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"Approche punitive" : la Défenseure des droits épingle le maintien de l'ordre en France
Charge policière place de la République, lors d'une manifestation, le 5 décembre 2019 à Paris.
AFP

"Approche punitive" : la Défenseure des droits épingle le maintien de l'ordre en France

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Dans une étude publiée ce lundi 29 novembre, la Défenseure des droits passe au crible les défis rencontrés par les forces de l'ordre en France, interrogeant leur « vision confrontationnelle » et érigeant la tactique belge en modèle.

Claire Hédon, la Défenseure des droits, publie ce 29 novembre une étude, intitulée « Désescalade de la violence et gestion des foules protestataires. Quelle(s) articulation(s) en France et en Europe aujourd'hui ? », fruit d'analyses menées par cette institution indépendante et d'entretiens avec des policiers et gendarmes entre décembre 2018 et juin 2021. Cette étude paraît alors qu'est attendu un nouveau Schéma national de maintien de l'ordre (SNMO) annoncé mi-septembre par Emmanuel Macron et censé, entre autres, consacrer la place et le rôle des journalistes lors des manifestations.

L'étude souligne combien la question du maintien de l'ordre est devenue épineuse depuis 2016 et les manifestations contre la loi Travail, et surtout depuis le mouvement des « gilets jaunes » entre 2018 et 2019, émaillé de violences et de blessures dues à l'utilisation de lanceurs de balle de défense (LBD) par les forces de l'ordre.

Crispation et ligne flou

Le rapport de la Défenseure des droits note que les forces de l'ordre en France semblent « fortement marquées par un prisme confrontationnel » et enclines à appliquer la loi avec une « approche principalement punitive ». Elle se fait l'écho du « stress développé » par les forces de l'ordre avec « l'hyper-médiatisation contemporaine » qui « entretient la mobilisation collective » et incite « le politique à se mêler de la conduite des opérations » ce qui réduit, selon l'institution, le temps de la réponse policière.

Une « crispation » née de « la diffusion massive des smartphones » qui tend à brouiller les distinctions entre badauds, journalistes et médias militants, autant « d'observateurs tiers » au milieu des manifestants qui constituent, selon la police, « un problème nuisible » pour ses manœuvres.

Le modèle belge

Au sujet du SNMO du ministère de l'Intérieur, la Défenseure des droits pointe une « dichotomie » entre la gestion des « manifestations pacifiques » et celle « très réactive voire brutale » des « désordres » qui contraste avec les pratiques de pays voisins. Selon elle, l'approche belge du maintien de l'ordre, « entièrement fondée sur le principe de la désescalade », fait figure de modèle à l'échelle européenne. Cette approche s'articule autour des notions de dialogue et de concertation.

Le nouveau SNMO devait être présenté avant le mois de novembre. Mais le 10 juin dernier, le Conseil d'État a infligé un désaveu au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en annulant plusieurs dispositions de son SNMO, présenté en septembre 2020. Parmi celles-ci, la technique de « la nasse », qui consiste à encercler les manifestants et les retenir dans un périmètre donné et l'obligation faite aux journalistes de quitter les lieux lors de la dispersion des manifestations.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne