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Crise aux Antilles : le gouvernement « prêt à parler » de « l’autonomie » de la Guadeloupe

« Il n’y a pas de mauvais débats du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens », a considéré le ministre des outre-mer dans une allocution télévisée. « L’autonomie, ce n’est pas l’indépendance », a-t-il précisé dimanche.

Le Monde avec AFP

Publié le 27 novembre 2021 à 03h43, modifié le 28 novembre 2021 à 09h23

Temps de Lecture 4 min.

Le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, à Matignon, le 22 novembre 2021 à Paris.

Les violences se poursuivent aux Antilles, avec de nouvelles dégradations dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 novembre, tandis que le gouvernement s’est dit « prêt » à parler de l’autonomie de la Guadeloupe. Comme la Martinique, le territoire est secoué par une importante crise née d’un refus de l’obligation vaccinale des soignants et des pompiers avant d’embrasser des revendications sociales.

Les élus de Guadeloupe ont exigé, samedi, dans un communiqué, la venue « d’une délégation interministérielle permettant d’apporter des réponses aux problèmes des Guadeloupéens, en lien avec les propositions des élus » après que le gouvernement a mis sur la table la question de l’autonomie de l’île. « (…) Les élus rappellent que la question de la domiciliation locale du pouvoir de décision doit être abordée de manière concertée », ont-ils ajouté.

Dans une allocution télévisée, le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu avait assuré, vendredi, n’avoir « aucun tabou », alors que la question de l’autonomie a été évoquée lors des réunions de ces derniers jours pour tenter de résoudre la crise.

« Certains élus ont posé la question en creux de l’autonomie, par rapport à son statut actuel de département-région d’outre-mer. D’après eux, la Guadeloupe pourrait mieux se gérer d’elle-même. Ils souhaitent moins d’égalité avec l’Hexagone, plus de liberté de décision par les décideurs locaux. Le gouvernement est prêt à en parler, il n’y a pas de mauvais débats du moment qu’ils servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens. »

Interrogé dans Le Journal du dimanche du 28 novembre, M. Lecornu a précisé que « l’autonomie, ce n’est certainement l’indépendance ». Cette autonomie « existe déjà pour certaines collectivités d’outre-mer à des degrés divers, le modèle le plus poussé étant, par exemple, la Polynésie », a encore expliqué le ministre.

Une proposition de « moins d’Etat » selon Xavier Bertrand

La déclaration du ministre, vendredi, a été immédiatement pilonnée par l’opposition de droite et d’extrême droite.

Le candidat à l’investiture des Républicains pour la présidentielle Xavier Bertrand a fustigé cette proposition de « moins d’Etat ». Ce qui est « en jeu, c’est l’unité de la nation », a mis en garde son concurrent Michel Barnier, tandis que pour Eric Ciotti, également candidat, « avec Macron, la République cède et recule face à la violence ».

La candidate du Rassemblement national à l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen, a, de son côté, accusé le gouvernement d’être « prêt à lâcher la Guadeloupe » pour « essayer d’acheter les indépendantistes radicaux ».

D’autres estiment que M. Lecornu se trompe de terrain en avançant une réponse institutionnelle à une crise profondément sociale. Cela « crée de la confusion » et « ne règle pas les problèmes » sociaux, a ainsi estimé Yves Jégo (Agir), ancien secrétaire d’Etat à l’outre-mer, sur LCI samedi, exhortant plutôt à « un new deal économique » aux Antilles.

Les deux territoires sous couvre-feu

Le mouvement, marqué de violences, ne s’essouffle pas, et la situation reste mouvante, avec des barrages filtrants, parfois démontés par les forces de l’ordre avant d’être remontés par les manifestants. La préfecture de la Guadeloupe s’est réjouie dans un communiqué que certains axes dégagés « depuis deux jours sont toujours accessibles ». Les forces de l’ordre présentes ont toutefois de nouveau essuyé des tirs par arme à feu dans la nuit de vendredi à samedi, sans qu’il n’y ait de blessé, selon la préfecture.

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En Martinique, la préfecture recense des « événements d’une particulière intensité à Schœlcher et Fort-de-France (destruction d’une station-service et d’un bureau de poste) ». « Quatre gendarmes ont été blessés, notamment au visage, par des tirs de plombs », selon le parquet de Fort-de-France. « Des individus ont pénétré à la police municipale de Fort-de-France et ont volé des gilets pare-balles, donc très clairement aujourd’hui nous savons que certaines personnes cherchent à se protéger, face à nous, et nous craignons le pire maintenant », s’inquiète Jimmy Hellénis, secrétaire départemental Unité SGP Police FO.

Douze interpellations ont eu lieu à la Martinique et quatre à la Guadeloupe. Vendredi, une dizaine de membres des forces de l’ordre avait été blessée, et quatre journalistes avaient essuyé trois tirs de la part d’hommes circulant en moto dans une rue déserte de Fort-de-France. Les deux territoires restent sous couvre-feu.

Pour sortir de cette crise née du refus de la vaccination contre le Covid obligatoire pour les personnels soignants et les pompiers, le gouvernement a annoncé vendredi reporter l’application de cette mesure au 31 décembre. Il a aussi proposé la levée de la suspension des personnels non vaccinés et de leur rémunération pour ceux qui acceptent un « accompagnement personnel » en vue notamment d’un reclassement.

Samedi matin, à Pointe-à-Pitre, 2 000 à 3 000 personnes ont manifesté depuis le Centre hospitalier universitaire pour demander une nouvelle fois la levée totale de l’obligation vaccinale pour les soignants et pompiers. Un navire militaire était par ailleurs positionné au large des côtes de la Guadeloupe pour du transport de matériel « et à tout petit volume du transport de personnes », selon une source au sein de la gendarmerie, expliquant que certains militaires « bloqués par les barrages » ont ainsi pu être acheminés vers Basse-Terre.

M. Lecornu a aussi annoncé vendredi la création de « 1 000 emplois aidés pour les jeunes » en Guadeloupe, où 34,5 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté national.

Le Monde avec AFP

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