pour éviter que « l’affaire » ne prenne de l’ampleur et ne devienne incontrôlable à un mois des élections européennes. Vite pour tenter d’éviter qu’elle ne ruine déjà son offensive, bâtie sur le pacte de responsabilité, les 50 milliards d’économies, le changement de Premier ministre, la nomination d’un gouvernement resséré et son retour sur le terrain. Son conseiller politique et communication Aquilino Morelle, l’un des hommes forts de la présidence, proche de Manuel Valls et d’Arnaud Montebourg, a été contraint ce vendredi de démissionner de ses fonctions à l’Elysée. « Pour ne pas gêner l’action du président de la République, du gouvernement et de la majorité, dans un moment particulièrement difficile de la vie du pays », a-t-il indiqué, niant toute « faute ».

Le chef de l’Etat étant en déplacement en province, c’est Manuel Valls qui l’a reçu et s’est chargé de le pousser au départ. Aquilino Morelle a pris « la seule décision qui s’imposait, la seule décision qui convenait », a tranché François Hollande, ajoutant : « Je ne suis pas juge de ce qu’il a fait avant [l’Elysée] ».

VIDEO Le commentaire de François Hollande sur la démission d'Aquilino Morelle

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Pression politique et sur le fond

La veille, le site Mediapart avait accusé Aquilino Morelle d’avoir travaillé en 2007 pour un laboratoire pharmaceutique danois, Lundbeck, tout en étant rattaché à l’Inspection générale des affaires sociales (il avait réintégré l’Igas). Dans un texte publié sur son compte Facebook, présenté comme un « droit de réponse », Aquilino Morelle avait nié tout conflit d’intérêts et dénoncé un « article alimenté par des rumeurs et des contre-vérités ». « En tant que fonctionnaire, un certain nombre d’activités annexes sont autorisées par la loi, dont l’enseignement et le conseil », faisait-il valoir.

Mais la pression, ce vendredi, était encore s’accru et sa position semblait intenable. Pression politique d’abord, avec les propos du nouveau patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis : « Si ce qui est dit est vérifié, je ne vois pas comment il reste ». Pression sur le fond surtout ; l’Igas ayant indiqué ne pas avoir trace d’autorisations pour une activité avec des laboratoires pharmaceutiques. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique a indiqué étudier le dossier.

VIDEO L'interview de Jean-Christophe Cambadélis

Montebourg perd un relais

François Hollande, donc a tranché. Mais c’est un nouveau coup dur pour lui. Dur pour Manuel Valls, dont il est un proche. Dur pour Arnaud Montebourg aussi, qui perd un relais. Alors que le président est au plus bas dans les sondages, cette affaire met à nouveau à mal sa promesse de « République irréprochable », déjà très écornée par la démission, il y a un an, de Jérôme Cahuzac pour fraude fiscale. Et elle intervient à un bien mauvais moment, quelques jours après le remaniement de l’Elysée. Surtout, elle pollue la « nouvelle étape » du quinquennat ouverte par le chef de l’Etat, au plus bas dans les sondages. Le gouvernement a présenté ce mercredi un plan de 50 milliards d’économies marqué par le gel des prestations sociales comme du point d’indice des fonctionnaires et le report des mesures de lutte contre l’exclusion. Des mesures qui ont suscité un début de rébellion chez les élus socialistes, qui, sonnés par le choc des élections municipales, réclament des aménagements pour les plus modestes.

« Le président, le gouvernement (…) expliquent à des gens qui vivent avec 700 euros par mois qu’il va encore falloir faire des efforts, et pendant ce temps-là on apprend que des conseillers du président peuvent faire des missions à 15.000 euros (…) de manière confidentielle », a résumé Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts.

L’ECLAIRAGE DE LA RÉDACTION « Avec le départ d’Aquilino Morelle, Hollande perd sa corde de rappel à gauche »

Homme de pouvoir

Le nom d’Aquilino Morelle avait circulé pour devenir secrétaire d’Etat à la Santé lors du dernier remaniement. Mais son maintien avait été souhaité par François Hollande comme par Manuel Valls. Homme de pouvoir, l’ancienne « plume » de Lionel Jospin à Matignon puis de François Hollande pendant la campagne présidentielle avait poussé en faveur de la nomination de l’ancien ministre de l’Intérieur à Matignon. Il était en très mauvais terme avec Jean-Marc Ayrault, qui l’accusait de miner son autorité.

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Certains l’ont également accusé d’avoir poussé au départ de Pierre-René Lemas, le secrétaire général de l’Elysée des deux premières années du quinquennat, remplacé cette semaine par Jean-Pierre Jouyet. Médecin et énarque de formation, né dans une modeste famille d’immigrés espagnols (son père était affuteur chez Citroën à Nanterre et sa mère femme au foyer), Aquilino Morelle se décrit comme « patriote, républicain et socialiste, dans l’ordre ». Il est âgé de 51 ans.

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