Banksy : en Angleterre, un pochoir du Street Artiste retiré d’un mur par son propriétaire

Banksy : en Angleterre, un pochoir du Street Artiste retiré d’un mur par son propriétaire
Un pochoir noir et blanc de Banksy a été retiré de son mur d'origine à Lowestoft dans le comté de Suffolk. ©Banksy

À la mi-novembre, des ouvriers ont retiré un pan de mur présentant un pochoir de Banksy à Lowestoft, en Angleterre. L’œuvre avait été réalisée par le Street Artiste en août dernier dans le cadre de sa série A Great British Spraycation.

Après seulement trois mois d’existence, une nouvelle œuvre de Banksy disparaît du paysage urbain. Ce mois-ci, un propriétaire a fait retirer du mur d’un ancien magasin dans la ville côtière de Lowestoft (Suffolk, Angleterre) un pochoir représentant un enfant coiffé d’un bob et armé d’un pied de biche en pleine construction d’un château de sable, créée à l’occasion de la série estivale du Street Artiste intitulée A Great British Spraycation. Alors que l’œuvre était protégée pour éviter sa dégradation afin que n’importe quel passant puisse la contempler, des ouvriers l’ont extraite de son mur pour la garder dans un lieu tenu secret.

La destruction d’une installation made in Banksy

C’est bien connu, Banksy choisi rarement les lieux de ses interventions artistiques au hasard. Plus qu’une simple fresque, l’œuvre réalisée ici est une installation : l’enfant qui utilise son pied de biche comme une pelle a été disposé devant un trou dans la chaussée, mêlant trottoir en morceaux et sable. Ainsi, outre le fait d’aller contre la volonté de l’artiste de laisser son pochoir à la vue des passants, et de s’approprier un cadeau de Banksy à Lowestoft pour attirer des touristes et aider à relancer l’économie locale, retirer l’œuvre de son lieu de création revient à la dénaturer, voire à la détruire.

Pour les riverains, nul doute que le pochoir a été retiré pour qu’il puisse être vendu au prix fort. « Si le pochoir est retiré pour être exposé dans un endroit plus visible de la ville et dans un contexte artistique, alors c’est merveilleux, déclare Miles Barry, président du groupe local Easterly Artists à la BBC. Si c’est parce que le propriétaire s’est rendu compte que son emplacement ajoute 200 000 livres sterling à la valeur de la propriété et qu’il est mis aux enchères…. c’est vraiment dommage. » En effet, si le bâtiment était estimé à 300 000 livres sterling avant l’intervention et la revendication de Banksy, celui-ci a été dans un second temps remis sur le marché par son propriétaire pour 500 000 livres. Aussi, selon les spécialistes, le petit enfant au pied de biche pourrait bien valoir plusieurs centaines de milliers de livres.

Contraire à l’éthique de l’art de Banksy

Ce ne serait malheureusement pas une première. En février dernier, un propriétaire de Nottingham a enlevé une peinture murale de La Petite Fille au hula-hoop (réalisée par Banksy en octobre 2020) pour la vendre pour un montant à six chiffres à la galerie d’art contemporain Brandler, située à Brentwood. Le récent record de vente aux enchères pour La Fille au ballon rouge autodétruite, aussi appelée Love is in the Bin (2018), adjugée 21,8 millions d’euros chez Sotheby’s, et l’évolution de la côte de l’artiste donnant certainement des idées aux propriétaires peu réceptifs aux œuvres de Street Art mais intéressés par leurs valeurs marchandes. « Quelqu’un fait quelque chose pour le public et on l’enlève pour gagner de l’argent. C’est immoral, confie le professeur d’art politique au Royal College of Art de Londres Peter Kennard à Sky News, mais une grande partie de l’achat et de la vente dans le monde de l’art est immorale. C’est dégoûtant que quelqu’un l’enlève et c’est totalement contraire à l’éthique de ce que fait Banksy. »

Banksy, Love is in the Bin, 2018. ©Sotheby's

Banksy, Love is in the Bin, 2018. ©Sotheby’s

Un mois de novembre compliqué pour les œuvres de Banksy

Une semaine avant la disparition de l’enfant au château de sable à Lowestoft, une mésaventure est également arrivée à une œuvre de Banksy. L’acteur Christopher Walken a détruit un pochoir du Street Artiste lors du tournage de la série britannique The Outlaws, diffusée actuellement sur la plateforme BBC iPlayer. Au cours de l’épisode 4, sorti le 8 novembre dernier, Frank, le personnage interprété par l’acteur oscarisé, repeint un mur de Bristol qui représente notamment un rat des villes pas comme les autres, puisque celui-ci est perché sur des bombes de peinture et signé Banksy. Face à la réaction des téléspectateurs sur les réseaux sociaux, la chaîne britannique a confié dans un communiqué qu’il s’agissait bel et bien d’une œuvre originale du plus connu des Street Artistes anonymes, mais que celle-ci avait été réalisée spécialement pour le tournage, à la demande de la production. Somme toute, un mois de novembre assez compliqué et dangereux pour les œuvres de Banksy.

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