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Vaccin : doit-on faire une dose de rappel si on a déjà eu le Covid-19 ?
Alors qu'il est déjà prévu de l'élargir aux personnes de plus de 50 ans le 1er décembre, le gouvernement réfléchit à son extension à toutes les personnes adultes.
Anadolu Agency via AFP

Vaccin : doit-on faire une dose de rappel si on a déjà eu le Covid-19 ?

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Jeudi 25 novembre, Olivier Véran annoncera de nouvelles mesures à propos de la campagne de vaccination de rappel contre le Covid-19, qui pourrait concerner tous les majeurs… à quelques exceptions.

« Évidemment que le passe sanitaire reste un outil central : (…) nous voulons même le renforcer » : à l'issue d'un conseil de défense sanitaire, puis d'un conseil des ministres ce mercredi 24 novembre, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a confirmé la volonté du gouvernement de mettre en place de nouvelles mesures pour limiter la hausse du nombre de cas de Covid-19, qui doivent être annoncées jeudi 25 novembre. Parmi celles envisagées : l'abaissement à 24 heures du délai de validité des tests PCR ou encore la réduction à 5 mois (au lieu de 6) du délai entre la deuxième et la troisième dose de vaccin, qui pourrait concerner toute la population.

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Dur de s'y retrouver dans les schémas vaccinaux : certains ont eu le Covid avant de se faire vacciner, d’autres ont été infectés après la première dose, voire après la seconde. Dans ces cas, doit-on avoir recours à une dose de rappel ? Marianne fait le point sur cette recommandation et ses justifications.

Infecté puis vacciné : pas de rappel

Le 11 février, un avis de la Haute Autorité de Santé (HAS) mentionne que « les personnes ayant déjà eu la Covid-19 peuvent se voir proposer l’administration d’une seule dose de vaccin » six mois après la maladie. Ainsi, afin d’optimiser les doses de vaccin disponible, la même instance a recommandé le 3 juin de pratiquer un test sérologique sur les jeunes adultes n’ayant pas de comorbidités lors de leur première dose, afin de savoir s’ils ont déjà été en contact avec le Sras-Cov-2 et si une seule injection est donc suffisante. Ces personnes ayant été infectées avant de recevoir une unique dose n’ont pas besoin de faire un rappel, quel que soit leur âge.

Dans son avis du 19 novembre la HAS explique que « quand on a été infecté, c’est une seule dose après l’infection et pas besoin de rappel - à ce stade ». Comment l’expliquer ? « Avoir été infecté correspond, en termes d’immunité, à une vaccination complète avec deux doses », souligne Jean-Daniel Lelièvre, chef du service des maladies infectieuses à l’Hôpital Henri-Mondor à Créteil et expert à la HAS. Ainsi, la dose administrée dans les six mois après avoir été en contact avec le virus correspond à un rappel, donc une troisième dose. La HAS justifie qu’une deuxième dose administrée 3 ou 4 semaines après la première « n’apporte pas d’avantage immunologique ». Administrée de manière plus tardive, soit jusqu’à 16 semaines après la première dose, elle augmente « de manière minime le taux d’anticorps ». Bref : les doses supplémentaires ne sont guère utiles pour les personnes ayant été infectées.

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Mieux : la protection conférée par une infection suivie d’une dose est plus efficace que celle obtenue après deux doses. « En cas d’infection préalable, une dose de vaccin permet d’augmenter le taux d’anticorps neutralisants tout en diversifiant la réponse contre les variants, notamment contre le variant Delta », continue la HAS. En effet, le vaccin comporte uniquement une partie du virus : la protéine Spike, qui lui permet de se fixer à nos cellules. « La réponse immunologique que l’on développe grâce à la vaccination s’attaque uniquement à cette protéine », continue le scientifique. Cela explique que l’on soit « mieux » protégé quand on a été infecté qu’après une dose : le système immunitaire a « appris » à reconnaître tout le virus. « La meilleure protection est celle obtenue avec la combinaison d’une infection puis d’une dose de vaccin », explique Jean-Daniel Lelièvre.

Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il vaut mieux s'infecter volontairement puis se faire vacciner ! « Car on ne sait pas comment on va réagir à cette infection, si on va faire une forme grave, un Covid long… », mentionne Stéphane Paul, immunologue au CHU de Saint-Etienne et membre du comité vaccin Covid-19. Notons qu’une dose supplémentaire est possible si besoin pour des raisons administratives, notamment pour se rendre à l’étranger.

Vacciné puis infecté : dose six mois plus tard

Autre cas : avoir été vacciné puis infecté. Avec deux sous-possibilités : contracter la maladie après la première ou après la seconde dose. Pour ceux qui n’ont fait que leur première injection, la HAS recommande « l’administration d’une seconde dose 6 mois après l’infection ». La recommandation est valable quels que soient l’âge et le délai entre la dose et la maladie. Pour les personnes ayant terminé leur cycle de vaccination, c’est-à-dire leurs deux doses, avant d’avoir eu le Covid, la HAS préconise « l’administration d’une dose additionnelle 6 mois après l’infection pour les personnes éligibles au rappel ». Si vous êtes éligible à la troisième dose, avez reçu les deux premières et avez ensuite eu le covid, vous devez donc faire cette troisième dose 6 mois après l’infection.

En effet, « une infection survenant après une primo-vaccination complète peut être la conséquence d’une immunité insuffisante conférée par cette vaccination initiale, vis-à-vis d’un nouveau variant notamment, ou par la diminution de cette immunité ou encore par l’inefficience de la réponse immunitaire mémoire ». Cela justifie que l'on recommence le schéma vaccinal à son début, c'est-à-dire avec une nouvelle injection, puisque l'infection montre que la vaccination n'a pas été assez efficace.

Reste, enfin, ceux qui ont été infectés, mais ne le savent pas forcément. Dans ce cas, pas d’inquiétude : recevoir une dose de vaccin « en trop » n’est pas dangereux. Inutile, également, de recourir à un test sérologique pour en avoir le cœur net : si vous avez été vacciné, votre test sera forcément positif et ne permettra donc pas de savoir si vous avez été infecté. Plus encore, ces tests sérologiques ne permettent pas d'affirmer que vous êtes bien protégés contre le virus, comme nous vous l'expliquons dans cet article.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne